En lisant cet article sur l’amour chez les petits hier, je repensais à ma soirée de Saint-Valentin avec mon « Oedipe Roi », si amoureux de sa maman. Nous sommes allés louer une trottinette des neiges sur le Mont-Royal avant de nous empiffrer de p’tits coeurs en chocolat et de regarder Bambi au creux du lit.
Arrivés au Belvédère, devant le chalet de la montagne, je lui ai présenté Montréal mes amours.
– Tu vois? C’est ici que les amoureux viennent s’embrasser. Toi aussi, un jour, tu pourras emmener quelqu’un et lui dire que tu l’aimes.
– Avec LA fille maman?
Ah LA fille! Mon B a éprouvé son premier coup de foudre à l’âge de quatre ans. Il y a deux semaines, dans la salle d’attente du médecin, bang sur la gueule. Je n’étais pas avec lui mais l’histoire veut que ce soit une GRANDE fille. J’ai su qu’il était vraiment en amour lorsqu’il m’a dit: « Je voulais lui donner un cadeau maman! » Depuis, il a le rouge aux joues chaque fois qu’il m’en parle. Parfois, comme ce matin, il veut encore la rêver et me dit: « Parle-moi de la fille maman… »
Alors, je brode, je lui invente une princesse et il sera son chevalier, son super héros, son chasseur d’ours et son bricoleur de lunes, son compteur d’étoiles. Je brode au fil doré et il en redemande. Il fait semblant de se boucher les oreilles.
Pareil à la Saint-Valentin, j’ai rajouté des couches de chocolat. C’est pas tous les jours qu’on a la chance de façonner le dernier des amants romantiques et de l’attraper juste à temps, juste par la pointe du coeur.
– Avec LA fille, tu viendras lui dire que tu l’aimes ici…?
– Ah non, maman, je serai bien trop gêné. Je lui dirai pas. C’est de ma faute maman.
Je lui ai expliqué qu’il n’y a pas de faute quand on aime. Qu’on peut se le dire tant qu’on veut. Mais j’ai aussi compris que le mal d’amour n’a pas d’âge. On porte la douleur comme une faute. Une honte. Y’a encore de l’ouvrage pour faire de mon p’tit homme, un homme, un vrai.
Post-scriptum: Parlant d’un homme un vrai. J’ai appris hier soir que le comédien Jean-Louis Roux s’était battu en duel, à l’épée, pour gagner le coeur de sa femme avec qui il est toujours. La petite cicatrice qu’il a sous l’oeil en témoigne. Now, that’s LOVE. On veut que ça saigne. Macha Grenon dans l’Âge des ténèbres qui observe les preux chevaliers se transpercer sous ses yeux. Match nul. Pas de vainqueur. Mais que d’émotions, que d’émotions.
