Vie pratique

Le bidet : l’essayer, c’est l’adopter !

Le bidet a la cote. Terminée l’époque où cet appareil conçu pour laver notre arrière-train inspirait les moqueries. Pour des raisons de confort, d’écologie et d’économie, de plus en plus de Québécois en ont équipé leur salle de bains. Mais quel modèle choisir ? Peut-on l’installer soi-même ? Et économise-t-on vraiment au bout du compte ?

Entre mon bidet et moi, c’est une histoire d’amour. Notre relation a commencé en mars 2020, au début de la pandémie, lorsque tout le Québec se ruait sur le papier hygiénique. Plutôt que de céder à cette folie, je me suis tournée vers internet pour commander un module de bidet de base, à eau froide seulement, pour la modique somme de 60 $. J’avoue que cet accessoire de salle de bains me faisait de l’œil depuis longtemps, car j’ai toujours trouvé peu hygiénique et déplaisant le nettoyage à sec de mon derrière… Mais allais-je pour autant apprécier ces douches froides intimes ?

Et comment ! Il m’a bien fallu quelques jours d’adaptation pour calibrer la puissance du jet, trouver la bonne position de mon fessier sur le siège et apprendre à détendre mon sphincter pour un nettoyage optimal. Mais une fois passée la maladresse des premiers essais, je suis tombée sous le charme.

Pour prouver que c’était du sérieux, j’ai même dit adieu au papier hygiénique ! J’utilise désormais des lingettes en tissu, lavables et beaucoup plus douces, pour m’éponger le popotin après l’arrosage. Bon, d’accord, je tolère encore la présence de quelques rouleaux chez moi, à l’intention de mes invités plus frileux.

Mon bidet suscite d’ailleurs de vives conversations parmi mes proches : certains jurent fidélité à leur bonne vieille cuvette, alors que d’autres adorent. Quant à moi, pas question de revenir en arrière !

Et je ne suis sans doute pas la seule. Au Québec, les ventes de bidets ont explosé au moment du fameux épisode « papier hygiénique » au printemps 2020. Pourquoi cet engouement soudain pour un appareil sanitaire qui fait depuis longtemps partie du quotidien des Européens et des Asiatiques, notamment ? C’est avant tout la question environnementale qui motive les nouveaux amateurs, estime Emmanuel Cosgrove, cofondateur et directeur général de l’organisme Écohabitation. « Son utilisation est beaucoup plus écologique que celle du papier hygiénique. La fabrication de ce dernier exige de grandes quantités d’énergie, d’eau et d’arbres, sans compter l’emballage et les gaz à effet de serre générés par le transport », dit-il.

Et les quatre milliards de rouleaux que les Canadiens envoient chaque année aux égouts finissent soit incinérés, soit au site d’enfouissement, émettant du méthane, un autre gaz à effet de serre, encore plus nocif que le CO2.

Pratique et écolo

Diminuer sa consommation de papier hygiénique est en outre bon pour le portefeuille. Après avoir analysé 31 produits, l’émission L’épicerie a calculé que chaque Canadien dépense environ 100 $ par année en petits carrés blancs. Une famille qui se dote d’un bidet au coût de 100 $ rentabilise donc vite son achat !

Mais y a-t-il d’autres avantages ? « L’intérêt principal du bidet est de permettre une hygiène plus délicate de la région périanale », souligne le DRamses Wassef, chirurgien du côlon et du rectum au Centre hospitalier de l’Université de Montréal et professeur au Département de chirurgie de l’Université de Montréal. Plusieurs femmes disent également apprécier le nettoyage de leurs parties génitales pendant leurs règles.

Fausses promesses

Le bidet facilite aussi la vie des personnes qui ont des limitations physiques, telles que les aînés, les personnes obèses, les arthritiques ou les parkinsoniens, d’après le Dr Wassef. Et il est tout indiqué pour ceux et celles qui souffrent de démangeaisons anales, souvent dues à l’essuyage avec le papier hygiénique. « Le bidet permet de minimiser l’irritation physique de la peau », précise-t-il.

Mais attention : malgré les promesses de certains fabricants, le bidet ne guérit pas tous les petits bobos en bas de la ceinture. « Il ne traite et ne prévient ni les hémorroïdes, ni les fissures anales, ni la constipation », avertit le spécialiste.

bidet

Photo : iStock.com

L’embarras du choix

Cet appareil sanitaire, qui connaît une grande popularité en ce moment, aurait été inventé au 18e siècle. Parce qu’il fallait l’enfourcher, on lui a attribué le nom d’une race de petits chevaux de selle, le bidet. Si la cuvette de porcelaine classique se trouve toujours sur le marché, il en existe bien d’autres variantes, de la plus simple à la plus luxueuse.

Bidet à main

C’est quoi ? Une douchette que l’on installe au mur ou sur la toilette.

Prix De 60 $ à 200 $

Fonctions Réglages de la pression et de la température de l’eau

Module de bidet

C’est quoi ? Un appareil que l’on installe entre le siège et la cuvette composé d’un jet et d’un panneau de commande

Prix De 60 $ à 125 $

Fonctions Réglages de la pression et de la température de l’eau, adaptation de l’angle du jet, jets avant et arrière, buse autonettoyante

Siège-bidet

C’est quoi ? Un siège que l’on installe sur la cuvette des toilettes à la place du siège classique et que l’on règle grâce à une télécommande ou un panneau de commande.

Prix De 110 $ à plus de 3 000 $

Fonctions Toutes les options de base, plus siège chauffant, séchoir, jet pour les enfants, nettoyage de cuvette, etc.

Toilette intelligente

C’est quoi ? Aussi appelée « toilette japonaise », c’est le nec plus ultra des bidets, dont on règle les fonctions grâce à une télécommande.

Prix De 1 000 $ à plus de 10 000 $

Fonctions Toutes les options des autres modèles, plus jet de massage, ouverture et fermeture automatique du couvercle, chasse d’eau automatique, lumière de nuit, chauffage des pieds, filtre désodorisant, etc.

Parlons installation…

À peu près n’importe qui peut installer un bidet à main ou un module de bidet à eau froide en une quinzaine de minutes. Pas manuelle ? Sur internet, de nombreuses vidéos, dont une produite par l’organisme Écohabitation, expliquent la marche à suivre.

C’est avec les appareils plus complexes que ça se corse. Un modèle qui permet de régler la température doit être raccordé à une entrée d’eau chaude. « C’est un peu le même principe que pour le lave-vaisselle. Quelqu’un de moindrement habile et avec un minimum de connaissances en plomberie y parviendra », assure Patrick Tanguay, gestionnaire de catégorie, plomberie de base chez Rona. Les autres devront avoir recours à un plombier… Il faut donc le prévoir dans le budget. Bon à savoir  : certains modèles disposent d’un chauffe-eau intégré, ce qui évite le raccordement à l’eau chaude.

Or, qui dit chauffe-eau, siège chauffant ou séchoir, dit électricité. Certains brancheront leur siège-bidet ou leur toilette intelligente dans une prise électrique existante. Sinon, il faut faire appel à un électricien pour ajouter une prise spéciale pour salle de bains. Cela augmente aussi les coûts. Pour ces raisons, Écohabitation recommande à ceux qui veulent s’initier aux joies du bidet de commencer par un simple module à eau froide. « C’est celui que je conseille, parce qu’il ne coûte pas cher et qu’il est facile à installer », indique Emmanuel Cosgrove. Les converties pourront toujours investir davantage plus tard afin d’améliorer leur expérience sur le trône.

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