Santé

Maladies du coeur : 3 questions à la Dre Christiane Laberge

Pourquoi les femmes en meurent plus que les hommes?

Photo: Julie Artacho

Photo: Julie Artacho

Hier, elle s’indignait de la présence de souris à l’Hôpital général de Montréal. Aujourd’hui, elle fait l’historique de la pilule contraceptive… Du lundi au vendredi, la Dre Christiane Laberge échange avec l’animateur Paul Arcand à l’émission de radio Puisqu’il faut se lever (98,5 FM). Cinq minutes toujours pertinentes. Une fois par semaine, on la voit aussi parler santé à Salut Bonjour ! (TVA). La plus médiatique des médecins du Québec continue de recevoir ses patients et d’embrasser les causes auxquelles elle croit, dont celle de la prévention des troubles cardiovasculaires à titre de porte-parole de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.

Comment expliquer que les femmes négligent leur propre santé ? Elles ont peur de déranger – c’est dans leurs chromosomes ! Elles craignent que les médecins leur trouvent une cochonnerie. Et, au fond, elles se demandent : « Qui va prendre soin de moi ? »

Elles sont plus susceptibles de mourir d’une crise cardiaque que les hommes. Pourquoi ? Les femmes noient le poisson. Elles ne sont pas plus atteintes de maladies cardiaques que les hommes mais, incident pour incident, elles y succombent davantage. Une dame va arriver à mon bureau en me confiant qu’elle a du mal à digérer ou qu’elle est épuisée. « Ah oui ? Comment ça tu es fatiguée ? Depuis quand ? Comment ? Dans quelles occasions ? » Si je ne pose pas de questions, elle ne me dira pas que c’est quand elle monte 12 marches. Mes patientes ont tendance à expliquer leurs symptômes avant que je le leur demande et elles m’envoient souvent sur de fausses pistes : « Je suis fatiguée, mais tu sais, c’est tellement occupé au bureau, et les enfants sont tannants… »

Les symptômes de troubles cardiovasculaires sont-il vraiment différents selon le sexe ? Un peu, oui. Les femmes n’ont pas toujours mal au thorax. Elles peuvent avoir une douleur dans le dos, mais le classique, c’est une douleur à l’effort. Les symptômes ? Ça peut être le bras gauche, le bras droit, le cou comme si je t’étranglais, le thorax ou le dos comme si je pesais dessus ou que je voulais l’ouvrir avec un poignard. Alors, si tu as un de ces symptômes-là ou juste une grande fatigue et que tu t’arrêtes, tu te lèves pour aller te chercher un verre d’eau et que ta douleur augmente, ça, ça sent le risque cardiaque. Si, par contre, tu te calmes et que tout revient à la normale, ça va…

Alors, quand tu as un symptôme qui augmente à l’effort, c’est très suspect. Donc, il faut que tu consultes. Mais si tu dis [aux professionnels de la santé] que tu es bien énervée, tu vas les lancer sur une mauvaise piste. C’est pourquoi les femmes vont se faire prescrire plus de pilules pour les nerfs et de médicaments pour le reflux œsophagien, et que leur angine du cœur passera inaperçue. Et qu’elles en meurent plus que les hommes.

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