Ce que vous décrivez semble être un mélasma, un dérèglement bénin et courant des cellules mélanocytaires (responsables de la pigmentation) du visage. Les avant-bras sont aussi régulièrement touchés. Contrairement aux taches brunes (sur le dos des mains, notamment) au contour délimité, appelées lentigos solaires ou taches de sagesse, le mélasma n’est pas dû à des expositions abusives au soleil. Il s’agit plutôt d’une hypersensibilité au soleil apparaissant généralement dans la trentaine, souvent à la suite de grossesses, pendant ou après la prise de contraceptifs oraux (même à faible dose). On la rencontre fréquemment chez la femme enceinte (on lui donne alors le nom de « masque de grossesse » ou chloasma). Les taches associées au mélasma, nombreuses et plutôt diffuses, apparaissent surtout sur le front, les joues, les pommettes et la lèvre supérieure. La moindre exposition au soleil, y compris en voiture, peut les faire ressortir.
Le mélasma ne se traite pas aussi facilement que les lentigos solaires, qui répondent bien aux crèmes éclaircissantes ou à des traitements de type laser tels que l’IPL (Intense Pulsed Light, des pulsations lumineuses qui exercent un effet rajeunissant et réduisent les taches pigmentaires). Les crèmes topiques, les exfoliations ou les traitements médicaux apparentés au laser apportent des résultats satisfaisants, en particulier chez les personnes à la peau claire.
Les traitements en crème et exfoliations
Le traitement classique est la trétinoïne, une crème qu’on applique localement. Il s’agit d’un dérivé de la vitamine A aux vertus photorajeunissantes.
La trétinoïne cause une irritation au début – son efficacité est d’ailleurs proportionnelle à son potentiel irritant –, mais la peau finit par s’habituer. On peut l’utiliser en alternance avec des crèmes à base d’acides de fruits ou acide glycolique (AHA) et de vitamine C (préférez des formules stables de vitamine C, notamment celles de Vivier Pharma, ProDerm, La Roche-Posay, L’Oréal, Vichy).
Vous pouvez aussi demander à votre dermatologue de vous prescrire la formule de Kligman, une préparation magistrale, c’est-à-dire mélangée par le pharmacien, contenant de la vitamine A, de l’hydroquinone, de la vitamine C et de la cortisone pour contrer l’irritation. Seuls quelques pharmaciens offrent ce service, mais votre dermatologue saura où vous diriger.
Vous pourriez aussi recourir aux exfoliations (micropeelings) à l’acide glycolique. Six ou sept séances chez le dermatologue entraînent habituellement une amélioration de 50 % à 70 %.
Lasers et traitements analogues
Divers types de lasers, y compris l’IPL, réussissent en général à réduire considérablement les symptômes du mélasma. De nouveaux traitements sont également prometteurs, en particulier le resurfaçage au plasma Portrait (une technique qui produit une ablation ou semi-ablation de l’épiderme – renseignements en anglais) ou le Fraxel (laser aux milliers de petits faisceaux chargés d’énergie thermique qui favorisent l’élimination des cellules abîmées de l’épiderme ainsi que l’apparition de nouveau collagène dans le derme).
Toutefois, ces traitements coûtent cher (de 1 500 $ à 3 000 $) et la prudence s’impose : si on note une amélioration dans 65 % des cas environ, on ne fait qu’empêcher une aggravation du mélasma chez 25 % des individus ; par ailleurs, de 3 % à 5 % des gens ne répondent pas bien au traitement.
Une protection efficace
Si vous êtes vulnérable au mélasma, il vous faut un écran solaire d’une efficacité exceptionnelle. Je vous recommande Anthelios XL60 de La Roche-Posay, spécialement conçu pour les peaux qui se tachent ou qui ne tolèrent pas le soleil.
Alain Dansereau est dermatologue à la Clinique dermato-esthétique, à Repentigny.