Technique transmise oralement d’une génération à l’autre, l’autoproduction de semences permet surtout d’éviter la disparition de nos plantes favorites et d’obtenir des légumes mieux adaptés aux conditions de notre potager.
Pour se lancer et espérer récolter le fruit de notre labeur l’an prochain, voici les étapes à suivre.
Étape 1 : planifier
Pour conserver nos légumes préférés, il y a trois règles à respecter :
- Lors de la plantation, prévoir une distance d’isolement ou une barrière physique (filet) entre chaque variété du même légume pour empêcher les croisements. Nous voulons éviter que la partie femelle de la fleur ne soit fécondée par le pollen d’une autre variété afin que chacune conserve sa pureté génétique.
- Récolter les semences sur plusieurs individus de la même variété pour assurer une descendance saine et vigoureuse.
- Identifier ses variétés avec précision (nom, année, date de récolte) et noter ses observations.
Tout bon livre de production de semences recommande des distances d’isolement et un nombre minimal de plants à respecter pour une production maison ou professionnelle. Notre suggestion : L’art de produire ses propres semences, écrit par la semencière de l’entreprise Terre Promise, Lyne Bellemare.
Étape 2 : sélection et récolte
Récolter les plantes et les fruits les plus sains qui correspondent aux critères que nous nous sommes fixés : la taille du fruit, la saveur, la précocité ou la résistance au climat (chaleur, sécheresse, pluie).
Prélever les semences au fur et à mesure qu’elles sont matures, sinon elles ne germeront pas. La maturité des semences diffère d’un légume à l’autre, et peut s’échelonner sur plusieurs jours. Le légume n’est parfois plus comestible lorsque les semences sont prêtes. C’est le cas de la laitue : les graines mûrissent pendant quelques semaines après la récolte et il faut les récolter avant qu’elles tombent au sol. Même chose pour les semences d’haricots qui doivent sécher sur le plant avant que nous puissions les prélever. Celles de la tomate sont, elles, considérées mûres lorsque le fruit est prêt à consommer, tandis que celles de la courge atteignent leur pleine maturité plusieurs mois après la récolte.
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Étape 3 : nettoyage
Selon la variété de légumes, différentes techniques sont utilisées pour extraire les semences et les débarrasser des impuretés.
- Tomate : employer la technique de la fermentation pour libérer les semences du gel les enveloppant et qui les empêche de germer ainsi que pour les débarrasser des bactéries pouvant les affecter. Avec une cuillère, on vide les tomates de leurs semences avec la pulpe qui les entourent en les déposant dans un contenant auquel on ajoute un peu d’eau. On laisse fermenter quelques jours jusqu’à ce qu’une mousse blanche apparaisse à la surface. On rince ensuite les semences à l’eau à l’aide d’un tamis, puis on fait sécher dans une assiette ou une moustiquaire durant deux semaines à température pièce en prenant soin de bien identifier la variété. Une fois séchées, les semences se collent entre elles. Il faut les séparer à l’aide de gants de caoutchouc ou d’un papier sablé fin pour bien les entreposer et faciliter les semis l’an prochain.
- Haricot : une fois séché sur le plant, écosser à la main.
- Laitue : Placer la tige sèche dans un sac ou une taie d’oreiller et battre sur une surface dure pour faire tomber les semences. Tamiser pour filtrer les débris comme les petites feuilles mortes.
Étape 4 : séchage
Il est indispensable que les semences soient bien sèches avant l’entreposage. L’usage d’un ventilateur est donc incontournable pour chasser l’humidité et accélérer le temps de séchage.
Note : Pour les graines de certains légumes, comme la laitue et le haricot, cette étape a lieu avant le nettoyage. Celles de tomates doivent d’abord sécher deux semaines à plat dans un espace aéré et sec.
Pour vérifier si les semences sont assez sèches pour être entreposées, la semencière Lyne Bellemare, propriétaire de l’entreprise Terre Promise, conseille de laisser un bout de papier dans un bocal fermé avec nos semences et un autre à l’extérieur à température ambiante pour pouvoir comparer leur fermeté le lendemain. « En sortant le papier [NDLR : enfermé dans le bocal]… s’il semble mou et plus malléable que le papier resté à température ambiante, vos semences ne sont pas assez sèches », dit-elle.
Étape 5 : entreposage
Après tout ce travail, il est important de conserver nos semences à une température et humidité stable ainsi qu’à l’abri de la lumière et des souris. L’entreposage dans un bocal en verre hermétique est indiqué.
La congélation des semences est efficace pour exterminer les bruches, des insectes qui pondent dans les légumineuses, et prolonger leur durée de vie qui peut varier de un à huit ans, selon la variété et la qualité de l’entreposage.
Apprendre à produire ses propres semences c’est maintenir vivant un savoir-faire ancestral et pouvoir le transférer aux générations futures. Pour approfondir nos connaissances, nous avons la chance de pouvoir compter sur le site web Semences du patrimoine, une bible numérique pour les apprentis semenciers, ainsi que sur l’excellent livre L’art de produire ses propres semences écrit par la semencière de Terre Promise, Lyne Bellemare. La besogne semble un peu trop laborieuse ? Approvisionnons-nous alors auprès de nos semenciers locaux qui font un travail remarquable.
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