Dire qu’il est drôle, pertinent, impertinent, mordant, décapant, c’est déjà répéter ce que tout le parterre en dit ce matin.
Affabulateur, fabuliste, équilibriste, unijambiste, linguiste, il m’a séduite peu à peu. Et comme il répète presque tout deux fois, j’ai pu comprendre facilement. Je n’ai jamais été ferrée en lecture rapide. Hier soir, en se couchant, le fiancé et moi cherchions cet adjectif de Mallarmé pour décrire Rimbaud.
-« Semelle de vent »?
– Oui mais y’avait aussi « un passant con… quelque chose »
Ce matin, bing, je le réveille: – « J’ai trouvé: « Con-si-dé-ra-ble« .
– Moi aussi je l’avais trouvé. Un passant considérable.
Vous dire comme Luchini relève le niveau de nos échanges nocturnes. Juste après ça, le fiancé m’a demandé si j’avais sorti les poubelles. Mais il a tout de même été capable de me dire que cette citation de Nietzsche, joyeusement récitée par Luchini, provenait de « Ainsi parlait Zarathoustra ».
Il est vrai que nous aimons la vie, non que nous soyons accoutumés à la vie, mais parce que nous sommes habitués à l’amour. Il y a toujours un peu de folie dans l’amour. Mais il y a toujours un peu de raison dans la folie. Et pour moi aussi, pour moi qui suis porté vers la vie, les papillons et les bulles de savon, et tout ce qui leur ressemble parmi les hommes, me semblent le mieux connaître le bonheur. C’est lorsqu’il voit voltiger ces petites âmes légères et folâtres, gracieuses et mobiles, – que Zarathoustra a envie de pleurer et de chanter. Je ne pourrais croire qu’à un Dieu qui saurait danser. Et lorsque je vis mon démon, je le trouvai grave, minutieux, profond et solennel : c’était l’esprit de lourdeur – c’est par lui que tombent toutes choses. Ce n’est pas la colère, c’est par le rire que l’on tue.
Il m’a tuée. Ainsi parlait Luchini.
ps: J’ai acheté deux billets pour l’anniversaire de ma maman. Oui, c’est cher, Luchini blague à ce sujet d’ailleurs. Mais vous en connaissez beaucoup des mecs qui vont rajeunir votre maman de dix ans le jour de son anniv? Moi non plus.