Art de vivre

Maude Côté, de graphiste à propriétaire de boutique

La designer graphique Maude Côté n’avait jamais rêvé de devenir commerçante. Pourtant, un jour, en voyant un local à louer dans un village des Laurentides, elle a senti l’appel. Et a foncé. Un an plus tard, les affaires de L’Abri sont florissantes. Et Maude, à 42 ans, est enfin sur son X.

Maude Côté

Photo : Josie Desmarais

Ce que je faisais avant
J’avais ma propre boîte de graphisme. Je créais des logos pour de petites entreprises, je m’occupais de leur image de marque, et ainsi de suite. J’ai toujours eu en moi un goût pour la création, et ce travail m’a permis de l’exploiter.

Ce que je fais maintenant
Après 10 ans passés assise derrière mon ordinateur, j’ai senti que j’avais besoin de changement. Je suis désormais propriétaire d’une boutique de plantes, de fleurs et d’objets de décoration à Morin-Heights, dans les Laurentides.

Un constat qui s’est imposé…
Plus les années passaient, plus mon travail devenait facile. Je me disais que, normalement, avec l’expérience, il devrait être plus agréable. Or, c’est l’inverse qui s’est produit. C’est devenu plate, j’ai fini par m’ennuyer. J’étais sans doute parvenue à la fin d’un cycle, après 10 années à travailler en graphisme.

Comment cette aventure a commencé
Être propriétaire d’une boutique n’a jamais été un grand projet dans ma vie. Je ne me suis jamais dit: un jour, je vais faire ça. Je suis simplement passée devant ce local, sur la rue principale du village, et j’ai vu qu’il était à louer. J’ai sauté dessus, sans idée précise de ce que j’en ferais. C’est le goût du défi, je crois, qui m’a motivée.

Ma nouvelle réalité…
Est occupée! Je ne m’ennuie pas une seule seconde. Comme je me suis lancée dans le vide, sans expérience en commerce de détail, j’apprends tout sur le tas. Bien sûr, c’est stressant, mais chaque erreur me permet d’évoluer. Par exemple, au départ, j’avais du mal à prévoir la quantité de stock à commander pour répondre à la demande, lors de certaines occasions spéciales. À la Saint-Valentin, j’ai été surprise par le nombre de clients qui sont débarqués, et j’ai manqué de fleurs. Trois mois plus tard, à la fête des Mères, je me suis reprise. Je n’ai manqué de rien !

Ce que j’ai appris sur moi
J’ai toujours eu un petit côté sauvage. En ce sens, le graphisme me convenait puisque je communiquais avec mes clients par courriel et par téléphone. Mais depuis que j’ai ma boutique, je me rends compte que je suis moins timide que je le pensais. Je suis à l’aise avec les gens, je leur donne des conseils. Je suis aussi bonne pour détecter si un client veut magasiner en paix ou s’il a besoin d’un coup de main.

Maude Côté

Parmi les fleurs, les plantes et les objets de déco, Maude est heureuse. Photo : Josie Desmarais

La nouvelle Maude est plus…
Accomplie. Plus complète. La boutique rassemble tout ce que j’aime: les plantes, les fleurs, la décoration et le petit côté vintage que j’ai donné à L’Abri. Quand j’étais jeune, mes parents avaient un jardin, mon père travaillait en horticulture et je l’accompagnais parfois. C’est de là que je tiens mon pouce vert. C’est comme si la boucle était bouclée.

Une épreuve que j’ai traversée
J’ai eu beau croire fermement dans mon projet, avoir confiance que tout irait bien, il reste qu’une fois la boutique enfin ouverte, il fallait que les gens viennent! Au début, je craignais qu’après avoir fait tant d’efforts pour lancer mon entreprise, les clients ne soient pas au rendez-vous. Assise derrière mon comptoir, je regardais le monde passer devant la porte sans s’arrêter, et cela a été une source d’anxiété pour moi. Après tout, j’avais hypothéqué la maison familiale pour ouvrir L’Abri…

Une aide précieuse dans mon projet
Mon conjoint. Quand je lui ai parlé de mon projet, il m’a d’abord dit «non, non, non!», mais il savait que mon instinct était plus fort que tout. Rien ne pouvait m’arrêter. Alors, même s’il travaille à temps plein à Montréal, il a embarqué avec moi. Il m’a aidée à aménager la boutique, à imaginer des étalages originaux, à retaper de vieilles tables au charme rustique. Désormais, je sens que L’Abri le passionne autant que moi.

Ce qui me manque de mon ancien métier
Le temps… Je me rends compte que posséder une boutique exige beaucoup de temps et de disponibilité. Je dois me lever à 5 h pour aller chercher des fleurs et des plantes dans différentes serres de Montréal et des Laurentides. Sans compter que, comme L’Abri est ouvert du jeudi au dimanche, cela signifie que je ne peux plus passer mes week-ends avec ma fille. Heureusement, cet été, la fille d’une amie me donne un coup de main. J’ai donc une employée qui rentre tous les dimanches. Cela me permet de retrouver ma famille.

La flamme de la création brûle toujours
Je n’ai pas complètement abandonné mon côté créatif. Mais le graphisme, maintenant, je le fais pour moi. Je suis ma seule cliente, et cette cliente est toujours contente de mon travail! [Rires] Je fais mon site web, je gère mes réseaux sociaux, je conçois les étiquettes de certains produits. Je crée aussi des cartes de souhaits, des bougies, des huiles essentielles que je vends dans ma boutique. En fin de compte, le graphisme est redevenu un plaisir !

Un conseil pour celles qui seraient tentées de changer de vie
Il faut se lancer, écouter son instinct. Même si ça peut parfois être plus difficile que ce qu’on avait imaginé. Il faut aussi s’armer de patience. Le tableau qu’on s’imagine, il faut le créer une étape à la fois. Et se dire que, dans les moments de doutes ou d’impasse, il y a toujours de nouvelles portes qui finissent par s’ouvrir.

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