Chère Louise,
Le miroir est, je crois, l’obsession, de notre temps. Oui, le paraître est omniprésent… mais, ça va plus loin que ça. Le miroir est partout, partout, partout. Démocratisé à vitesse grand V par les médias sociaux. J’aime penser que Facebook, Twitter et Instagram sont des miroirs déformants de la réalité.
On partage chacun de nos gestes en les magnifiant à coups de filtres et de retouches.
Je me lève, j’instagramme.
Je bouffe un pâté chinois, j’instagramme.
Je french à pleine bouche mon chum, j’instagramme.
« J’existe à travers ce que je représente », avance le sociologue David Le Breton.
Et les selfies (égoportraits), toi! (Note à ma grand-mère, un selfie est un auto-portait, généralement pris avec un téléphone intelligent ou une webcam puis téléchargé sur un média social.)
Ça, c’est la définition du Oxford English Dictionary qui l’a désigné mot de l’année parce que le seflie a connu en 2013 une progression de 17 000%.
Batinsse, 17 000% de progression.
J’existe à travers ce que je représente… dans certains cas, c’est pire. J’existe uniquement qu’à travers ce que je représente.
Prends l’Anglais Danny Bowman. L’ado publiait jusqu’à 200 selfies par jour de lui-même… obsédé par l’attention des autres, il a même tenté de se suicider.
Oui, Louise. On est rendus là.
Imagine les bébés qui naissent de nos jours. Trois heures de vie, pis hop! Junior a déjà son selfie avec moman et popa sur Facebook.
Misère…
On va virer fous, ça sera pas long.