Soins du visage et du corps

La peau en 10 questions

Quels sont les réels pouvoirs ? et les limites ? des crèmes pour le visage ? Un spécialiste répond.

C’est Monsieur Cosmétologie en personne : le docteur Daniel Maes, vice-président à la recherche et au développement chez Estée Lauder. Bardé de diplômes (chimie, biologie et dermatologie), expert en produits de beauté depuis 25 ans, cet homme jovial nous aide à mieux comprendre le processus de vieillissement cutané, ses causes, ses conséquences et ses traitements. Nous l’avons rencontré à New York.

Châtelaine : Comment expliquer que la peau se ride, se relâche et se tache avec le temps ?
Docteur Maes : Le vieillissement cutané est le résultat combiné de trois facteurs clés. D’abord, le vieillissement environnemental, qui stresse et oxyde la peau à force d’expositions quotidiennes à la pollution et aux rayons UV. Ses premières manifestations (ridules, taches) émergent dès la vingtaine. Ensuite, le vieillissement hormonal, qui apparaît principalement autour de 45 ou 50 ans, au moment où tout le fonctionnement du corps humain vit un grand chamboulement. Enfin, le plus important des facteurs de vieillissement est chronologique : programmé dans les cellules de chaque individu, ce processus s’active à vitesse grand V dans la soixantaine. Il est immuable et irréversible.

Peut-on entraîner sa peau pour la rendre énergique plus longtemps et ainsi mieux lutter contre le temps ?
C’est un fait : sans énergie, les cellules cutanées s’essoufflent et ont du mal à se régénérer. Des études viennent même de démontrer que la glycation — ou l’excès de sucre dans les cellules — diminue nos rations d’énergie, affaiblit notre combativité cutanée et dégrade nos cellules. Et du sucre, Dieu sait qu’on en consomme à outrance ! Le pire des sucres, c’est le glucose. Ne pouvant être assimilé par les cellules, il ne fait que s’agglutiner aux protéines de la peau et, par réaction chimique, il en bloque l’action antioxydante. Résultat : un trop-plein de sucre dans l’organisme freine le processus de synthèse du collagène, brûle les réserves d’énergie, attise la vulnérabilité de la peau au stress et en accélère le vieillissement. Et les effets de la glycation sont irrémédiables et irréparables.

Les crèmes antirides et antirelâchement ont-elles vraiment le pouvoir de renverser la vapeur ou, à tout le moins, de limiter les dégâts ?
Du seul point de vue environnemental, la réputation des crèmes avec FPS n’est plus à faire. Et — tous les dermatologues vous le diront — le premier geste à faire pour protéger sa peau contre l’usure du temps, c’est encore de la mettre à l’abri derrière un écran solaire. Par ailleurs, aussi incroyable que cela puisse paraître, nos recherches ont démontré que des expositions solaires fractionnées et de courte durée étaient plus dommageables qu’une longue exposition aux UV. Pourquoi ? Parce que le soleil agresse la peau et, toutes les fois qu’on l’y expose, brûle quelques-unes de ses cellules. Pour que les cellules endommagées se régénèrent, il faut laisser à la peau le temps de recharger ses batteries, soit au bas mot quatre heures entre chaque exposition solaire. Imaginez l’hérésie d’avoir à se confiner quatre heures à l’intérieur, pour cinq ou dix minutes passées à l’extérieur ! C’est là, entre autres, que les crèmes interviennent. On les formule de façon à accélérer le processus normal de récupération cellulaire.

Quand au relâchement cutané, les crèmes liftantes ont au moins la capacité de le contrôler, à défaut de pouvoir renverser l’effet de la gravité. Comme la peau a tendance à s’affaisser à mesure que la journée avance et à remonter la nuit, lorsqu’on est couché, les formules antivieillissement stimulent la production de collagène — le tissu de soutien de la peau — pour contenir le phénomène de relâchement. En moyenne, elles arrivent à lifter la peau dans une proportion de 50 % si elles sont utilisées sur une base régulière, appliquées par massages ascendants et combinées à des nuits de sommeil décentes.

On dit que boire tous les jours de 1,5 à 2 litres d’eau rend la peau plus saine. Est-ce réellement le cas ?
L’eau contribue à l’état de santé général du corps humain : elle joue un rôle dans le bon fonctionnement des reins, l’élimination des déchets, etc. Mais son influence directe sur la condition cutanée est limitée, car peu de temps après avoir été absorbée par l’organisme, l’eau s’évapore. Et pour que la peau paraisse souple et saine, il est primordial de retenir l’eau dans l’épiderme, à l’aide d’hydratants.

 

Entrevue ? suite

A-t-il été prouvé que certains aliments ou nutriments contribuent à ralentir le vieillissement ?
Il est vrai que certains éléments participent à la cohésion cutanée. Plus précisément, le calcium, le sélénium, le magnésium et le manganèse sont essentiels à la structure de la couche cornée et de l’épiderme. L’absorption d’aliments qui en contiennent sera bénéfique à la peau, c’est vrai, mais ces nutriments agiront davantage si on les applique sur la peau. Car il ne faut pas oublier que, de toute la nourriture ingérée, seulement 1 % des vitamines et minéraux parviennent jusqu’à la peau, le reste servant au fonctionnement interne du corps et étant par la suite éliminé par les reins. Pourquoi ? Parce que les nutriments sont ioniques et que, à moins qu’ils ne soient fermentés et assimilés à des levures —  comme c’est le cas dans les crèmes antivieillissement — , ils ne pénètrent pas dans la peau. Autre avantage : quand on applique sur la peau des formules à base de calcium ou de magnésium, par exemple, on optimise leur efficacité car on arrive à localiser leur pouvoir d’action sur la zone cutanée qui en a le plus besoin. Bref, pour avoir une peau rebondie et en santé, l’idéal, c’est de combiner un régime alimentaire équilibré à une routine de soins soutenue.

Considérant les percées scientifiques des dernières années, quels ingrédients clés les femmes devraient-elles rechercher dans une crème antirides ?
Ce ne sont certes plus les AHA qui occupent le devant de la scène cosmétique. Parce que ces acides de fruits sont très irritants, on tend de plus en plus à les remplacer par des ingrédients desquamants doux, comme la glucosamine, naturellement présente dans la couche cornée. Autre percée d’envergure : les peptides. Composés, en moyenne, de trois à cinq acides aminés groupés (des dérivés de protéines), ils stimulent la production de collagène, amoindrissent les rides et tonifient la peau, le tout, sans inflammation.

Est-ce que l’utilisation de crèmes antivieillissement à titre préventif, dès la vingtaine, fait prématurément vieillir la peau ?
Pas le moins du monde. Si on décide d’opter pour des traitements antivieillissement à 25 ou 30 ans, on n’ouvre la porte ni à de graves conséquences cutanées ni à de quelconques risques d’accoutumance. Cela dit, un traitement antivieillissement n’aura pas, sur une peau jeune, des performances aussi spectaculaires que sur une peau plus mature, pour la simple et bonne raison que la peau, à 25 ans, ne présente pas encore les caractéristiques d’un épiderme vieillissant (rides, sécheresse, perte de tonus). Alors que les femmes de 50 ans percevront tout de suite les bénéfices directs de la crème (traits retendus, meilleur éclat, plus grande fermeté), les plus jeunes n’en verront les effets qu’à long terme, car à leur âge, n’importe quel soin antirides peut faire office d’outil préventif.

Doit-on appliquer des crèmes toute sa vie ou finissent-elles par ne plus avoir de prise sur le processus normal de vieillissement ?
Les formules antivieillissement de qualité seront toujours bénéfiques à la peau. Chez les personnes de 60 ans et plus, l’effet réparateur de ces crèmes atteindra des sommets, en stimulant la production de collagène, en améliorant instantanément la densité cutanée et en protégeant les cellules des agressions extérieures (pollution, UV). Et ajoutons ceci : plus on vieillit, plus les actifs des soins ont un effet bénéfique perceptible sur le visage, car l’appétit de la peau est alors plus grand et ses besoins, accrus.

La peau s’habitue-t-elle aux actifs des crèmes ? Devrait-on changer régulièrement de produits de soins ?
Non. Notre peau est une enveloppe vivante qui se renouvelle continuellement. Pour tirer plein profit d’un traitement, elle a besoin que le soin qu’on lui apporte soit régulier et constant. Mon conseil aux femmes : une fois que vous avez trouvé la formule qui vous va, tenez-vous-y, à moins que vous ne sentiez que les besoins de votre peau ont changé (suivant votre âge ou les variations hormonales de votre organisme). De nature, la peau est peu encline aux changements. Elle perd ses repères sitôt qu’on bouscule sa routine de soin. Du coup, quand on change souvent d’hydratant, elle est forcée de dépenser des quantités considérables d’énergie pour encaisser le choc. Immédiatement, elle cesse de profiter des bénéfices apportés par le soin précédent, et son éclat comme sa texture en souffrent.

En matière de taches pigmentaires, dans quelle mesure les soins blanchissants sont-ils efficaces ?
Voilà un problème cutané très difficile à résoudre. On arrive à mieux contrôler la production de mélanine aujourd’hui qu’il y a quelques années, mais de là à éliminer les taches déjà présentes sur le visage et le décolleté, il y a place à amélioration. À ce jour, on arrive à réduire de moitié le contraste des taches avec la peau, parce qu’on ne comprend pas très bien encore pourquoi les cellules qui produisent de la mélanine dans ces régions sont plus actives qu’ailleurs sur le corps. Le mieux, c’est encore de se tartiner le visage et le cou d’écran solaire à FPS 15 dès l’émergence des premières taches brunes, pour ainsi freiner leur développement.

 

Nos choix

Pour le visage

Hydratant thérapeutique antivieillissement de B. Kamins Chemist (160 $/62 g) : parce que c’est un soin sur mesure qu’un chimiste d’ici a d’abord créé pour la peau de sa femme à la ménopause.

Soin détoxifiant anti-rides et fermeté LiftActivPro Jour de Vichy (40 $/50 ml) : parce que sa texture riche réconforte les peaux rêches et prévient le creusement de rides en irrigant les zones cutanées sujettes au dessèchement (le contour de la bouche et des yeux, par exemple).

Autres suggestions : Anti-rides défi au temps lotion quotidienne avec FPS 15 de Olay (20 $/100 ml) ; Fluide anti-rides lissant Relance Ultra de Lierac Paris (82 $/40 ml) à l’extrait de figuier de Barbarie ; Sérum intensif anti-rides Lisse Expert Advanced d’YSL (114 $/30 ml).

 

Pour les yeux

Crème Multi-Correctrice Yeux Retin-Ol Multi-Correxion de RoC (32 $/15 ml) : parce que c’est un soin 3 en 1 qui cible les rides, les poches et les cernes. Ici associé à de la vitamine B5 et à des minéraux (cuivre, magnésium, zinc), le rétinol est rendu si doux qu’il convient aux peaux sensibles et réactives.

Autre suggestion : Soin yeux ultra-lissant Ultimate Anti-Âge Perfection de Lancaster (120 $/15 ml).

 

Pour la bouche

Restructurant anti-rides lèvres et contour Ultra Correction Lip Précision de Chanel (65 $/15 g) : parce que les lèvres desséchées et leur contour froissé s’en délectent (qu’on soit fumeuse ou non) et que, en prime, ce soin fixe la tenue du rouge à lèvres, l’empêchant de migrer dans les ridules.

 

Pour le cou et le décolleté

Concentré intensif pour le cou Benefiance de Shiseido (62 $/50 ml) : parce qu’au fil des usages, il tonifie la peau flétrie du cou, du menton et du décolleté. Et après un bain de soleil, c’est comme s’il venait gainer et densifier notre épiderme fragilisé par les UV.

 

Soins nocturnes

Soin correcteur nuit acide glycolique (4 %) et peptide micro-collagène (3 %) de Reversa (30 $/50 ml) : parce que ses ingrédients actifs sont assez concentrés pour entraîner une amélioration visible de la peau, sans pour autant l’agresser.

Complexe de nuit anti-rides avec du rétinol à 0,15 % de NeoStrata (34,50 $/30 ml) : parce que le rétinol à faible dose et la vitamine C profitent de la nuit pour s’activer et exfolier — en douceur et sans risque d’inflammation — la peau.

Autres suggestions : Soin détoxifiant anti-rides et fermeté LiftActivPro Nuit de Vichy (40 $/50 ml) ; Traitement de nuit restructurant Lift-fermeté R3 Lift de Garraud (90 $/50 ml).

 

Traitement ciblé des rides d’expression prononcées

Soin redensifiant profond Intervention Corrective Sérum Végétal d’Yves Rocher (49 $/50 ml) : parce qu’il est fait de composantes végétales pointues. Après examen, les Laboratoires Yves Rocher se sont aperçus que lorsqu’on incisait son tronc, l’arbre d’Acacia sécrétait des protéines pour favoriser sa reconstitution. Ils les ont donc transposés dans un soin anti-âge favorisant la cicatrisation cutanée. Excellent rapport qualité-prix.

Soin réducteur rides intensif Combleur Collagène Décontract’Rides de L’Oréal Paris (27 $/30 ml) : parce qu’il est à base de sphères de collagène qui se logent au creux des rides et prennent de l’expansion au contact de la peau. Résultats : dès la première application, le visage paraît plus pulpeux et ses traits, plus lisses.

Autres suggestions : Comblement intense rides profondes Capture R60/80 Filler de Christian Dior (75 $/20 ml), qui fonctionne par effet d’optique ; Concentré rides profondes visage et yeux Repairwear de Clinique (78,50 $/40 ml) ; Lotion anti-rides Lazer Liquide MD (99,50 $/60 ml), avec technologie Oleosome à libération lente, semblable à celle du laser : une formule aux peptides de pois, aux pépins de raisin et aux extraits de thé vert, blanc et rouge.

 

Soin global

Crème multi-perfection Capture Totale de Christian Dior (135 $/50 ml) : parce qu’elle combat le vieillissement cutané sur tous les fronts (rides, élasticité, taches, éclat). Sans promettre de nous redonner nos 20 ans. Cette crème fait de nous des « happy boomeuses », à l’image de la nouvelle égérie de Dior, Sharon Stone, belle et bien dans sa peau au-delà de 40 ans.

 

 

 

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