Entrevues

Ce que Chris Hadfield a appris

Devenir astronaute, c’est toujours se préparer au pire. Une stratégie payante, même sur Terre.

Photo : Dave J Hogan/Getty Images

Photo : Dave J Hogan/Getty Images

Connaître le succès tôt dans la vie est une bien piètre leçon. Essentiellement, c’est comme se voir récompensé pour un manque de préparation. Après, quand on se trouve dans une situation où il faut se préparer, on ne sait pas comment. Et on échoue.

Dans un contexte de crise, il existe deux comportements tout à fait inutiles : chercher le pourquoi et se plaindre. Je suis chef d’expédition dans le Grand Nord. Quelqu’un se lamente qu’il fait froid ? Je le charge d’allumer un feu ou de faire le ménage des tuques et des mitaines.

Il y a toujours moyen d’aggraver les choses. Ce dicton cher à la NASA est précieux dans des circonstances difficiles. Il rappelle qu’il vaut mieux prendre tout le temps disponible pour réfléchir plutôt que de risquer d’appuyer sur le mauvais bouton. Et la vie est pleine de mauvais boutons !

La peur et le danger, ce n’est pas pareil. J’ai peur des hauteurs – ce qui est incongru pour un astronaute. Mais les apprentissages et l’expérience m’ont aidé à faire la différence entre le sommet d’une falaise et le 82e étage d’un immeuble. Ça vaut la peine de rééduquer son cerveau parce que la peur peut nous priver de plein d’expériences.

Tout est intéressant. Croire que seules les expériences exceptionnelles (comme aller dans l’espace) comptent, c’est se condamner à voir la plus grande partie de sa vie comme un échec. Le défi consiste à profiter de ces instants, à s’en réjouir puis à passer à autre chose.

Être un zéro, ce n’est pas si mal. En terrain inconnu, on peut représenter pour ses pairs un plus, un moins ou un zéro. Tout le monde veut être un plus. Mais c’est impossible tant qu’on ne connaît pas son environnement. Plutôt qu’un départ canon, mieux vaut viser le zéro : ne pas causer de problèmes ni compliquer la tâche des autres.

Rien n’est plus important que ce que l’on est en train de faire. Un autre dicton d’astronaute… On peut se préparer, s’entraîner, essayer de prévoir l’avenir. Mais en même temps, la réalité, c’est maintenant.

Ça ne sert à rien d’être un superhéros. En situation grave, se précipiter dans une manœuvre délicate pour briller est la meilleure façon de se blesser ou de perdre le seul marteau du groupe. Bref, de faire des ravages. Le travail d’équipe et une bonne gestion des risques sont bien plus efficaces.

« Soyez prêts. Travaillez fort. Amusez-vous. » Depuis toujours, mes enfants se plaisent à répéter mes expressions censées ­stimuler leur ardeur. Mais, en fait, cette maxime convient en tout temps.

Remporter 10 petites victoires chaque jour rend plus heureux qu’obtenir un triomphe tous les 10 ans. Après ma deuxième mission, on m’a dit que je ne retournerais plus jamais dans l’espace. J’ai décidé que j’irais travailler chaque jour avec enthousiasme, que j’apprendrais le plus de choses possible et que j’aimerais ça. Ce qui compte vraiment, ce n’est pas la valeur que les autres attribuent à une tâche mais comment moi je me sens quand je l’accomplis.

Ça peut toujours se passer plus mal. On dit souvent qu’il faut s’attendre au meilleur mais se préparer au pire. Il s’agit à mon avis d’un précepte trompeur. Il existe la plupart du temps un large spectre de mauvaises possibilités. La seule chose qui pourrait être le pire en soi, c’est de n’avoir aucun plan.

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