Santé

Cancers féminins : l’avenir est plus rose

Ils nous font peur. Mais pour mieux les combattre, il faut les connaître.



 

Le cancer du sein : il y a du progrès
Nous y survivons plus que jamais.
Voici pourquoi.
Il y a 15 ans, 75 % des femmes atteintes d’un cancer du sein survivaient 5 ans. Aujourd’hui, ce taux est de 90 %. « C’est de moins en moins une maladie mortelle », dit Alain Nepveu, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Alors on commence à se soucier des séquelles provoquées par des traitements comme la chimiothérapie. Car il y en a : problèmes cardiaques, troubles cognitifs… Le chercheur et son équipe ont découvert une signature génétique qui permet de déterminer de manière plus précise quelles femmes seront plus susceptibles de subir une récidive du cancer du sein. « Près de la moitié des patientes ont peu de risques de rechute, ajoute-t-il. Pour elles, une fois la tumeur retirée, aucun autre traitement ne sera nécessaire. Bientôt, un test, nous l’espérons, permettra de leur épargner des traitements pénibles et inutiles. »

Oui, la mammo sauve des vies
Le recours à la mammographie pour le dépistage du cancer ne faisait plus l’unanimité chez les experts depuis quelques années. Parce qu’il ne permettrait pas d’abaisser les taux de mortalité. Dans son livre Malades d’inquiétude? (Presses de l’Université Laval), Nortin M. Hadler, parle même de « surdépistage » qui engendre stress et opérations inutiles. Mais voilà qu’une étude récente menée pendant 29 ans auprès de 130 000 femmes le confirme : le dépistage par mammographie – comme le programme québécois qui s’adresse aux femmes de 50 à 69 ans – réduirait bel et bien de 30 % la mortalité liée au cancer du sein. Par ailleurs, une autre crainte vient des femmes elles-mêmes. Beaucoup ont peur que les rayons X n’endommagent l’ADN de leurs cellules et favorisent ainsi l’apparition d’un cancer. Pourtant, plusieurs études internationales, dont l’une réalisée à Toronto en 2006, réfutent cette hypothèse. « Nous sommes bombardés de radiations à tous les jours, dit la Dre Diane Villeneuve, de la Direction de santé publique de Montréal. Juste le fait de vivre sur Terre une semaine nous expose à autant de radiations qu’une mammographie. »

L’environnement en cause?
La pollution jouerait-elle un rôle dans l’apparition de la maladie? En comparant diverses données, des chercheurs montréalais ont constaté que l’incidence de ce cancer est deux fois supérieure dans les zones où la pollution automobile est élevée. « Cela ne veut pas dire que le dioxyde d’azote relâché par les voitures cause directement le cancer du sein, explique France Labrèche, du département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal. Mais les polluants favorisent peut-être son apparition de façon indirecte, en affaiblissant le système immunitaire. »

Autre découverte : tout le corps semble participer à la progression du mal, selon la Dre Morag Park, directrice scientifique de l’Institut du cancer des Instituts de recherche en santé du Canada. « Un cancer ne peut se développer que si les cellules voisines ne jouent pas correctement leur rôle, indique-t-elle. Ces cellules normales collaborent en quelque sorte avec la tumeur en lui laissant le champ libre. » C’est ce qui explique peut-être pourquoi on parle de plus en plus de « terrain favorable » à l’éclosion du cancer, terrain qui serait influencé par nos habitudes de vie…

Quelques statistiques
– Au Canada, 1 femme sur 9 en sera atteinte et 1 femme sur 29 y succombera.
– Le taux de mortalité a reculé de 25 % depuis 1986.
– Le taux de survie après 5 ans est de 90 %.



 

Le cancer de l’ovaire : silencieux, pas muet
La vigilance
est de mise…
Les symptômes du cancer de l’ovaire – assez discrets – se perçoivent souvent trop tard. « Plus de 90 % des tumeurs ovariennes se développent à partir de cellules qui se répandent rapidement dans l’abdomen », explique la Dre Diane Provencher, gynécologue oncologue au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

Aux stades précoces, une échographie ne révélera pas grand-chose, même si le cancer est disséminé. « Le test sanguin CA 125 nous permet parfois de le dépister plus tôt, ajoute la spécialiste. Mais il est imparfait. Nous sommes à la recherche d’autres marqueurs sanguins pour pouvoir détecter la maladie plus tôt. »

Il est possible d’être à l’écoute des signes envoyés par le corps. « Même s’ils sont subtils, on peut reconnaître les symptômes du cancer de l’ovaire », dit la Dre Lucy Gilbert, chef de la division de gynécologie oncologique de l’Université McGill. Elle dirige le projet Dove, qui veut aider les patientes et leur médecin à mieux les identifier. En voici quelques-uns :

  • Un estomac rempli après quelques bouchées;
  • Maux de cœur, vomissements, gaz;
  • Diarrhée, constipation, sentiment que l’intestin est constamment plein;
  • Envie d’uriner sans y arriver, impression que la vessie est toujours pleine;
  • Ballonnements, gonflements;
  • Écoulement ou saignement vaginal, douleur pendant les relations sexuelles;
  • Perte de poids inexpliquée;
  • Malaise ou douleur dans l’abdomen, le bassin ou la partie inférieure du dos.

Si ces symptômes durent plus de deux semaines, il faut voir un médecin rapidement. Les femmes de plus de 50 ans de la région de Montréal peuvent communiquer avec le projet Dove au 1 866 716-3267, où l’on sera en mesure d’effectuer un suivi médical. Pour voir la liste complète des symptômes : cusm.ca/royalvic/article/projet-dove.

À noter que les femmes les plus exposées sont celles qui n’ont pas eu d’enfants, ont recours à l’hormonothérapie substitutive et ont déjà eu un cancer. À l’inverse, certains facteurs protègent : les grossesses menées à terme, l’allaitement et l’usage de contraceptifs oraux. Entre 5 % et 10 % des cas seraient liés à une prédisposition héréditaire.

Quelques statistiques
– Une femme sur 65 risque d’être touchée par ce cancer.
– 90 % en guérissent quand il est dépisté au stade I.
– Bonne nouvelle : la grossesse menée à terme est l’un des facteurs de protection du cancer.
– Plus de 70 % des cancers de l’ovaire sont diagnostiqués à un stade avancé (II-III ou IV).
Conséquence : 50 % des femmes atteintes rechutent dans les deux ans qui suivent le diagnostic et 80 % succombent après 5 ans.


 

Cancer du col de l’utérus : on est bien armées!
On a de la chance : des outils de prévention limitent les dégâts.
Dans 99 % des cas, le cancer du col de l’utérus est causé par le virus du papillome humain (VPH). On estime que les deux tiers des femmes actives sexuellement entrent en contact avec ce virus. Heureusement, seulement 1 % à 2 % des femmes contaminées contractent la maladie. D’autres facteurs contribueraient à son apparition, comme le tabagisme, l’affaiblissement du système immunitaire ou le fait d’avoir été sexuellement active à un très jeune âge, avant que les cellules du col aient terminé leur développement.

Selon Santé Canada, près de 90 % des cas peuvent être prévenus en subissant régulièrement le test de Pap, car il est suffisamment précis pour détecter les cellules anormales à un stade précoce. Comme elles se développent lentement, on peut les détruire avant qu’elles se transforment en cancer.

Le vaccin est-il sûr?
Autre arme dans l’arsenal contre ce cancer : le vaccin contre le VPH, qui protégerait contre 70 % des cancers du col de l’utérus. La plupart des pays occidentaux l’ont déjà approuvé. Au Québec, depuis 2008, les fillettes de neuf ans et plus peuvent être vaccinées gratuitement  – avec le consentement des parents.

Une certaine controverse entoure les vaccins Cervarix et Gardasil, approuvés au pays. Il y a trois ans, le New England Journal of Medicine, l’une des plus importantes publications médicales du monde, a remis en cause leur utilité et leur sécurité. Le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes a aussi émis des doutes quant à la pertinence d’une campagne de vaccination, car dans la majorité des cas, l’infection au VPH se résorberait d’elle-même au bout de deux ans.

La Dre Marie-Hélène Mayrand, du CHUM, défend un autre point de vue. « On étudie le vaccin depuis une dizaine d’années, dit-elle. Le Canada a entrepris son programme de vaccination après plusieurs pays, ce qui a donné aux responsables de la santé publique le temps de voir quels en étaient les effets. » Au Québec, les parents ont fait leur choix : 9 sur 10 ont choisi de faire vacciner leur enfant.

On croyait que le vaccin n’était efficace que chez les jeunes, mais Santé Canada vient d’en approuver l’utilisation pour les femmes âgées de 26 à 45 ans. Après le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus est d’ailleurs celui que l’on observe le plus souvent chez les 20 à 44 ans, selon des statistiques canadiennes. À noter que même si on a reçu le vaccin, on doit continuer à subir régulièrement le test de Pap.

Quelques statistiques
– 1 % à 2 % des femmes contaminées par le VPH développent le cancer du col de l’utérus.
– 1 femme sur 150 sera touchée au cours de sa vie et une sur 423 en mourra.
– Au Canada, depuis l’utilisation du test de Pap, en 1941, le taux de cancer du col de l’utérus a diminué de 90 %.

 Le cancer de l’endomètre
Le cancer peut aussi se former dans les cellules qui tapissent l’intérieur de l’utérus et forment une membrane appelée endomètre. Quand il est détecté de façon précoce, le taux de survie est de 95 %. Les facteurs de risque sont l’obésité, une alimentation riche en gras et un surplus d’œstrogènes. L’hérédité pourrait aussi jouer un rôle.


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