Léa & Louise

Fille iPhonus

Une féministe qui ne veut pas manier le marteau…

Lea et Louise hires

Chère Louise,

Non, je n’ai jamais fait mes ourlets de pantalon. Je ne sais même pas ce que c’est qu’un ourlet de pantalon. Pour tout dire, je ne me rappelle pas avoir déjà manié un dé à coudre, une aiguille à tricoter ou une roulette à patron. Je ne sais pas ce que c’est que broder, raccommoder, rapiécer, repriser ou ravauder. Ça ne fait pas partie de mon vocabulaire et ça n’a jamais été le cas.

J’ai pourtant été élevée par Bernard, un homme à tout faire, qu’on appelle parce qu’on est démunis devant le complexe assemblage d’une armoire IKEA. Papa Bernard sait vraiment tout faire : bâtir une maison, réparer un robinet qui coule et faire les meilleures tartes aux pommes au monde. Que dire de grand-maman Rita qui avait dans son sous-sol un métier à tisser ? Ma sœur, Amélie, technologue en architecture, est la digne fille de son père. Je l’appelle le dimanche pour m’aider à utiliser une perceuse, installer un rideau ou changer une ampoule. Enfant, je la suivais dans le bois où je l’observais construire une cabane. C’est aussi elle qui possède aujourd’hui un Kitchen Aid pour faire des biscuits, des pains aux bananes et des brownies. Gamines, elle s’amusait à bricoler, pendant que je lui racontais des histoires.

C’est la preuve que ce n’est pas qu’une affaire de stéréotypes sexuels. Ma sœur sait utiliser ses mains, pas moi. Et pourtant, nous avons été élevées dans la même famille.

Je remarque que mon manque de dextérité manuelle, hormis ma capacité légendaire à texter, n’est pas si répandu chez les jeunes de ma génération.

Je pense à Sarah-Jeanne Labrosse, l’une des têtes d’affiche d’Unité 9, qui vend ses tricots avec sa petite entreprise Le Foulard réconfort.

Je pense à Julie Hermann, une bricoleuse hors pair, qui tient l’atelier créatif La Meute, à Québec.

Je pense aussi à l’atelier ¾ fort, trois garçons et une fille : des constructeurs créatifs qui allient outils, brique molle, cèdre pour transformer un espace avec style.

Bref, il y a bel et bien chez les Y un engouement pour le bricolage diversifié.

Tu vois, Louise, j’aimerais bien être capable de faire comme tous ces manuels, mais je suis une incapable de l’artisanat. Je suis plus habile avec mon téléphone intelligent. Comme l’écrivait Patrick Lagacé, « je sais tweeter. Je sais accorder un participe passé. Mais rien de très utile dans un monde post-apocalyptique. » Je me contente d’être une « Fille iPhonus »!

Photo : iStockphoto

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