Chère Léa,
Oui. Nous serons mal pris tant qu’on laissera nos dirigeants opposer économie et écologie.
Pas besoin d’être David Suzuki pour deviner qu’un beau PIB bien gras ne nous donnera pas grand-chose si les océans deviennent des déserts — ce qui pourrait arriver aussi rapidement que dans 20 ou 30 ans, prédisent certains. On va manger quoi alors? Nos sables bitumineux? Nos montagnes de plastique? (Je suppose que tu as vu toi aussi ces images crève-coeur du Midway Project?)
On n’est pas nonos. On se doute bien que la solution ne sortira pas du chapeau de cow-boy de Stephen Harper. Qu’il faut s’en occuper nous-mêmes. Et qu’on ne réparera pas le climat en mettant nos emballages d’iPhone au recyclage. Surtout si on continue d’en changer tous les ans, de manger des fruits qui ont fait 10 000 km pour arriver dans nos frigos, d’exploiter tous les carburants fossiles que la planète a pu produire depuis sa formation.
Pour ma génération, l’écologie est un peu comme une langue seconde. On ne l’a pas apprise à la maternelle. On pratique. On s’améliore. On peut même devenir assez bons. Mais on a toujours regardé avec un peu d’envie les plus jeunes, vous qui avez grandi en regardant les documentaires du commandant Cousteau. Vous qui, bien évidemment, étiez bien plus conscients et plus consciencieux que nous à ce chapitre.
Puis, avec le temps, j’avoue que j’ai douté. Dans notre belle société, on ne consomme pas moins à 20 ans qu’à 50 ans, il me semble. Et le Québec est toujours — je viens d’apprendre ça — le champion mondial du déchet.
Alors, collectivement, on avance ou on recule? « Les deux! », m’a répondu Jérôme Normand, grand patron d’Environnement Jeunesse. « Il y a 10 ans, on récupérait 30 % de nos matières résiduelles. Aujourd’hui, c’est 60 %. Le problème, c’est qu’on en produit 50 % de plus! Résultat : on recycle davantage mais nos dépotoirs se remplissent plus vite qu’avant.»
Alors? Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide? Je ne sais pas. Mais en tout cas, on a de l’ouvrage.
Louise