Blogue La course et la vie

L’angoisse du coureur au moment de la longue sortie

Quelques trucs pour déjouer l’anxiété de performance.

Geneviève Lefebvre

Geneviève Lefebvre

Ça nous arrive tous.

Un jour, face au plan d’entraînement, on regarde le chiffre sur la feuille et… on capote.

My God. Le chiffre n’a jamais été aussi gros. Aussi intimidant.

L’angoisse monte. On ne veut pas y aller. D’ailleurs, il y a une montagne de lavage qui nous attend et tout à coup, faire le tri entre la couleur et le blanc nous semble la tâche la plus glamour du monde.

Bref, un magnifique cas de bonne grosse procrastination face à ce que les psys appellent « de l’anxiété de performance ».

Voici quelques trucs, nés au fil de ces angoisses (eh, faut bien que ça serve à quelque chose)!

1. Nier l’évidence, c’est-à-dire partir une brassée, comme si on avait décidé que le lavage était la priorité #1, ce qui provoque un soulagement instantané de l’angoisse. Profiter de cette fenêtre de déni pour enfiler en toute légèreté son fuseau, ses runnings, sa montre.

2. Partir en se disant « je vais juste faire « une petite vite », de toute façon, il faut que je retourne mettre le linge dans la sécheuse. »

3. À force de se réchauffer, refaire connaissance avec ses jambes et oublier (un peu) le lavage, mais pas assez pour éviter la tentation de rentrer à la maison à la course.

C’est ici que tout se joue…  Comme disent les anglais : « Keep calm, carry on ».

4.  Faire un pacte avec l’angoisse. Séparer la distance en trois parties égales et se donner la permission de revirer de bord à la fin de chacun des tiers (mais pas avant). Par exemple, si la distance prévue au programme est « 9 km », se dire : « je vais en courir 3 et si ça ne va pas, je rentre ».

À la fin de son troisième kilomètre, il y a de fortes chances pour que le lavage ne fasse plus du tout partie de notre imagerie mentale et soit remplacé par la planification d’un voyage aux îles Fidji (on peut rêver…) ou l’écriture d’une chronique sur l’anxiété de performance.

La magie des endorphines opère et on peut enfin mettre nos priorités « à la bonne place » (à Fidji, plutôt qu’au cycle « très sale »).

Toujours grâce aux effets de la drogue, la Voix (Louis-Jean ou Isabelle, prenez-en une belle tant qu’à faire) vous parle.

–       Bon, ben, premier tiers de fait ma grande, qu’est-ce que t’en penses ? On en fait un deuxième ?

–       Enweye donc, ma championne.

Vous remarquerez l’influence déterminante d’un vocabulaire positif sur le mental de l’athlète. S’encourager à grands coups de « ma grande » et de « championne » quand on mesure 5’2 » et qu’on a déjà terminé dernière dans une course, c’est du renforcement positif de première catégorie. C’est gratuit, il y a tous ces kilomètres à conquérir, on ne va pas se priver.

Istockphoto

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Courir son deuxième tiers « en championne » (à tout le moins dans sa tête). Ça baigne et tiens donc, ça passe presque trop vite…

La fatigue s’installe, certes, mais une fois rendue au face à face avec le dernier tiers de son kilométrage, que voulez-vous qu’une fille « faise »?  Qu’elle appelle un taxi?!

Non. Arrière Satan (tiens, la Voix fait un retour en force)!

« Fille, t’as couru les deux premiers tiers, tiens bon, t’es presque rendue ».

Et c’est comme ça qu’on pousse la porte de la maison après avoir couru sa plus longue distance à vie, les jambes en jambon meurtri, fière d’avoir envoyé l’angoisse au tapis et… prête à faire face à une montagne de lavage.

Qu’importe. On l’a faite cette longue course, on l’a bien faite et qui sait? Fidji est peut-être à portée de main…

 

P.S. Si d’aventure ça se passe vraiment mal, on utilise son « joker » sans remord. Ça ira mieux demain, et le lavage sera à jour… 

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