Sur les 1 500 Canadiens qui ont répondu au sondage Canada 150, 65 % sont d’avis que les gouvernements devraient subventionner les produits d’hygiène féminine – tampons, serviettes hygiéniques et coupes menstruelles. (Comme on pouvait s’y attendre, ce nombre est encore plus élevé chez les principales intéressées: 72 % des femmes se disent en faveur, contre 57 % des hommes.)
Mais combien ça coûte exactement?
Selon le site canadianmenstruators.ca, créé dans le cadre d’une campagne qui a fait abolir la TPS sur ces produits d’hygiène essentiels, on estime qu’en 2014, 4 133 503 Québécoises âgées de 12 à 49 ans ont dépensé 120 232 670 $ en produits conçus pour les règles. Ce qui reviendrait à 29 $ chacune par année. Toutefois, ce chiffre semble moins élevé que ce que ça nous coûte en réalité. Selon des estimations du Huffington Post, on utiliserait en moyenne 5 protège-dessous (ou serviettes hygiéniques, selon nos préférences) et 20 tampons par cycle (en supposant qu’on change de tampon aux 6 heures et que nos règles durent 5 jours). Chez Walmart, un format jumbo de 54 tampons coûte 9,98 $, et un paquet de 18 serviettes vaut 3,98 $. (Il s’agit de l’option meilleur marché; beaucoup de femmes dépensent davantage.)
Donc, 20 tampons x 12 cycles x 0,18 $ le tampon = 43,20 $
Et 5 serviettes x 12 cycles x 0,22 $ la serviette = 13,20 $
Cela donne un total de 56,40 $ par année, en moyenne.
Les produits réutilisables sont un choix beaucoup plus économique (et écologique). La DivaCup, qui se vend 37,97 $ chez Walmart, peut durer 10 ans; son coût annuel revient donc à 3,79 $. Le 1er juillet 2015, les produits d’hygiène féminine essentiels ont été détaxés (rejoignant les rangs d’autres produits considérés comme «indispensables», tels les céréales, les gâteaux de noces et les cerises à cocktail!). Mais il semble que l’abolition de la taxe ne suffise pas: selon le sondage Canada 150, une majorité de Canadiens voudrait que le gouvernement subventionne les produits d’hygiène féminine. Ce qui signifie que non seulement on veut qu’ils soient hors taxes, mais on juge aussi qu’une partie de leurs coûts devrait être, directement ou indirectement, assumée par l’État. Et ce n’est pas parce que les femmes n’ont pas les moyens de se les payer (bien que pour les itinérantes, les bénéficiaires de l’aide sociale et les personnes à faible revenu, cette dépense puisse poser un problème), mais plutôt parce que ce sont des articles essentiels.
Qu’on y pense: lorsqu’on utilise les toilettes publiques, on ne paie pas pour le papier hygiénique. La société a statué que le papier de toilette est nécessaire à l’hygiène et qu’il doit être gratuit dans les lieux publics. C’est exactement ce que revendiquent les activistes du groupe américain Free the Tampons pour les produits d’hygiène féminine. Quand on a une urgence tampon, au travail, à l’école ou ailleurs, ce serait si simple d’en avoir à sa disposition dans les toilettes, au lieu d’être obligée d’en quémander à la première venue ou de courir comme une folle pour trouver de la monnaie à mettre dans la distributrice, qui est toujours vide ou brisée de toute façon.
En juillet 2016, la Ville de New York a passé une loi sans précédent aux États-Unis pour permettre l’accès gratuit aux produits d’hygiène féminine dans les écoles publiques, les refuges pour sans-abri et les centres correctionnels. Le maire Bill de Blasio indiquait dans un communiqué: «Cette loi reconnaît que les produits d’hygiène féminine sont une nécessité – et non un luxe.»
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