Santé

4 questions sur la santé du coeur

Principales causes de mortalité chez les Canadiennes, les maladies du cœur et les AVC font plus de dommages que tous les types de cancers réunis. Entrevue avec Dre Christine Laberge.

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Pourquoi les femmes sont-elles plus susceptibles que les hommes de mourir d’une crise cardiaque?
Tout simplement parce que les signes précurseurs qu’elles présentent peuvent être associés à d’autres maladies, et donc, qu’ils ne sont pas détectés. Contrairement aux hommes, pour qui les symptômes précédant l’arrivée de troubles cardiaques sont plus classiques (douleurs derrière la poitrine, sensation d’avoir le pied d’un éléphant sur la poitrine…), les femmes ont plutôt des symptômes atypiques. Par exemple, dans le cas de l’angine (appel à l’aide du cœur qui n’arrive pas à fournir l’effort qu’on lui demande parce qu’il manque d’oxygène), les femmes vont entre autres ressentir des douleurs au dos, aux bras ou à la mâchoire pouvant être associées à d’autres maladies. Elles peuvent aussi ressentir des douleurs thoraciques, mais souvent, elles vont les attribuer à un sentiment d’angoisse, alors que ce n’est pas le cas. Ce genre d’émotion ne se manifeste pas à l’effort!

Les femmes ont aussi tendance à minimiser leurs symptômes et craignent souvent d’être ridiculisées par les médecins.

Comment savoir si les symptômes ressentis peuvent être liés à une maladie du cœur ou à un AVC?
Si, justement, les signes ne se manifestent qu’à certains moments, lors d’un effort, il faut leur prêter attention. Quand les symptômes se reproduisent dans les mêmes circonstances ou que, par exemple, des douleurs au dos n’apparaissent que pendant des efforts cardiovasculaires, c’est un signal d’alarme.

Prenons le cas d’une femme qui monte un escalier et qui, essoufflée, fait une pause pendant la montée, avant de poursuivre sa progression, en ralentissant le rythme. La fatigue ressentie pourrait bien être un signe d’angine instable. Toutefois, elle sera probablement interprétée par la personne comme un signe de fatigue temporaire. La dame va donc continuer de monter les marches menant à son appartement, mais au fil du temps, elle va devoir s’adapter, en allant toujours plus lentement et en transportant de moins en moins de sacs à la fois. En d’autres mots, les artères qui alimentent le muscle cardiaque vont continuer de rétrécir, ce qui aura pour effet de réduire l’apport de sang, et donc, d’oxygène, causant la crise d’angine. Si les artères finissent par se bloquer complètement, il en résultera une crise cardiaque, puisque le manque d’oxygène entraînera la mort du tissu cardiaque.

Appel du cœur! 

Signes d’angine si :

  • On ressent des douleurs à la mâchoire, au cou, aux bras ou au thorax, et que l’on se retrouve fatiguée, essoufflée et en sueurs lors d’un effort physique et que :
  • Ces symptômes se reproduisent à l’effort.
  • Ces symptômes sont progressifs et de plus en plus difficiles à tolérer pour un effort équivalent.
  • Ces symptômes sont soulagés en quelques minutes par le repos (consultation rapide).

Signes d’AVC (par caillot ou par hémorragie) si :

  • On souffre de maux de tête soudains et pulsatifs, qui augmentent à l’effort, qui nous réveillent pendant la nuit et qui s’accompagnent de nausées, alors qu’on n’a jamais eu de telles douleurs crâniennes avant l’âge de 50 ans.
  • Les douleurs se répètent au même effort (que ce soit au moment d’aller à la selle ou en montant des marches).
  • On subit une perte unilatérale de sensibilité et de force dans un membre ou dans la région du visage.
  • On perd conscience sans avoir eu de signes avant la chute (consultation rapide). Dans une telle situation, on fait un test : on essaie de sourire, puis de dire notre nom, et enfin, de maintenir les bras élevés devant nous. Si la bouche est croche, que l’on n’arrive pas à prononcer correctement et que les membres s’abaissent précocement, on doit absolument consulter, même dans le cas où tout rentre dans l’ordre rapidement. Il pourrait s’agir d’un AVC par caillot ou thrombotique, et on n’a alors que quatre heures pour faire débloquer l’artère.

Comment diminuer les risques d’être victime d’une maladie cardiaque ou d’un AVC?
D’abord, il est très important de connaître l’historique médical familial afin d’identifier les antécédents de malformation congénitale. Par exemple, si un oncle, athlète de natation, est mort noyé à 22 ans, ou qu’une tante est morte subitement à l’âge de 13 ans, il pourrait s’agir d’arythmies génétiques. Ensuite, il faut entretenir sa forme physique et maintenir une bonne hygiène de vie : deux habitudes qui vont exercer un pouvoir anti-inflammatoire, baisser la tension artérielle, réduire les triglycérides et le mauvais cholestérol (LDL), puis augmenter le « bon » cholestérol (HDL) protecteur. On s’assure donc de ne pas fumer, de garder un poids santé, de consommer moins de viande rouge et de sel, mais plus de poisson et de légumes, d’avoir un sommeil de qualité et en quantité suffisante, et d’adopter un rythme de vie sain, où le niveau de stress est raisonnable.

 

Pourquoi la pratique de l’activité physique joue-t-elle un rôle si important dans la prévention?
Parce qu’en plus de contribuer à maintenir un poids santé et à réduire le stress, elle favorise le développement d’un réseau d’artérioles collatérales qui, lors de l’infarctus, pourront contourner le blocage et assurer une partie de l’irrigation périphérique de l’oxygène au site de affecté, tout en en diminuant la surface. On aura donc un plan B en cas de crise de cœur, et nos chances de survie seront meilleures.

C’est particulièrement important pour les cœurs vieillissants ou ayant déjà subi une attaque, car ils se contractent avec difficulté, en raison de leurs valves mal alignées, qui ne se ferment pas hermétiquement. Ce problème peut causer de l’insuffisance cardiaque, un véritable « cancer » pour le cœur. Dans de telles circonstances, des gestes anodins ou des actions banales peuvent devenir dangereux. Le simple fait de devoir freiner subitement en voiture, par exemple, peut occasionner un stress assez important pour déstabiliser le cœur et le faire travailler plus fort. Si les vaisseaux principaux ne sont pas en mesure de fournir l’apport nécessaire de sang servant à le nourrir en oxygène et qu’il n’y a pas de vaisseaux secondaires pour compenser, le cœur risque de flancher.

À savoir!

Les mesures d’hygiène de vie à suivre pour diminuer les risques d’être victime d’une maladie cardiovasculaire sont les mêmes que pour réduire les risques de souffrir d’un cancer.

 

Pour en savoir plus, visitez le site de la Fondation des maladies du coeur du Canada et consultez le dernier numéro du Médecin du Québec, qui porte sur le traitement des maladies vasculaires.

 

 

 

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