Santé

Après le test de pap

On s’y soumet tous les ans au moment de son examen médical : le test de Pap. On n’en a jamais de nouvelles. Jusqu’au jour où il révèle des cellules anormales.


 

Toutes les femmes détestent ça : le spéculum qui les pénètre, glacial. Mais elles n’ont pas le choix. Le test de Pap, ou frottis cervical, fait partie des examens de routine essentiels à leur santé. Car cet outil de dépistage du cancer du col de l’utérus permet de déceler les cellules précancéreuses et cancéreuses.

À l’aide du spéculum, le médecin écarte les parois du vagin pour examiner le col de l’utérus. Au moyen d’un coton-tige ou d’une petite brosse, il y prélève des cellules qu’il fixe ensuite sur une lame de verre. Rien de plus banal – même si c’est désagréable.

Pendant des années, on passe le test sans en avoir d’échos. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Puis, un jour, le téléphone sonne : « Madame, votre test a détecté des cellules anormales. » À tout coup, c’est l’angoisse. Une Canadienne sur neuf, parmi celles qui passent ce test, obtient un résultat semblable. Mais avant de paniquer, il faut savoir que sur 232 femmes dont le test signale des anomalies, une seule sera atteinte du cancer.

Mais alors, pourquoi un aussi grand nombre de résultats anormaux ? Francine Léger, médecin de famille dont la clientèle est en grande partie féminine, explique que le test de Pap n’est pas parfait. « Les cellules prélevées par le médecin sont déposées sur une plaque de verre sous un microscope. Comme des gouttes d’eau, elles s’étalent en deux dimensions alors qu’elles sont en trois dimensions. Cela crée une distorsion qui leur donne parfois l’apparence de cellules anormales. »

D’autres facteurs peuvent influencer la qualité du frottis cervical : une grossesse, la prise de contraceptifs oraux et même la ménopause. À cause d’une infection vaginale – ou transmise sexuellement –, les cellules recueillies par le médecin peuvent aussi avoir l’air bizarres sans être vraiment suspectes : on parle alors de cellules « atypiques ». La plupart du temps, elles reprennent leur aspect normal en quelques semaines.

Vyta Senikas, gynécologue à la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, a une façon originale d’expliquer ce flou… cellulaire : « Si votre voisin trouve 15 bouteilles de vin en fouillant dans vos poubelles, il sera certainement convaincu que vous êtes alcoolique. Mais il ignore que ces bouteilles ont été bues lors d’une réception et qu’elles n’ont rien à voir avec votre consommation hebdomadaire. »

C’est la même chose pour le test de Pap. « Il indique parfois qu’il s’est passé quelque chose… mais quoi ? La réponse n’est pas toujours évidente, ajoute-t-elle. Ou bien le médecin attend que les cellules se régénèrent et refait passer un test de Pap dans les mois suivants ou bien il prescrit un examen plus poussé pour en avoir le cœur net. »

Pour mieux comprendre les résultats suspects, le gynécologue recourt en général à la colposcopie, un examen qui permet d’observer le col utérin grâce à une loupe munie d’une lampe. C’est comme un examen gynécologique, mais en plus techno. Tout cet attirail permet au médecin de mieux voir l’aspect des tissus. Il en profite souvent pour faire une biopsie. À l’aide d’une petite pince, il recueille un échantillon des tissus du col qui sera ensuite analysé en laboratoire. On saura alors si les cellules atypiques sont inoffensives, précancéreuses ou cancéreuses.

Parfois, le diagnostic tombe : il s’agit bel et bien de cellules précancéreuses. C’est le coup de massue que nous redoutons toutes. Mais attention, des cellules précancéreuses ne sont PAS un cancer. Elles peuvent revenir d’elles-mêmes à la normale ou être éliminées par le système immunitaire. Si on ne les traite pas, elles pourraient – après plusieurs années, car c’est un cancer qui évolue lentement – se transformer en cancer. Et encore une fois, on respire par le nez : pour 10 diagnostics de cellules précancéreuses, on trouve un seul cancer du col.

Les cellules précancéreuses seront supprimées au moyen d’une intervention au laser ou d’une électrochirurgie, deux procédures qui se déroulent dans le bureau du médecin. Ces interventions ne sont pas douloureuses, mais elles provoquent parfois de légères crampes semblables à des douleurs menstruelles. La plupart du temps, cela permet de retirer de petits cancers et, dans la majorité des cas, aucun autre traitement ne sera nécessaire.

Pour faire en sorte que le test de Pap soit plus précis :
• Éviter la douche vaginale ou la crème contraceptive 48 heures avant l’examen ;
• Limiter les activités sexuelles ; pas de pénétration 24 heures avant ;
• Prendre rendez-vous de façon à ce que l’examen ne se déroule pas durant les menstruations.

Les résultats anormaux au test de Pap peuvent aussi être causés par le virus du papillome humain (VPH). Cette MTS peut en effet provoquer des changements cellulaires. Elle est aussi responsable de 99 % des cancers du col de l’utérus. La bonne nouvelle, c’est que seulement 10 % des infections au VPH évoluent en cancer. La plupart du temps, le système immunitaire réussit à se débarrasser du VPH en un an ou deux.

Heureusement d’ailleurs, car ce virus est très contagieux. Au point où 75 % de la population active sexuellement, hommes et femmes, est touchée à un moment de sa vie. Comme la plupart des personnes contaminées n’éprouvent aucun symptôme, elles propagent l’infection sans le savoir.

Une dernière question : peut-on prévenir le cancer du col ? Oui. Car si le VPH joue souvent un rôle dans son apparition, il n’est pas le seul facteur en cause : le tabagisme augmente les risques. En effet, la nicotine et les autres sous-produits de la cigarette s’accumulent dans le mucus cervical des fumeuses. Les probabilités sont en outre plus élevées si, en plus du VPH, on est contaminée par d’autres infections, comme l’herpès ou la chlamydiose. Le fait d’avoir eu de nombreux partenaires sexuels rend aussi plus vulnérable. Le stress peut également nuire, parce qu’il atteint le système immunitaire. Or, un système immunitaire fort permet d’éliminer le VPH et de combattre le cancer.

« Personne n’aime se faire dire que son test de Pap n’est pas normal, conclut la docteure Senikas. Mais ce test reste la meilleure prévention contre le cancer du col. Il détecte des changements dans les cellules bien avant qu’elles ne dégénèrent. »

Depuis son invention, il y a 50 ans, le test de Pap a réduit l’incidence du cancer du col utérin de 80 %. Mais il pourrait bientôt être supplanté par un test plus précis. Des chercheurs de l’Université McGill ont créé un test d’ADN pour détecter le virus du papillome humain. Une étude, publiée dans le New England Journal of Medicine en octobre 2007, a démontré que ce test était 40 % plus performant que celui de Pap pour déceler les lésions précancéreuses. Pour le moment, il ne fait pas partie des programmes de dépistage. On l’utilise encore rarement, et seulement après que le test de Pap a signalé la présence de cellules anormales, pour aider le médecin à établir la meilleure stratégie de traitement. C’est à suivre…

Virus du papillome humain
Il se transmet quand il y a pénétration, touchers intimes ou sexe oral. Le condom ne protège qu’en partie car le VPH peut se loger ailleurs sur le corps. Il peut causer un cancer du col de l’utérus, de l’anus, de la langue ou des cordes vocales.

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