Couple et sexualité

Cinquante nuances de Grey

Le roman érotique qui envahit les chambres à coucher

Le roman érotique qui envahit les chambres à coucher

Soumission, désir, domination : voilà les thèmes abordés dans Fifty Shades of Grey, la trilogie érotique d’E L James, qui fait sensation depuis l’année passée, avec plus de 30 millions d’exemplaires vendus partout dans le monde. Et le phénomène littéraire n’est pas prêt de s’essouffler avec la sortie de la traduction en français, prévue pour le 17 octobre sous le nom Cinquante nuances de Grey, ainsi qu’une future adaptation cinématographique, qui fait déjà couler beaucoup d’encre… Comment un ouvrage de littérature érotique a-t-il transcendé le genre jusqu’à devenir un best-seller dont on débat à la machine à café? Et, surtout, qu’y trouvent ces femmes qui se l’arrachent avant de l’offrir à leurs amies ou leur mère? La sexologue Sophie Brousseau propose quelques réponses.

«  Les femmes en général aiment beaucoup se faire des scénarios, précise la sexologue. Chez nous, le désir passe principalement par l’imagination, donc plus les scènes érotiques sont détaillées, plus nous nous impliquerons dans l’histoire. »

Plus qu’un passe-temps agréable, la littérature érotique peut même être thérapeutique dans certains cas. « C’est effectivement un excellent outil, particulièrement en cas de pannes de désir ou bien pour des gens qui ne connaissent pas l’objet de leurs fantasmes. On peut éventuellement la lire à deux, mais généralement, les femmes le font seules. Ça demeure tabou. C’est encore gênant d’acheter de la littérature érotique à la librairie. »

C’est là un des grands accomplissements de Fifty Shades of Grey. Dans un premier temps, le succès de la trilogie a fait exploser le marché des tablettes électroniques, qui permettent de lire en toute discrétion. En effet, l’ouvrage a été le premier titre à atteindre le million de ventes sur Kindle. Le phénomène a pris une telle ampleur que le tabou est tombé. Les femmes sont nombreuses à avouer ouvertement qu’elles le lisent. À tel point qu’il n’est pas rare d’apprendre, au long de nos fils d’actualité Twitter, Facebook ou Instagram, que nos connaissances en font la lecture. Simple conséquence de l’effet de mode? Selon Sophie Brousseau, ce n’est pas la seule explication : « Le fait qu’on en entende parler, entre autres par les médias sociaux, éveille notre intérêt. Mais, surtout, le sujet du sadomasochisme, au centre du récit, nous est suffisamment étranger pour susciter des discussions et provoquer aussi une forte curiosité : on veut savoir ce qu’ils font dans la chambre à coucher. »

Les femmes qui se passionnent pour la relation de domination entre Ana Steele et Christian Grey, les deux protagonistes de ce best-seller, auraient-elles des penchants SM? Pas si simple, selon la spécialiste. « On ne veut pas nécessairement réaliser ce fantasme-là, mais plutôt l’émotion qui s’y rattache. En étant soumise, on cherche surtout à se sentir désirée et à recevoir toute l’attention de l’autre. » Rien de nouveau sous le soleil.

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