Elle a beau faire partie des quatre saisons de la vie d'un coureur, on la boude, on la dédaigne, on la redoute. Trop froid, trop glissant, trop de neige.
Trop d'hiver finalement.
Pourtant, vous avez lu toutes les informations pertinentes sur l’art de s’habiller multi-couches, la nécessité (ou pas…) des crampons, les vertus du masque de voleur de banque.
Ça ne vous a pas convaincu.
Alors à vous, âmes sensibles qui ignorez votre Viking intérieur, j’ai quelques mots à vous dire.
Vous vous souvenez de quand on avait quinze ans et que l’école organisait une sortie de ski?
Nous parents nous boutaient hors du lit alors qu’il faisait encore noir. On partait dans l’aube glaciale, les bottes pas attachées, le manteau ouvert, les yeux collés ben dur.
On se retrouvait en haut d’une montagne, casse-cou ou « chicken », mais devant une seule possibilité, la même pour tous. On avait monté, il allait falloir descendre.
Les papillons (ils devaient être gelés les pauvres) au ventre devant le vertige de la pente, on finissait par se donner l’élan qui nous ferait glisser jusqu’en bas.
Une fois la première descente faite, complètement ivres de bosses, de neige folle et d’euphorie, on ne pensait qu’à une chose; recommencer.
Ce qu'on faisait jusqu'à ce que les pieds nous gèlent et la face nous fende.
À la fin de la journée, on s’entassait dans l’autobus jaune mal chauffé, les joues rouges, les cheveux écrasés par la tuque, l’estomac dans les talons et les hormones dans le tapis.
Et ce moment où la cuillère s’enfonçait dans le gratin bouillonnant de la soupe à l’oignon était d’une telle perfection qu’on en oubliait complètement nos angoisses adolescentes.
Courir l’hiver, c’est avoir quinze ans.
Dans ce que cet âge offre de meilleur: l’appétit, les hormones et la première bouchée de soupe à l’oignon.
Gratinée.
Go, les Vikings!
Photo : IstockphotoInscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine