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Obama, Bob Gratton et moi

Il y a un moment que je n’ai pas fait de sermon, j’ai laissé passer le débat sur la « madamisation » des médias et même l’affaire Bertrand Cantat. Mais en ce jour d’élection, je ne peux m’empêcher de sauter dans l’arène.

Je lisais qu’aux élections de 2008, nous avons atteint le record du taux de participation le plus bas de l’histoire canadienne, soit 58,8%. Quand un gouvernement peut être élu avec seulement 22% des voix du pays, on a un sérieux problème!

Si 40% de la population ne daigne pas voter, il serait temps de passer aux mesures coercitives : vote obligatoire avec amende salée pour les absents. La pratique est courante dans plusieurs pays dont la Belgique, l’Australie et le Brésil. Au Luxembourg, l’amende peut monter jusqu’à 250 € pour une première offense : les absents ont vraiment tort.

En 2008, j’habitais aux États-Unis où j’ai suivi la campagne qui opposait John McCain à Barak Obama. Quelle campagne! Je n’avais pas de téléviseur chez moi, j’allais voir les débats de chefs dans les bars. Je buvais les paroles d’Obama, je me gavais d’espoir. On attendait aussi impatiemment la prochaine bourde de Sarah Palin et les imitations épiques de Tina Fey à Saturday Night live.

Née au milieu des années 70, mon seul frisson politique remontait au référendum de 1995. J’aurais tant aimé entendre les discours de René Lévesque et même ceux de P-E. Trudeau! Le charisme et la force des mots sur nos âmes désespérées me fascinent. Hier soir, j’attendais patiemment que le président Obama annonce la mort de Ben Laden. Un beau discours, une voix posée, rassurante, un regard franc, une dignité naturelle, j’ai retenu pour la postérité  : « Justice have been done. »

La victoire d’Obama en direct de San Francisco est l’un des plus beaux souvenirs de ma vie, ma seul véritable expérience d’allégresse collective. J’avais l’impression d’assister à la chute du mur de Berlin.  Je suis rentrée chez moi à vélo, sur une symphonie de cris et de klaxons, je souriais, le temps s’est arrêté, les larmes coulaient  sur mes joues. J’ai eu du mal à m’endormir, il fallait changer le monde dès le lendemain, pas le temps de dormir!

Bon, c’est très touchant tout ça, mais quel est le rapport avec l’élection d’aujourd’hui? En 2008, j’ai célébré une promesse de changement après les deux mandats de Bush. Ce soir, je nous souhaite une aussi belle délivrance.

Vous me direz que le gouvernement d’Obama n’a pas rempli toutes ses promesses. Aucun politicien n’est un messie, mais s’il arrive à nous toucher, à nous réveiller, il accomplit déjà un petit miracle. 

Puisque l’histoire se répète un peu trop dernièrement, je vous ressors le discours de Bob Gratton aux élections de 2008. L’humour politiquement incorrect est en voie de disparition alors je le recycle.

« Si vous voulez que notre canada «seille» un état-unien d’Amarique, canadien français bilingue, amaricain du nord, canadien français, all over the world! Votez Harper! »

Et pour apprécier le sens de l’humour d’Obama, ne manquez pas la parodie « The President’s Speech » :

Mes sympathies aux journalistes qui ne dormiront pas beaucoup cette semaine. Ben Laden a tué les unes des médias du monde entier hier soir, c’était son dernier carnage.

Mise à jour du 3 mai : Avec un taux de participation de 61%, à peine plus élevé qu’2008 (59%)  et un gouvernement conservateur majoritaire, je persiste à dire qu’il nous faut un vote obligatoire. De durs lendemains.

 

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