Société

Suzanne G. Chartrand : debout pour l’éducation

Suzanne-G. Chartrand a fait du combat pour une école québécoise stimulante et démocratique l’œuvre d’une vie. Enseignante retraitée et militante aguerrie, elle espère convaincre le gouvernement d’agir. 

«  Me battre, c’est dans mon ADN », lance d’entrée de jeu Suzanne-G. Chartrand en riant. À 10 ans, elle participait à sa première manif aux côtés de ses parents. Digne fille de Simonne Monet-Chartrand et de Michel Chartrand, grandes figures du syndicalisme et de la gauche québécois, elle n’a jamais eu peur d’aller au front pour défendre ses idéaux de justice sociale.

Regard acéré, tignasse noire et débit de mitraillette, cette retraitée milite avec une ardeur contagieuse pour une école « émancipatrice pour tous les enfants, de tous les milieux ». Les décennies n’ont pas émoussé sa pugnacité ! Durant toute notre rencontre, chez elle, à Montréal, elle ne cessera de s’enflammer sur l’enseignement « désastreux » du français, sur les examens « passoires » du ministère de l’Éducation, sur l’« apartheid scolaire » résultant des écoles privées subventionnées et des filières d’élite sélectives et onéreuses offertes dans le public, sur la « course aux notes » et l’« asservissement des savoirs à l’évaluation chiffrée ».

Il faut dire qu’elle connaît son sujet. « Ça fait 55 ans que je suis dans le milieu ! » dit-elle. En plus d’avoir enseigné au secondaire, Suzanne-G. Chartrand est didacticienne du français, professeure retraitée de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. En 2017, elle a fondé le collectif Debout pour l’école !, dont la mission est de placer les enjeux de l’éducation au cœur des débats de la société. Ce collectif a adressé une pétition de 12 000 noms au ministre de l’Éducation de l’époque, Jean-François Roberge, portant principalement sur les conditions de travail du personnel scolaire. « Il n’a pas accusé réception ! »

Rien pour la faire taire : elle est de toutes les tribunes pour parler des « besoins urgents » du milieu scolaire et répéter que des solutions existent. Elles sont détaillées dans l’ouvrage collectif Une autre école est possible et nécessaire (Del Busso Éditeur, 2022).

Mais il lui fallait aller plus loin. Aux côtés d’autres mouvements citoyens et d’une centaine de bénévoles, elle a organisé ce printemps les forums citoyens Parlons éducation. De mars à juin, près de 1 200 personnes ont participé aux 20 assemblées tenues dans 18 villes du Québec. Elles ont planché sur la mission de l’école, l’inclusion sociale et culturelle, le respect des compétences du personnel scolaire… Une action d’envergure s’ensuivra, peut-être sous la forme d’un sommet sur l’éducation.

« On espère créer un rapport de force pour que le gouvernement nous écoute et agisse enfin », dit-elle. Chose certaine, Suzanne-G. Chartrand n’a pas l’intention de se rasseoir : elle restera debout pour l’éducation aussi longtemps qu’il le faudra.

À lire aussi : Caroline Côté : la skieuse qui fracasse les records

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.