L'édito

Édito : 60 ans à vos côtés

Depuis sa création en 1960, Châtelaine n’a pas dévié de sa mission première : mettre de l’avant le combat des femmes pour l’égalité et rendre hommage à celles qui marquent leur époque.

Je me souviens de ma fébrilité joyeuse, comme si c’était hier ou le jour d’avant. Chaque soir, sur le chemin du retour à la maison, je ne touchais pas terre en traversant la gare Centrale pour aller prendre le métro. Toujours le même rituel : je me pinçais. Littéralement. Je savourais la chance de travailler dans ce magazine mythique qui accompagne les femmes d’ici dans la conquête de leurs droits depuis tant de décennies.

Plus de 10 années ont passé et je me sens toujours aussi privilégiée d’y œuvrer en compagnie de femmes et d’hommes brillants, allumés et dévoués. L’effervescence d’hier –nous étions près d’une vingtaine à y bosser à temps plein jusqu’à la fin 2016 ! – a fait place à un tourbillon incessant pour la petite gang qui tient à bout de bras ce magazine légendaire. Mais la fierté et la ferveur y sont restées intactes.

Ce qui unit toutes les équipes qui se sont relayées depuis 1960 ? La volonté inébranlable de mettre en avant nos combats pour l’égalité. Nos prédécesseures n’ont pas hésité à traiter de sujets controversés comme la contraception, l’avortement, le divorce, l’équité salariale…

Et nous poursuivons sur cette lancée, même si les enjeux féminins sont mieux couverts par les médias généralistes qu’ils ne l’étaient il y a 40, 50 ou 60 ans. Au cours des derniers mois, nous avons publié des reportages sur le droit de la famille, sur les mères porteuses et sur les violences obstétricales…

Dans chaque numéro, nous cherchons à mettre en lumière les angles morts de notre réalité collective. Nous ne négligeons pas non plus ces sujets utiles qui égaient et allègent notre quotidien: la mode, la culture, la santé, la cuisine, les astuces de notre section Vie pratique… Parce que ce sont encore les femmes qui planifient la plupart des repas, se chargent d’une bonne partie des tâches ménagères, gèrent les activités des enfants et prennent les rendez-vous médicaux.

D’ailleurs, selon notre grand sondage SOM-Châtelaine, 55% des femmes assument plus de la moitié des tâches domestiques et familiales. Et c’est pire quand la maisonnée compte plus de cinq personnes : plus des deux tiers disent alors en faire plus que leur partenaire. Personne n’en sera étonné. Mais voilà que les trois quarts des principales intéressées ne s’en formalisent même pas !

Et dire qu’on se sent souvent «à boutte». Les Québécoises ressentent une pression indue : environ la moitié d’entre elles évaluent leur niveau de stress à 7 sur une échelle de 10, selon ce même sondage. C’est énorme. Il reste donc encore quelques batailles à livrer, mesdames. Bref, aussi longtemps que les femmes porteront la charge mentale du couple ou de la famille, qu’elles subiront de la violence sexuelle, qu’elles n’auront pas atteint l’égalité pleine et entière avec les hommes, Châtelaine aura un rôle à jouer. On s’en reparle lors de notre 75e anniversaire, d’accord ?

Johanne Lauzon, rédactrice en chef

 

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