Lena Dunham
Lena Dunham
La joyeuse imparfaite
Qui aurait dit qu’une New-Yorkaise de 26 ans allait nous servir une formidable leçon d’estime de soi ? À mille lieues des essais féministes dénonçant l’industrie de la beauté ou des campagnes qui s’efforcent de convaincre les jeunes femmes de s’accepter telles qu’elles sont, l’actrice, scénariste et réalisatrice Lena Dunham a imaginé des anti-battantes, des personnages imparfaits, ordinaires, quoi ! Le succès est phénoménal : la série Girls fait un tabac sur HBO et trouve un écho chez les filles dans la vingtaine (et plus...), qu’elles vivent à Brooklyn ou à Montréal. Il faut dire que les situations et les dialogues pondus par l’auteure sonnent vrai : des vies ordinaires, ponctuées d’échecs professionnels, d’éternelles remises en question, d’histoires d’amour décevantes et de relations sexuelles plus ou moins satisfaisantes. Au-delà des quatre copines de la série, c’est la nudité qui est le personnage principal de Girls et qui en a fait le phénomène médiatique de l’heure. Lena Dunham n’a pas peur de montrer des corps imparfaits – à commencer par le sien – sous un éclairage blafard, avec des bourrelets, des seins pendants, des ventres un peu flasques. Dans une société où on photoshoppe même les photos des finissantes de 5e secondaire, voilà un geste politique quasi révolutionnaire. « Détester mon corps, ce n’est pas mon genre », a déclaré Lena Dunham, qui ne semble pas craindre le jugement des autres. Un message à la fois simple et subversif de cette fille d’artistes, qui vient de signer un contrat de plus de trois millions de dollars pour un livre et dont la prochaine télésérie portera sur le monde de la mode. Pourvu que son discours ne change pas... [N.C.]
Photo: Ruven Afanado/Corbis Outline