En 1946, Viola Desmond, une femme noire, s’est assise dans la section réservée aux Blancs d’un cinéma de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Elle a été déplacée contre son gré, a écopé d’une amende et a passé la nuit en prison. En 2016, quelque 70 ans plus tard, le ministre des Finances a annoncé qu’elle deviendrait la première femme de l’histoire du Canada à apparaître sur un billet de banque, soit le futur 10 $. Dès 2018, lorsque le billet sera mis en circulation, on pourra donc se rappeler du courage de cette femme qui refusait d’accepter l’injustice.
En 2016, on a appris que le plafond de verre restait bien étanche au cabinet du gouvernement Couillard: pour un même poste, celui de chef, une femme gagne en moyenne 17 203 $ (soit 12 %) de moins qu’un homme.
À 19 ans, la gymnaste Simone Biles a marqué l’histoire lors de sa première participation aux Jeux olympiques: avec quatre médailles d’or et une de bronze, elle a égalé le record de quatre titres obtenus aux mêmes Jeux en gymnastique. Rien dans son sourire radieux et sa discipline inébranlable n’a laissé deviner qu’elle avait ramé avant d’en arriver là, elle qui a pourtant été forcée de quitter sa mère toxicomane à l’âge de trois ans pour vivre chez son grand-père. Une puissante leçon de ténacité.
« Les commentaires humiliants à propos de notre corps. Le manque de respect pour nos ambitions et notre intelligence. La certitude qu’on peut disposer des femmes comme on le veut. C’est odieux. C’est terrifiant. Et la vérité, c’est que ça fait mal », a dit Michelle Obama au New Hampshire dans un discours qui a fait date. C’était ce que toutes les femmes, abasourdies par les propos misogynes de Donald Trump en pleine campagne électorale, avaient besoin d’entendre. Sans jamais le nommer, la première dame des États-Unis a dénoncé les propos vulgaires du candidat républicain. Parce qu’assez, c’est assez.
Un autre Américain noir tué par la police. Des émeutes qui ont enflammé la ville de Charlotte, en Caroline du Nord. Devant le conseil municipal, Zianna Oliphant, 9 ans, a résumé le sentiment de désespoir de sa communauté à travers un message poignant ponctué de sanglots: «Nous ne devrions pas avoir à nous sentir comme ça parce que nous sommes noirs. Nous ne devrions pas avoir à manifester parce que vous nous maltraitez. Nous protestons parce que nous n’avons pas le choix et que nous avons des droits.»
Selon Barack Obama, «il n’y a jamais eu un homme ou une femme plus qualifiés pour devenir président des États-Unis» qu’Hillary Clinton. Plus qualifiée, mieux préparée, appuyée par la majorité des politiciens américains, elle se dirigeait tout droit vers la victoire, croyait-on. C’est plutôt une défaite crève-cœur qui l’attendait. Le lendemain, elle livrait un discours de concession émouvant et inspirant, particulièrement pour les jeunes filles. «Ne doutez jamais du fait que vous êtes importantes, que vous êtes puissantes et que vous méritez toutes les chances du monde de poursuivre et de réaliser votre rêve», leur a-t-elle dit. Des paroles qui ont scellé son statut d’icône féministe.
En février dernier, la ministre responsable de la Condition féminine, Lise Thériault, lançait une véritable bombe en affirmant qu’elle ne se définissait pas comme féministe (« je suis plus égalitaire que féministe”). La présidente de la Fédération des Femmes du Québec (FFQ), Mélanie Sarrazin, a qualifié ces propos de «méprisants» et d’«inquiétants». Louise Langevin, professeure de l’Université Laval qui travaille depuis plus de 25 ans sur les questions des droits des femmes, a dit de la ministre qu’elle «ne compren[ait] rien aux revendications des femmes». Cette controverse malheureuse aura du moins prouvé que les Québécoises sont prêtes à se mobiliser pour la cause!
Un matin d’avril, la terre a cessé de tourner pendant quelques secondes. Sans avertissement, Beyoncé avait lancé un nouvel album pendant la nuit. Et quel album! Se dévoilant plus que jamais sur Lemonade, elle y a fait allusion à l’infidélité de son mari, à sa détresse et à celle des Afro-Américaines. Tantôt en furie, tantôt remplie d’espoir, son interprétation poignante nous a montré le côté vulnérable de cette star qui paraissait inatteignable. Fort.
Grâce aux 17 millions de dollars qu’elle a gagnés l’an dernier, Amy Schumer est devenue la 4e humoriste la mieux payée au monde… et la seule femme à figurer sur le palmarès du magazine Forbes. Pas mal pour une fille qui dénonce le sexisme ordinaire dans chacun de ses sketchs!
Le vice-président des États-Unis et la chanteuse ont uni leurs voix pour dénoncer les nombreuses agressions sexuelles sur les campus universitaires américains. «Nous aurons réussi en tant que société civilisée quand une femme violée ne se demandera plus “Qu’est-ce que j’ai fait?”, a dit Joe Biden. Ce n’est jamais, jamais, jamais la faute de la victime.» Un beau message d’espoir pour 2017.
Pour la première fois, une chef d’antenne porte le voile au Canada, à Toronto plus précisément. Ginella Massa espère inspirer d’autres femmes à prendre leur place dans le monde. Son arrivée au bulletin de nouvelles de CityNews n’est pas passée inaperçue, suscitant l’intérêt de quotidiens renommés comme le Guardian et le New York Times.
Le discours franc de Madonna aux Billboard Awards en décembre, où elle venait cueillir le prix de Femme de l’année, a fait le tour de la planète. Qualifiant l’industrie de la musique de «sexiste» et «misogyne», elle a dit que l’intimidation y était constante et l’abus, implacable. Elle a affirmé ne jamais avoir été traitée en égale à Prince et à David Bowie. Une femme qui n’a pas envie de se taire.
Quand une fille bosse ou étudie en sciences, elle s’attend à recevoir – de ses collègues, contacts professionnels, professeurs – des courriels sollicitant son expertise, pas des commentaires sur son décolleté. Ce type de harcèlement est pourtant monnaie courante pour Emily Temple-Wood et ses consœurs. L’étudiante en biologie à l’Université Loyola de Chicago a trouvé une façon créative de réagir à la situation. Pour chaque courriel sexiste (contenant des avances ou des commentaires à propos de son physique ou de sa sexualité), elle crée une page Wikipédia sur une femme scientifique méconnue. Avec cette initiative entamée en 2012, l’étudiante a déjà rédigé une bonne centaine d’articles, saluant entre autres le Prix Nobel de physiologie ou médecine Barbara McClintock, la chercheuse en neurosciences Liliana Lubinska, la physicienne Chien-Shiung Wu. (Source : New York Magazine)
La violence faite aux femmes, l’artiste américaine Chantal Barlow connaît. En 1975, sa grand-mère paternelle tombait sous les balles de son propre mari. C’est pour honorer sa mémoire que la photographe a créé le Unconventional Apology Project. Devant son objectif : 13 femmes ayant (elles-mêmes ou un proche) subi pareille agression et qu’elle a mises en lumière dans ce qui sera une série de 36 portraits. Des battantes… qui sourient à la caméra. « Je voulais offrir au monde toute l’humanité de ces survivantes, explique-t-elle. On nous présente souvent comme des victimes uniquement, mais nous sommes tellement plus. Nous avons une vie à vivre ; une vie qui n’a pas à être définie par nos agresseurs ; une vie pleine d’amour, de lumière et d’espoir. » Pourquoi 36 ? C’est l’âge qu’avait Mableine Nelson Barlow quand elle a été tuée. (Source : The Huffington Post)
Au plus fort de la guerre en Syrie, la voix d’une petite fille de 7 ans, celle de Bana al-Abed, s’est élevée pour raconter son quotidien sous les bombes. Le compte Twitter où sa mère publiait les messages de Bana compte désormais plus de 368 000 abonnés. « Cher monde, les bombardements s’intensifient, écrivait Fatemah, la mère de Bana, le 14 décembre. Pourquoi es-tu silencieux? Pourquoi? La peur nous tue, mes enfants et moi. » Aux dernières nouvelles, la petite Bana a pu être évacuée d’Alep en compagnie de sa famille. Elle aura tenu le monde entier au courant des épreuves traversées par les citoyens de Syrie.
À la mi-octobre, une série d’agressions sexuelles aux résidences de l’Université Laval, à Québec, a mis le feu aux poudres. Lors d’une vigile organisée en soutien aux filles qui avaient porté plainte contre leurs assaillants, une jeune étudiante, Alice Paquet, a allégué avoir été agressée par un député siégeant à l’Assemblée nationale, le libéral Gerry Sklavounos. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Au cours de l’automne, les Québécoises ont uni leur voix pour éveiller l’opinion publique à la banalisation de la violence sexuelle. Comme jamais dans leur histoire, peut-être. Elles ont multiplié les manifs de Saguenay à Matane, et levé le voile sur leur propre drame intime dans les médias, à la manière des courageuses qui s’étaient exprimées en 2014 dans la mouvance de #AgressionNonDénoncée. Un mouvement qui n’est pas resté sans suite : dans la foulée du scandale, le gouvernement a annoncé 44 millions de dollars sur cinq ans pour lutter contre la violence sexuelle.
À l’automne 2015, un reportage diffusé à l’émission Enquête (ICI Radio-Canada) a créé une onde de choc. Des Amérindiennes de Val-d’Or y racontaient être victimes de sévices sexuels et d’abus de pouvoir par des policiers de la Sûreté du Québec. Leurs témoignages en ont entraîné d’autres : à Maniwaki, à Sept-Îles, à Schefferville, d’autres femmes ont soutenu avoir été violentées par des membres des forces de l’ordre. Pourtant, aucune accusation criminelle n’a été déposée suite à l’enquête. La bonne nouvelle dans tout ça? En décembre, le gouvernement Couillard a annoncé la mise sur pied d’une vaste commission d’enquête sur les relations avec les autochtones, pour prévenir la violence et la discrimination. Enfin!
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