Générale

Pervers pépère

Je ne sais pas chez vous, mais chez nous, les frasques de DSK, directeur du FMI, nous tiennent en haleine depuis samedi soir via Twitter. J’ai rarement vu le mari moins tout neuf -économiste-féministe qui a beaucoup pratiqué le machisme des Français sur le terrain- aussi excité (enfin, façon de parler). Nous sommes en plein festival de Khan!

Pas une télé-série qui ne soit aussi rondement scénarisée. Il y a de tout: du politique, du pipole, des pipes, des Américains puritains et des Français libertins. Une histoire de banquier et de femme de chambre, l’acronyme du FMI (en anglais IMF, « International Maid Fucker » rebaptisé pour l’occasion), des jeux de mots foireux qui parlent de « coup fourré » ou « d’érections présidentielles ». C’est carrément jouissif. Et Sarko qui en rajoute une couche en se comparant à un « pasteur luthérien ». Il a dû sabrer le champagne au lever du jour hier, celui-là.

Et tout ça en direct! Sur Rue89, on peut suivre l’évolution du dossier minute par minute. Le plus intéressant dans cette histoire, à mon avis, c’est l’océan qui sépare les Américains et les Français sur ce qu’est un viol, une agression sexuelle ou une « gâterie » (fellation, chez nous). Qu’on qualifie DSK de « libertin qui ne se cache pas » (Savary, un socialiste: à lire!), que toute la presse française sache que DSK saute sur tout ce qui porte jupon et se fait complice de la chose, cela n’a rien d’étonnant. On prend tous ces petits écarts à la légère et une journaliste a beau se présenter devant l’homme avec un col roulé, c’est plutôt une combinaison de plongée sous-marine qui la protégerait. Si on avait besoin d’une leçon sur le machisme d’une société, machisme dont les femmes se font complice (parce qu’un vrai mec, ça fait de moi une vraie nana), la voici servie, noir sur blanc.

Ce qui m’apparaît le plus évident, c’est qu’au pays du baba et de la Chantilly, la vie se joue sur deux plans. Et tout le monde admet plus ou moins tacitement que le cul mène le monde et que certains mènent davantage que d’autres. Un demi-sourire, un hochement de tête, que voulez-vous, nous les Gaulois on aime triquer, on n’a pas refoulé tous nos instincts comme ces (choisissez le terme qui vous vient le plus commodément à l’esprit) d’Amerloques aseptisés. Et Clinton qui ne pipe mot. Et Berlusconi qui se marre dans son coin. Si les femmes n’étaient pas ENCORE  les dindons de la farce, celles dont on abuse, les fautives (toutes des putes sauf maman), ce serait même drôle. Malheureusement, cette histoire ne montre qu’une chose: ça en prend pas mal pour faire arrêter un agresseur. Surtout quand pas très loin du sexe, il y a le pouvoir.

Même soupçonné et arrêté, les journalistes français hésitent encore:

« @ daftkurt: « Hier soir, l’image glaçante de DSK menotté nous a cloué le bec. Pas un journaliste ne lui a demandé une réaction quand il est sorti. (Twitter, lundi 16 mai, 1h55) »

J’aime lorsque les masques tombent. J’aime lorsque les cultures s’affrontent sur des terrains aussi glissants. J’aime surtout lorsque la vérité éclate et que des tas de gens sont vengés. Le banquier ne jouit plus d’aucune immunité ou d’impunité. C’est justice pour tous. Et certaines vont oser parler, enfin.

Pour vous amuser, et dans un autre ordre d’idée, l’humoriste Pierre Desproges sur une autre figure qui se fissure: BHL et la vraie nature de Bernadette.

MàJ: Parlant de BHL. Il se porte à la défense de son ami. Touchant.

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