Société

Cannabis: ce qu’on devrait dire à ses ados… et ce qu’ils veulent entendre

Le sujet est délicat, mais nécessaire. Encore plus, peut-être, depuis la légalisation de la marijuana. Mais comment l’aborder?

Photo: iStock.com/daisy-daisy

Entre adultes, on cherche. On compare ce qu’on dit à ses enfants, ce qu’on s’est soi-même fait dire, ce qui a aidé ou pas. Mais que pensent les ados de nos discours? Une vingtaine d’élèves de 15 à 18 ans ont répondu à LA question: qu’est-ce que vous auriez aimé que vos parents vous disent au sujet du pot?

«C’est important qu’ils nous fassent sentir que nous pouvons leur en parler si nous consommons, sans avoir peur de leur réaction. Mais qu’ils laissent le choix entre nos mains», lance Héloïse* avec philosophie.

Son avis fait consensus dans le groupe. «Je pense que mes parents ont l’impression que c’est leur faute si je fume et que c’est à cause de mes amis si j’ai commencé. C’est pas du tout ça! Quand j’ai pris ma première puff, c’est moi qui ai décidé de le faire», renchérit Ignacio*.

Leurs propos résument plutôt bien les conseils de la directrice générale de la prévention à la Maison Jean Lapointe, Anne Elizabeth Lapointe. Cette dernière met l’accent sur l’importance de maintenir une relation saine avec nos enfants. «La clé, c’est la qualité de la relation. Il faut rester ouvert et sans jugement tout en les encadrant. Nous ne serons probablement pas là, la première fois qu’ils seront confrontés au pot. Alors, le mieux que nous puissions espérer, c’est qu’ils sachent ce que nous en pensons et qu’ils soient à l’aise de nous parler s’ils en sentent le besoin», explique-t-elle. Il faut établir un cadre clair et imposer certaines limites. Ont-ils le droit de fumer à la maison? Seulement le week-end? Tant que ça ne nuit pas aux études? Chaque parent met ses restrictions selon ses valeurs.

«À la Fondation Jean Lapointe, quand on travaille en prévention, notre objectif principal est de retarder la première expérience de consommation afin de réduire les risques de dépendance», ajoute-t-elle.

Partager ses expériences

En tant que parents, nous avons peut-être d’agréables souvenirs des soirées emboucanées de notre jeunesse. Les raconter à nos ados peut être une bonne idée… ou pas.

«J’ai trouvé ça tripant d’entendre les histoires de partys de mes parents. Je me suis dit qu’ils étaient un peu comme moi, finalement», affirme Héloïse.

Aurélie* n’est pas du même avis. «Ma grande sœur n’aurait pas dû me dévoiler tout ce qu’elle a consommé à mon âge. Quand je vois qu’elle va très bien, 10 ans plus tard, je me dis que ce n’est pas si grave. Ça m’a un peu poussée à banaliser la drogue.»

La question est délicate et chaque cas doit être considéré individuellement. «C’est une arme à double tranchant, confirme Anne Elizabeth Lapointe. Il peut être utile d’en parler, ça peut resserrer les liens ou même enlever le goût de consommer, si nos expériences personnelles ont été négatives. Mais il est possible que ça donne le feu vert à notre enfant, quand il constate que nous sommes devenus des adultes responsables et en santé.»

Nous écoutent-ils?

La majorité des adolescents considèrent que leurs parents sont leur source d’information la plus sûre en matière d’alcool ou de drogue, selon Anne Elizabeth Lapointe. Et ils croient ce qu’on leur dit… à certaines conditions.

«Ça ne sert à rien d’exagérer pour leur faire peur, ça ne fonctionne pas. Pour leur donner l’heure juste, il faut s’informer nous-mêmes sur les risques réels», conseille-t-elle.

Les conseils des jeunes aux parents

  • Aborder le sujet sans trop de cérémonie, dans l’auto, par exemple.
  • En parler en première année du secondaire ou avant.
  • Les prévenir s’il y a des antécédents familiaux de dépendance ou de maladie mentale.
  • Ne pas seulement présenter les points négatifs.
  • Rester conscient que le choix leur revient.
  • * Les prénoms des élèves cités ont été changés à leur demande.

Risques à long terme liés à la consommation de cannabis

Dépendance • Symptômes dépressifs • Maladies respiratoires • Troubles de la mémoire
Ces risques sont accrus lorsque la consommation débute jeune, puisque le cerveau se développe jusqu’à l’âge de 25 ans. Les probabilités de devenir dépendant sont également beaucoup plus grandes.

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