Psychologie

Calmer son anxiété en période de crise de COVID-19

Dans le contexte de la COVID-19, il est normal de se sentir inquiet, stressé et anxieux. Mais comment ne pas se laisser submerger par nos peurs et nos inquiétudes?

Caroline Ménard, professeure en neuroscience à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheuse au Centre de recherche CERVO, répond à nos questions et nous donne les meilleurs moyens de reconnaître et de gérer notre stress dans ces moments difficiles.

Est-ce possible (et normal) de ressentir de l’anxiété en cette période de COVID-19, même si on n’en souffre pas habituellement?

Absolument. C’est une situation difficile à gérer pour tous, puisqu’elle nous plonge dans l’inconnu et l’incertitude.

Toutefois, il faut distinguer le stress de l’anxiété. On perçoit souvent le stress de façon négative, pourtant, c’est ce qui a permis à l’être humain de survivre. C’est lui qui a dicté à nos ancêtres le comportement à adopter devant un lion, par exemple.

En général, quand on est stressé, le rythme cardiaque augmente, puis se rétablit après quelques minutes. Le danger, c’est quand cela devient chronique et qu’on ne parvient plus à contrôler ses pensées et ses émotions. Dans le cas de la COVID-19, cela pourrait se traduire par une angoisse continue concernant ses plans futurs, une conviction qu’on n’en sortira jamais ou une panique extrême par rapport aux individus croisés dans la rue ou aux surfaces et objets qu’on touche continuellement. Il devient alors difficile de s’extirper de cette spirale d’idées noires.

Quels sont les meilleurs moyens pour mieux gérer le stress et l’inquiétude grandissants? 

La «recette» de la résilience est différente pour chaque individu. Ce qui est certain, c’est que le cerveau n’aime pas être inactif. Il est essentiel de parvenir à se créer une routine. Il faut trouver des activités qui gardent toute la famille occupée, et les inclure dans un horaire.

C’est bien, par exemple, de continuer à se lever tôt le matin. On choisit des moments pour travailler, pour s’amuser avec les enfants, pour faire un peu l’école à la maison. Si on ne travaille pas, on développe de nouveaux passe-temps: le jardinage, la pâtisserie, le yoga, le tricot. C’est le moment de se lancer des défis et de sortir de sa zone de confort.

De plus, les études sur la résilience et la biologie du stress démontrent que les relations sociales ont un grand rôle à jouer sur l’humeur. Chacun devrait utiliser les moyens technologiques à sa disposition pour garder contact avec ses proches.

Est-ce une bonne idée de suivre les nouvelles sur le COVID-19 quand la situation nous angoisse beaucoup?

Il est important de se tenir informé des mesures en place, et surtout de s’assurer que nos sources d’informations sont valides. Je conseille donc de se limiter à la conférence de presse quotidienne. Si on sent que les informations nous inquiètent plus qu’elles nous rassurent, il est préférable de s’abstenir.

Quels sont les effets néfastes de l’anxiété sur notre santé?

L’anxiété et la dépression font partie du large continuum des troubles de l’humeur. Ce sont des vases communicants. Tous les deux peuvent affecter notre capacité à fonctionner, notre système immunitaire, notre système digestif, le bon fonctionnement de notre cerveau et notre sommeil.

Quand devient-il nécessaire d’aller chercher l’aide d’un professionnel?

Si on est victime d’attaques de panique, il faut songer à consulter. Elles se manifestent par une augmentation du rythme cardiaque, une transpiration abondante et des difficultés respiratoires.

On doit aussi demeurer attentif si on remarque que son propre discours ou celui d’une personne de son entourage change et devient très pessimiste. Si on entend des choses comme «je ne vois pas la lumière au bout du tunnel», «je ne crois pas qu’on va s’en sortir» ou «j’ai envie d’en finir», il ne faut surtout pas penser qu’il ne s’agit que d’une mauvaise passe. Il faut agir rapidement et chercher de l’aide.

Des ressources à consulter

Il existe une multitude de ressources pour nous aider à mieux gérer le stress, à reconnaître les signes indicateurs de troubles anxieux et de dépression et à accompagner ses proches tout au long de la crise de la COVID-19.

Le centre d’études sur le stress humain
https://www.stresshumain.ca/

Association québécoise de prévention du suicide
https://www.aqps.info/

Centre de prévention du suicide de Québec
https://www.cpsquebec.ca/

Centre déclic (pour des informations scientifiques valides sur la COVID-19)
https://centredeclic.ca/

Caroline Ménard

Caroline Ménard (Photo: Veronica Szarejko, Icahn School of Medicine at Mount Sinai)

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.