Vie pratique

Est-ce raisonnable (et sécuritaire) de magasiner en ligne en ce moment?

En pleine période de confinement, des travailleurs se mettent à risque pour honorer les innombrables commandes qui engorgent les sites de commerce électronique. Est-ce une bonne idée de commander en ligne?

Photo: iStock/monkeybusinessimages

La pandémie de COVID-19 a bouleversé nos habitudes de vie in extenso. Du jour au lendemain, des annonces publicitaires de bougies aux parfums réconfortants, de cotons ouatés et de leggings mous de télétravail se sont mises à se relayer sur l’écran de notre ordinateur ou de notre téléphone cellulaire pour susciter de nouveaux besoins en temps de crise. Mais avant de remplir le panier d’achat, une réflexion s’impose. Est-ce essentiel? Et surtout, est-il raisonnable et sécuritaire de commander en ligne et de faire livrer à la maison?

Le fonctionnement d’un site de commerce électronique implique plusieurs joueurs dans la chaîne, depuis la production jusqu’à la livraison à domicile: des ouvriers dans les usines et les entrepôts, des employés postaux et des coursiers qui doivent être présents physiquement sur leur lieu de travail.

Alors que des entreprises ferment leurs portes temporairement, Amazon embauche à profusion: aux États-Unis, 100 000 personnes ont comblé de nouveaux postes pour traiter le surplus de commandes qui submerge le site. Mais ces travailleurs sont-ils à risque? Et peut-on attraper la COVID-19 par l’entremise d’un colis potentiellement contaminé?

Ding! Dong! Un colis… suspect?

«Le shopping en ligne est la chose à faire. C’est plus sécuritaire que de magasiner dans les boutiques où on va côtoyer des gens», dit Dr David Buckeridge, professeur agrégé en épidémiologie à l’Université McGill.

Le virus de la COVID-19 peut survivre jusqu’à 24 heures sur du carton, et jusqu’à 72 heures sur du plastique et de l’aluminium. Le lavage minutieux des mains est donc une mesure préventive essentielle après avoir déballé un paquet, juge Kate Mulligan, professeure agrégée à la Dalla Lana Public School of Health de l’Université de Toronto. «Si on respecte cette consigne, alors oui, on peut recevoir des colis chez soi», affirme-t-elle. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a peu de risques d’attraper la COVID-19 à partir d’un paquet qui a été transporté et exposé à diverses conditions et températures.

Les probabilités de contracter une infection à partir d’un colis livré sont moindres si on les compare à celles d’une séance de magasinage en public. Parmi les dangers encourus: respirer des gouttelettes provenant de la toux, d’éternuements ou des postillons d’une personne infectée; toucher directement ladite personne; effleurer des surfaces contaminées et porter ensuite les mains au visage.

Garder ses distances

Par souci de conformité avec la consigne de distanciation physique, Santé Canada demande que les colis livrés soient déposés à la porte (à l’extérieur) des maisons ou des appartements des personnes en situation d’isolement ou de confinement. Les entreprises de courrier comme UPS et Federal Express ont suspendu temporairement la signature du client, exigée en temps normal sur réception de la marchandise (sauf si la signature d’un adulte est requise, précise-t-on chez FedEx).

Des inquiétudes quant aux paquets arrivant d’autres pays touchés par la COVID-19? Selon Santé Canada, il n’y a pas de risque connu de transmission de coronavirus par colis interposé. Attachée de recherche postdoctorale en immunologie à l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique, la Dr Priyanka Mishra abonde dans ce sens. «Aussi longtemps que les gens resteront à la maison et qu’ils pratiqueront la distanciation sociale, il est sécuritaire de commander en ligne et il n’y a pas lieu de paniquer».

Le bon sens

Cela ne veut pas dire pour autant qu’on a le feu vert pour se défouler dans une séance frénétique d’achats en ligne. Il y a une différence entre la nécessité de se procurer des produits essentiels (comme de la nourriture) et des caprices superficiels. La professeure Kate Mulligan invite la collectivité à s’en tenir à de stricts besoins.

Cela contribue à enlever de la pression sur les employés qui doivent gérer les commandes. «Encourager les petites et moyennes entreprises locales devrait devenir une priorité», ajoute-t-elle. Cette période de réflexion, imposée par la COVID-19 sur nos habitudes de consommation, pourrait avoir un impact social à long terme. «Mes recherches ont démontré que l’entraide, les discussions, la pratique d’un sport et d’un loisir, le contact avec la nature procurent aux gens une sensation de bien-être et de satisfaction. Vraiment plus que du magasinage-réconfort», conclut Kate Mulligan.

Cet article a été publié en version originale anglaise sur le site de Flare.

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