Nutrition

Pas de viande lundi !

Renoncer à la viande une fois par semaine, ce n’est pas si compliqué. Et cela permet d’améliorer son bilan de santé et celui de l’environnement.


 

Une journée par semaine, délaisser la viande et les produits animaux pour garnir son assiette de légumineuses, de tofu ou de noix, pourquoi pas ? C’est l’initiative que propose le mouvement Lundi sans viande. Né aux États-Unis, il compte de plus en plus d’adeptes sur la planète : en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Australie, au Brésil, aux Pays-Bas et ici, au Québec. Le but de l’exercice, c’est d’améliorer notre santé et celle de l’environnement. Il y a un rapport entre les deux ? Eh oui !

C’est connu, on mange trop de viande – bœuf, veau, porc, agneau, poulet – dans les pays industrialisés. En fait, chaque personne en ingurgite de 80 à 130 kilos par année ! Alors que selon le Guide alimentaire canadien une personne qui ne ferait appel à aucun substitut (œufs, poissons, légumineuses) pour combler ses besoins en protéines, n’aurait besoin (au maximum !) que de 82 kilos par année…

Mais les réflexes ont la vie dure, surtout à 18 h quand une famille affamée nous tourne autour. On pense davantage au bœuf haché qu’aux haricots rouges. Les légumineuses, le soya, les grains, ça semble compliqué à cuisiner… « La plupart des recettes se basent sur une pièce de viande, note la nutritionniste Anne-Marie Roy, une des instigatrices de Lundi sans viande au Québec. Regardez les émissions de cuisine à la télé. »

Sans oublier la nouvelle cuisine « virile » où le chef, en chemise à carreaux, dépèce et embroche un animal à l’heure du souper. Il y a du sang, des viscères, du poil et de la testostérone. Ce type d’émission, qui s’adresse d’abord aux hommes, n’incite décidément pas beaucoup à minimiser sa consommation de viande !

D’ailleurs, la réaction de l’homme de ma vie est éloquente lorsque je lui fais part de mon intention de suivre ce mouvement : « Des légumineuses ? dit-il, méfiant. Pas très appétissant… »

Chez nous, c’est moi qui me charge de la cuisine de tous les jours. Et comme la plupart des hommes, mon conjoint est le commandant du barbecue, autel des carnivores. C’est aussi lui le chef lorsque nous faisons de grands soupers, justement parce que la pièce de résistance est une bête quelconque, sauvage de préférence.

Or, avec un gars déprimé les soirs de légumineuses, il s’avère difficile de con­vaincre les enfants qu’un chili sans viande est aussi excitant qu’un pâté chinois.

Autre objection, fondamentale celle-là : si on mange moins de viande, allons-nous manquer de protéines ? Aucun danger. « Notre alimentation en contient déjà trop », répond la nutritionniste. Une tasse de légumineuses cuites renferme autant de protéines que 60 g de viande (environ 6 cm2 sur 1 cm d’épaisseur).

Par contre, en se nourrissant de viande sept jours sur sept, on consomme trop de gras saturés. Avec les conséquences que l’on sait : obésité, diabète, maladies cardiaques, cancer… Selon l’Association américaine de diététique, les végétariens souffrent moins d’obésité, de cancer, d’hypertension et de diabète de type 2. Ils courent aussi 24 % moins de risque d’être atteints de maladies cardiovasculaires.

Si la perspective d’une meilleure santé ne suffit pas à changer ses habitudes, la volonté d’améliorer le sort de la planète y arrivera peut-être. Savez-vous qu’il faut cinq fois plus de céréales pour nourrir le bétail – qui servira à alimenter les con­sommateurs de viande – que pour nourrir directement un être humain ? Et on a besoin de 1 000 fois plus d’eau potable pour élever du bétail que pour cultiver du blé.

« La viande est associée à la prospérité, explique Anne-Marie Roy. Plus un pays s’enrichit, plus il en consomme. Des États comme l’Inde et la Chine, dont l’alimentation reposait surtout sur les céréales et les légumes, sont en train de s’industrialiser. Leur population veut maintenant manger comme les Nord-Américains. Pour y arriver, la production de viande devra doubler. »

Actuellement, 18 % des gaz à effet de serre dans le monde proviennent de l’élevage du bétail. On n’ose imaginer la proportion atteinte si la production devait augmenter… À l’opposé de cette triste éventualité, ne pas manger de viande une seule journée par semaine aurait plus d’effets bénéfiques sur l’environnement que de limiter l’utilisation de la voiture, d’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies.

« Il ne s’agit pas de se priver, mais plutôt d’ajouter de nouveaux aliments à son menu, insiste Anne-Marie Roy. Les gens pensent que la viande renferme des protéines de meilleure qualité. C’est un mythe. Haricots, lentilles, noix et graines en offrent autant, sans gras saturés. Et ils sont riches en fibres et en antioxydants tout en fournissant moins de calories ! »

Il n’y a finalement pas eu de mutinerie chez nous le lundi soir. Après quelques essais infructueux, j’ai appris à composer de belles salades aux trois légumineuses. Je mélange les couleurs – des rouges, des noires, des vertes, des blanches avec un œil noir, des orangées… Je garnis le tout de légumes hachés fin – tellement fin qu’on ne les voit pas – et tout le monde aime ça. Il y a des lundis où je ne suis pas inspirée et où nous revenons au steak ou au poulet. Après tout, il ne faut pas en faire une maladie. Mais, à notre rythme, nous changeons nos habitudes…

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