/
1x
PUBLICITÉ
Fièrement québécoise depuis 65 ans. Lisez Châtelaine
Société

10 femmes qui nous inspirent

Elles prennent parti pour les opprimés, créent des oeuvres originales, font évoluer et circuler les connaissances. Voici 10 Québécoises à célébrer.
Par Sara Barrière-Brunet, Caroline Fortin, Louise Gendron, Julie Mathieu, Annabelle Moreau, Marie-Hélène Proulx et Mylène Tremblay

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Dre Joanne Liu

Présidente internationale de Médecins sans frontières, pédiatre urgentologue


Elle nous inspire… parce qu’elle défend avec conviction les populations démunies.


À la tête de MSF depuis 2013, vous avez été reconduite pour un second mandat de trois ans en juin dernier. On vous voit et on vous entend partout. Vous avez même fait bouger les choses durant l’épidémie d’Ebola en Afrique… Tout le monde vous écoute !

Je pense que mon leadership ressort dans les moments difficiles. Les trois dernières années ont été éprouvantes, mais formatrices. Je me sens plus outillée pour livrer mes prochaines batailles. L’épidémie d’Ebola a démontré l’échec du modèle actuel de recherche et développement – aucun vaccin n’a pu éradiquer le virus. J’espère créer un fonds mondial dépourvu d’intérêts économiques, financé par les États. Il en va de la santé publique. La crise des migrants est aussi une priorité. Les gens se déplacent pour échapper aux guerres, aux régimes totalitaires, à la famine. Les femmes sont les plus vulnérables, victimes d’abus et de violence sexuelle.

PUBLICITÉ

Vous êtes prompte à dénoncer sur les réseaux sociaux les horreurs des conflits armés et les besoins urgents en santé. L’organisation même a gagné en visibilité.

Twitter me permet d’exprimer mes opinions sur les sujets qui me tiennent à cœur. On se sert aussi des réseaux sociaux pour faire des campagnes virales et rajeunir notre audience. Les générations X et Y n’ont pas les mêmes façons de communiquer que les baby-boomers, à l’origine de MSF. L’an dernier, j’ai été touchée par la vague de solidarité sur Facebook en soutien à nos collègues éprouvés par le bombardement d’un hôpital en Afghanistan. Des enfants ont publié des selfies avec les mots We are with you. Des centaines de lettres de sympathie ont circulé, de même qu’une pétition réclamant une enquête indépendante, que nous avons déposée à la Maison-Blanche.

Êtes-vous fière du travail accompli ?

La fierté ne me sied pas. Je travaille auprès de gens qui font face à une adversité à laquelle je ne survivrais pas. J’ai des petits moments de satisfaction. Par exemple, en septembre 2014, quand je suis allée parler aux États membres des Nations unies pour mobiliser les secours en Afrique de l’Ouest afin de contrer Ebola. Ou encore, en mai 2016, quand le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution pour protéger les hôpitaux en temps de guerre. La résolution n’est pas parfaite, mais c’est un pas dans la bonne direction.

PUBLICITÉ

Vous avez évoqué dans nos pages la création d’un fonds mondial financé par les États. Comment souhaitez-vous y contribuer ?

Ce fonds servirait à financer la recherche et le développement afin d’éviter que ne se reproduise une situation semblable à celle vécue lors de l’épidémie d’Ebola. Le virus a été découvert en 1976, mais aucun vaccin n’a été mis au point à ce jour pour le prévenir. Il n’existe pas de traitement spécifique ni de diagnostic rapide. Ce fonds permettrait de développer des outils pour enrayer des agents pathogènes oubliés, ignorés parce qu’ils ne représentent pas de marché lucratif ou de menace palpable. Mais le plus important, c’est de s’assurer que les produits développés soient abordables, accessibles et adaptables pour les plus démunis.

MSF est reconnu pour son travail humanitaire sur le terrain et dans le respect des populations (Prix Nobel de la paix, 1999). Quels combats vous accaparent le plus en ce moment ?

S’il y avait un mot pour résumer les défis auxquels fait face aujourd’hui MSF, ce serait : « accès ». Accès aux populations dans le besoin et en contexte de conflits, accès des populations aux soins et à l’assistance, accès des populations aux médicaments et aux technologies. L’organisation concentre ses efforts pour lutter contre les attaques envers les hôpitaux, gérer la crise des migrants et des réfugiés, répondre aux urgences médicales humanitaires et à la résistance antimicrobienne.

PUBLICITÉ

Comment rester dans la neutralité dans les circonstances actuelles, où des hôpitaux sont bombardés, où des enfants meurent de faim dans l'ignorance totale ?

L’organisation se positionne du côté des populations auxquelles elle apporte des secours d’urgence, peu importe les allégeances politiques, religieuses ou identitaires. MSF se doit de rester neutre, impartial et indépendant.

Que voudriez-vous dire aux lectrices de Châtelaine

Que se conscientiser par rapport à une crise, un conflit, c’est le premier pas pour bâtir une solution à un défi qui paraît insurmontable de prime abord. La voix de chaque citoyen compte, car nous sommes les « constituants » d’un gouvernement qui, au bout du compte, représente la voix de ses électeurs. [Mylène Tremblay]

PUBLICITÉ

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Safia Nolin

Auteure-compositrice-interprète


Elle nous inspire… par son authenticité.

La jeune musicienne nous a éblouis avec son premier album, Limoilou. Non, Safia Nolin n’a pas peur de la tristesse, elle assume ses émotions et son « besoin de vrai ». Surtout, elle a décidé d’arrêter de vouloir entrer dans le moule. Le moule, elle l’a cassé !

Dans tes chansons, il est beaucoup question de vérité. C’est une valeur importante pour toi ?

PUBLICITÉ

J’ai fait le choix d’être authentique sur la scène et sur mon album. Être vraie partout : moi en studio, moi en entrevue, moi au parc aquatique. [Rires] J’ai décidé de nager à contre-courant de la société : je ne me rase pas les jambes et les aisselles, je ne me maquille pas non plus. Je suis rendue à un point où je vais à l’opposé des normes. Toute ma personne dérange. Je me sens mieux parce que j’ai décidé que je n’allais pas essayer d’être comme tout le monde.

On parle beaucoup de ta différence dans les médias. Est-ce que tu la revendiques ? Te vois-tu comme un modèle ?

Pas comme un modèle. Je trouve ça l’fun et important qu’il y ait d’autres façons de voir la vie. Je suis sûre qu’il y a plein de monde qui essaie de « fitter » dans le moule. Toute mon adolescence se résume à ça : je ne « fitte » pas ! Et j’espère que ce message en inspirera d’autres. [Sara Barrière-Brunet]

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Anne Émond

Scénariste et réalisatrice

PUBLICITÉ

Elle nous inspire… par ses propositions cinématographiques téméraires.

Malgré un premier long métrage remarqué ici et dans les festivals du monde (le huis clos Nuit #1), et un deuxième à plus grand déploiement, sensible saga familiale autour du suicide (Les êtres chers), Anne Émond demeure relativement inconnue du grand public. Cela risque de changer en janvier, quand son film Nelly prendra l’affiche. Encore une fois, la cinéaste de Saint-Roch-des-Aulnaies a choisi un sujet difficile : la vie de l’écrivaine Nelly Arcan, interprétée par Mylène Mackay. [Caroline Fortin]

À LIRE: Pourquoi cette hésitation à élire une présidente ?

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Brenda Plant

Spécialiste en développement durable et en investissement responsable


Elle nous inspire… par sa remarquable conscience sociale.

PUBLICITÉ

La consultante en investissement responsable a cofondé la plateforme web Ethiquette, dont l’objectif est de guider ceux qui souhaitent faire fructifier leur pécule en choisissant des produits financiers éthiques, respectueux des humains et de l’environnement. Elle a commencé à réfléchir à ce concept après avoir reçu un héritage. Il n’était pas question pour elle d’en jouir au détriment des autres. Comme elle l’a déjà dit en entrevue : « À quoi bon avoir de l’argent si on ne peut pas respirer l’air, boire l’eau ou marcher dans les rues sans craindre d’être attaqué ? » [Marie-Hélène Proulx]

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Christine Renaud

Spécialiste en éducation et fondatrice de e-180.com 


Elle nous inspire… par son esprit d’innovation et sa générosité.

PUBLICITÉ

Cette entrepreneure sociale de Montréal a lancé E-180, une sorte de site de rencontre entre cerveaux. On peut y offrir de partager ses connaissances en génie mécanique, par exemple, ou trouver quelqu’un pour nous initier au ukulélé. Et c’est totalement gratuit. C’est que cette experte en éducation formée à Harvard croit par-dessus tout qu’apprendre, ça ne se fait pas seulement sur les bancs d’école, et « qu’une heure de notre temps peut suffire à changer la vie de quelqu’un ».

À ce jour, le réseau compte 13 660 utilisateurs au Québec, et 12 893 ailleurs dans le monde. Des entreprises aussi prestigieuses qu’Airbnb et Salesforce font appel à la plateforme de rencontre E-180 lorsqu’elles organisent des conférences. [Marie-Hélène Proulx]

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Mariana Mazza

Humoriste


Elle nous inspire… par son franc-parler et son aplomb.

PUBLICITÉ

L’humoriste de 26 ans qui a grandi à Montréal-Nord n’a pas la langue dans sa poche et on l’aime pour ça. Cette fille qui brise les tabous s’est fait connaître au concours télédiffusé En route vers mon premier gala en 2013, puis a enchaîné les projets et les spectacles sans être passée par l’École nationale de l’humour. À Vrak, on l’adooorrre dans Code F. et dans la série Med. Son audacieux monologue Sable dans le vagin lui a valu l’Olivier du meilleur numéro d’humour de 2015, devançant ceux d’André Sauvé et de Louis-José Houde. Avec sa verve habituelle, elle sera sur les routes du Québec tout l’hiver pour présenter son premier one woman show juste à elle, Femme ta gueule. [Annabelle Moreau]

À LIRE: La grande Fanny Mallette

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Victoria Kaspi

Astrophysicienne


Elle nous inspire… parce que les femmes scientifiques ne pleuvent pas et que, par son brillant exemple, elle donnera peut-être à d’autres le goût de suivre ses traces.

Astrophysicienne spécialiste des « étoiles zombies » – eh oui –, directrice de l’Institut spatial de McGill, elle est devenue cette année la première lauréate féminine de la prestigieuse Médaille d’or Gerhard-Herzberg en sciences et en génie du Canada, assortie d’une bourse de un million de dollars. On doit à cette grande fan de Star Trek des réalisations qui ont secoué la communauté scientifique internationale, dont la découverte d’une des rares étoiles magnétiques de la galaxie. Elle a aussi mis au point, avec son équipe, le test le plus rigoureux connu à ce jour pour valider la célèbre théorie de la relativité d’Einstein. Tout ça en élevant trois enfants ! Sa prochaine mission sera de percer le mystère des sursauts radio rapides, ces étranges signaux d’ondes radio qui proviendraient des confins de l’Univers. Un prix Nobel avec ça ? [Marie-Hélène Proulx]

PUBLICITÉ

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Michèle Audette

Militante autochtone et commissaire à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées


Elle nous inspire… parce qu’elle a su canaliser sa colère pour en faire un outil de changement.

Femme, métisse, enfant du divorce, victime de violence, vous avez toutes les raisons d’être en colère. L’êtes-vous ?

On me dit calme et douce. Mais non. Des fois, ça bout en dedans. La colère est un moyen de faire passer un message. Elle est parfois utile, comme le rire, les pleurs, la pensée, le silence. Mon adolescence a été très difficile ; je traînais une lourdeur sans savoir l’identifier. Dans ma vingtaine, j’ai réalisé que c’était de la rage. Contre les institutions, la religion, les lois, le rejet que je vivais comme métisse, tant chez les Québécois que chez les autochtones. Au fil des ans, en tant que militante, j’ai compris ce que les Innus avaient subi, la dépossession du territoire, la perte de la langue. Ma colère était justifiée, mais elle était en train de me détruire. J’ai décidé que je ne voulais pas mourir d’un cancer de rage. J’ai choisi d’ouvrir les poings, de tendre la main à ceux que j’avais toujours considérés comme des ennemis.

PUBLICITÉ

Dompter la rage, on fait ça comment ?

Avec de l’aide psychosociale, avec ma famille, avec des amis. J’ai cessé de nier ma colère. Je lui donne le droit d’exister, mais pas celui de mener ma vie. Je me suis fixé comme mission d’utiliser mon don de parole et d’écoute. Même si je me fais attaquer, je participe à des tribunes téléphoniques dans des régions où on nous hait et où on nous appelle encore « des Indiens ». Cette démarche me sert mieux dans ma vie privée et spirituelle que la colère. 

Votre mandat de commissaire ne sera pas facile...

Je m’en vais dans un monde où il n’y a pas de justice et pas de limites, pas de réponses, beaucoup de souffrance. Pour arriver à faire le boulot, il me faudra prendre soin de moi. Je rentre de quelques jours sur la rivière Moisie avec mon chum. La nature me reconnecte toujours à l’essentiel. J’ai l’intention de retourner vers elle assez souvent au cours des mois qui viennent... [Louise Gendron]

PUBLICITÉ

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Catherine Blanchette-Dallaire

Fondatrice de OnRoule.org 


Elle nous inspire… parce qu’elle traduit en actions son empathie.

Catherine s’est fait un devoir d’améliorer la qualité de vie des personnes à mobilité réduite et ayant des limitations fonctionnelles. Comment ? En créant OnRoule.org. Tout commence en mars 2012. Elle se casse les deux chevilles en faisant du kayak de rivière. Elle se retrouve donc, quatre mois durant, en fauteuil roulant. « J’ai passé ma convalescence dans une résidence pour aînés, faute de pouvoir accéder à un appartement adapté. J’ai bien aimé mon expérience avec des colocataires de 90 ans, mais c’était temporaire. Au Québec, des personnes handicapées de 20 ans vivent cette situation en permanence », dit-elle. Aujourd’hui, Catherine poursuit sa mission : améliorer l’accessibilité grâce à une plateforme web collaborative qui répertorie les commerces et les logements adaptés, les ressources offertes et même les offres d’emploi. [Julie Mathieu]

À LIRE: Je ne suis pas un cancer

10 femmes qui nous inspirent

10 femmes qui nous inspirent

Joëlle Boisvert

Avocate et associée directrice du bureau de Gowling WLG à Montréal

PUBLICITÉ

Elle nous inspire… parce qu’elle veut accélérer l’ascension des femmes à des postes de direction.

Près des deux tiers des diplômés en droit sont des femmes. Mais rares sont celles qui dirigent des cabinets. Joëlle Boisvert a réussi à faire sa place dans ce monde d’hommes.

À 51 ans, elle pilote une équipe de 200 personnes tout en plaidant en droit des affaires et litige commercial. Classée parmi les 100 Canadiennes les plus influentes, elle s’active à aider les filles à grimper les échelons en souscrivant à trois promesses – proactivité de la direction, productivité repensée et promotion des femmes – formulées par sa cohorte de L’effet A, qui favorise l’ambition chez les Québécoises. Résultat : une directrice veille maintenant au développement des jeunes professionnelles du cabinet. [Mylène Tremblay]

Pour tout savoir en primeur

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine

En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la politique de confidentialité et les conditions d'utilisation de Google s'appliquent.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ