Tout le monde n’a pas les aptitudes d’une Edna Kiplagat, d’une Paula Radcliffe, ou d’un Mo Farah pour fracasser des records du monde, collectionner les médailles et monter sur les podiums.
Mais une attitude de champion, c’est à la portée de n’importe qui et ça te révolutionne une vie de coureur (sans compter que c’est tellement plus agréable pour… les autres).
Voyons voir ce qui fait qu’une coureuse monte sur le podium de la meilleure attitude…
1. Une championne a peur.
Bien sûr qu’elle a peur! Comme tout le monde.
Elle y va quand même.
Parce que, comme tout le monde, elle a vu Les Boys et elle croit dans la force de son mental.
2. Une championne ne se crie pas des noms.
Elle ne se traite pas de « poche », de « pouding aux limaces » », de « patate passée date» et autres compliments du genre. Non.
Fille, t’as lacé tes runnings, t’es sortie dehors et tu transpires tes kilomètres? Personne ne peut t’enlever ce mérite-là, personne. Alors que tu coures comme une gazelle de printemps ou comme une tortue centenaire ne change rien à l’affaire.
Il va sans dire que la championne ne traite pas non plus les autres de pouding.
3. Une championne arrive à l’entraînement déterminée à en tirer le maximum.
Un entraînement, ce n’est pas le goulag, ni une pénitence. On a décidé, comme les grandes personnes qu’on est, de faire du sport. Personne ne nous y oblige. On ne se fera pas chicaner si on n’y va pas. C’est un cadeau qu’on se fait. À soi.
Alors quand on y va, on donne tout ce qu’on a.
4. Une championne écoute son corps… mais pas trop.
Un petit bobo, un rhume qui traîne, le ventre qui tire parce qu’on a nos règles. On ne va pas se laisser arrêter par ça, non?
Non.
Ni par la météo d’ailleurs. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.
Allez, dehors.
4. Une championne accepte que la course c’est comme le mariage : pour le meilleur et pour le pire.
Il y a des courses fantastiques où le vent nous porte dans une euphorie qui fait craindre à notre entourage que nous ayons succombé aux effets de substances illicites.
Oui, mes chéris, je l’avoue. Je consomme des endorphines en intraveineuse et je n’ai pas l’intention d’arrêter.
Il y a des courses où rien ne va. Rien. On part trop vite, on frappe le mur, on se traîne tout du long. Et on redécouvre la richesse de notre vocabulaire ordurier. Non, je ne vais pas répéter ici ce que j’ai dit (souvent) tout haut.
Ces jours-là, on aimerait parler au pusher d’endorphines dans le blanc des yeux. Cou’ donc, t’étais où quand j’avais besoin de toi, le grand? Avec une autre, je le savais!
Éventuellement, on relativise les deux. Les mauvaises courses nous gardent humbles et les bonnes nous font apprivoiser la victoire (un concept étranger à beaucoup trop de femmes, croyez-moi).
5. Une championne ne cherche pas d’excuses pour une contre-performance.
T’as mal couru, t’as mal couru. C’est pas le iPod qui a manqué de jus, c’est pas le vent, c’est pas le rhume. T’as mal couru et puis c’est tout. Ce n’est pas la fin du monde. On passe à un autre appel?
On passe à un autre appel.
6. Une championne apprend à vivre pleinement ses victoires.
Dans la joie. Dans la fierté. Et dans la générosité. Toutes les victoires, des plus petites aux plus grandes.
D’abord parce qu’on ne sait jamais qui on pourrait inspirer.
Ensuite, parce qu’il y a une espèce de tabou autour de la performance au féminin. Ce n’est pas mal de vouloir performer. C’est une motivation aussi valable que celle de la santé et du mieux-être. C’est un motivateur puissant, une ivresse bénéfique, un shoot de confiance en soi.
C’est aussi une formidable occasion de remercier ceux qui croyaient en nous alors qu’on n’y croyait pas soi-même. Merci, merci, merci.
7. Une championne reste souple des épaules et de l’esprit.
Des épaules, je laisse le livre de Jean-François Harvey, Courir mieux, vous expliquer pourquoi.
De l’esprit, parce qu’un jour, un entraîneur ou un coureur plus expérimenté vous fera une suggestion. Avant de dire « non, c’est pas pour moi », c’est toujours une bonne idée d’essayer, ne serait-ce que pour pouvoir dire en toute connaissance de cause « non, ce n’est pas pour moi ».
D’un coup que ce soit exactement ce qu’il vous fallait…
8. Une championne fait confiance à son instinct.
La vibe d’un groupe n’est pas bonne? Un entraîneur se préoccupe plus de l’argent qu’il fait que de l’amélioration de ses poulains? Ne doutez pas de votre « petite voix ». Si elle vous dit de fuir, faites-le. Ça tombe bien, vous avez déjà des runnings dans les pieds.
9. Une championne accepte le défi.
Un entraîneur ou un coureur plus expérimenté vous a vue courir et il/elle croit que vous êtes capable de plus? Par exemple de courir ce kilomètre en 7 minutes au lieu des 8 minutes habituelles?
Tant que la preuve n’a pas été faite, la championne met un moratoire sur l’expression « pas capable ».
La seule réponse possible est « si tu penses que je peux le faire, d’accord, je suis prête à essayer ».
Et on fait confiance à son coach et/ou son mentor. Le mentor est passé par là avant, il/elle connaît le chemin. Y’a qu’à s’embrayer le tigre dans le moteur et à suivre.
10. La championne accepte d’avoir tort.
Par exemple quand le coureur mentor accueille sa championne à la ligne d’arrivée avec une bouteille de champagne parce que, hey, « tu l’as couru en bas de 7 minutes du kilomètre, qu’est-ce que je t’avais dit ».
Dans ce temps-là, on ne s’obstine pas. On reconnaît gracieusement ses torts et on boit le champagne.
Jusqu’à la lie.
À mardi les championnes!
À lire : tous les billets de blogue de Geneviève Lefebvre.