Gastronomie

Banc d’essai : poutines gastronomiques

Ne reculant devant rien – pas même les calories –, on a testé pour vous les versions 2.0 de ce classique québécois de plus en plus revisité par nos chefs. Les poutines au foie gras, au homard ou à la chaudrée de palourdes sont-elles meilleures que celles de La Belle Province? Notre verdict.

La poutine à la chaudrée de palourdes du Oyster Shack

 


 

La poutine
De fines frites nappées de la traditionnelle Boston Clam Chowder – incluant palourdes, pommes de terre, crème, oignons et carottes –, le tout gratiné aux trois fromages : suisse, mozzarella et cheddar.

L’originalité
Servir de la soupe sur des frites? Aucun doute : le chef du Oyster Shack a beaucoup d’imagination! Si, au départ, on était très sceptique à l’idée que cette variation tenait la route, on avoue avoir été agréablement surpris… elle est à cent mille lieues de la poutine traditionnelle, mais crée tout autant une dépendance!

On aime
La sauce crémeuse, ponctuée de palourdes, qui intègre parfaitement le fromage, ce qui lui procure une belle onctuosité.

Le bémol
Les puristes devront passer leur chemin : cette poutine n’a absolument rien à voir avec celle de Drummondville!

L’expérience
Chaloupe en guise de bar, cages à homards accrochées au plafond, fontaine en forme de sirène… Il n’y a pas à dire : la déco du Oyster Shack dépayse tout autant que sa poutine! L’espace d’un repas, vous croirez être sur le bord de la mer… ne manquent que le son des vagues et les mouettes!

Le rapport qualité-prix
Excellent : 10,95 $ pour une copieuse portion.

 

La poutine au lapin braisé de L’Atelier

 


 

La poutine 
Une belle pièce montée, où se superposent morceaux de lapin braisé, tranches de cheddar vieilli, pommes de terre cuites au four, le tout généreusement nappé de sauce barbecue.

L’originalité 
Oubliez dès maintenant les récurrents maux d’estomac qui surviennent après l’ingestion de la poutine classique : ce plat n’a peu à voir avec l’habituelle montagne de calories! Si on le nomme « poutine » sur le menu, il s’agit plus d’une inspiration que d’un calque du mets national.  

On aime 
D’abord, la présentation du plat : les morceaux de lapin et de pommes de terre imbriqués pour former une petite pièce en hauteur. Et, par-dessus tout, les ingrédients qui évoquent la poutine, sans en causer les désagréments! Un vrai coup de cœur!

Le bémol 
Si on espérait manger une poutine, on sera d’abord déçu… puis agréablement surpris!

L’expérience
Sympathique resto de quartier du Mile-End à l’ambiance feutrée, avec trame sonore indie; c’est un endroit de choix où passer une agréable soirée. De plus, c’est un apportez votre vin.

Le rapport qualité-prix
Il en coûte 12 $ pour une généreuse entrée.

La poutine au homard du Garde-Manger

 


 


© Jean Longpré

La poutine
Une poutine garnie de morceaux de homard et de fromage en grains, servie dans un petit poêlon en fonte.

L’originalité
Le chef Chuck Hughes n’a pas peur d’avoir recours à des ingrédients inusités : après tout, parmi les incontournables qui figurent à la carte du Garde-Manger, on trouve bien une barre de chocolat Mars frite! Nous voilà à peine surprises d’apprendre qu’on doit le petit goût sucré de la sauce à rien de moins qu’une bonne dose de ketchup!

On aime
La poutine de Chuck Hughes est à l’image de son restaurant : à la fois irrévérencieux, convivial et… un brin snobinard! Le pari est réussi : la texture du fromage en grains s’accorde parfaitement à celle du homard, tandis que la sauce en rehausse la délicate saveur.

Le bémol
Bien que les frites de Yukon Gold soient délicieuses, celles qui se trouvaient dans notre assiette, lors de notre passage, nous ont paru quelque peu courtaudes…

L’expérience
C’est peu dire : l’ambiance festive du Garde-Manger a eu des échos jusque dans le New York Times! Attention : il faut toutefois faire preuve de persévérance pour s’y restaurer puisque cet antre très sélect affiche complet assez rapidement.

Le rapport qualité-prix
Moyen, si l’on considère qu’il faut débourser 21 $ pour une portion qui laissera les gros appétits sur leur faim…

 

La poutine de Charlevoix au porc braisé et au fromage Migneron du Méchant Bœuf

 


 


© Camille Barrière-Brunet

La poutine
Cet effiloché d’épaule de porc braisée pendant huit heures s’intègre parfaitement à la sauce, à base de fond de veau, lui conférant une texture viandeuse et épaisse. Les frites arborent une couleur bien brune et offrent le juste milieu entre le mou et le croustillant. Le Migneron de Charlevoix vient, quant à lui, ponctuer le tout avec son goût fort et salé.

L’originalité
Ces variations ne dénaturent en rien l’idée qu’on se fait d’une bonne poutine et n’en renouvellent pas non plus le genre. En fait, le plat goûte exactement ce à quoi l’on s’attend : délicieux au début, il tombe ensuite comme une brique dans notre estomac!

On aime
Conservant les ingrédients de base de la poutine traditionnelle, fromage-patates-sauce brune, cette poutine la porte à un niveau supérieur sans toutefois la dénaturer.

Le bémol
Bien que le Migneron de Charlevoix contribue à l’onctuosité de la sauce, il s’y perd malheureusement, nous faisant presque regretter la texture caoutchouteuse du fromage en grains.

L’expérience
Situé au cœur du Vieux-Montréal, le resto offre une ambiance décontractée, musique rock en trame de fond et service affable.

Le rapport qualité-prix
Plutôt économique si l’on considère qu’après cette entrée à 12 $, vous risquez de vouloir sauter le plat principal… et le dessert!

La poutine au steak au poivre et au fromage de la Suite 701

 


 

La poutine
Un gigantesque lit de frites maison nappées d’une onctueuse sauce au poivre vert… Le tout garni de tendres tranches de contre-filet grillé (cuisson moyenne saignante) et de fromage en grains.

L’originalité
Les morceaux de viande, bien sûr, qui, à eux seuls, constituent un repas complet, et la sauce au poivre vert, qui s’y marie à la perfection.

On aime
Les frites, juste assez croustillantes. La viande, tendre et goûteuse. Surtout, la sauce qui, grâce à un ingrédient secret, donne au plat un goût riche, un brin sucré. On est loin des sauces brunes ou barbecue classiques et, sans mauvais jeu de mots, on peut dire que le secret est dans la sauce! 

Le bémol
Aucun! Mais bon, puisqu’il faut en trouver un, disons que, comme cette poutine est immense, au moins la moitié du plat risque de finir dans un doggy bag. Or, une fois réchauffée au micro-ondes, la poutine devient plus qu’ordinaire… Il vaut donc mieux la déguster sur place, encore fumante, et partager le plaisir à deux pour éviter le gaspillage (et même là, il pourrait en rester…). 

L’expérience
Ce lounge branché, situé dans le chic hôtel Place d’Armes, propose un décor qui mêle habilement des éléments de différents styles (Renaissance, contemporain…). Le personnel est courtois et sympathique.

Le rapport qualité-prix
Excellent vu les ingrédients de qualité et les portions remarquables. Pour 20 $, on comble sans problème l’appétit de deux personnes!

 

La poutine au canard confit du Urba Resto Lounge

 


 

La poutine
Une sauce consistante recouvre des pommes de terre coupées en quartiers et une généreuse portion de canard confit effiloché, le tout accompagné de fromage en grains classique.

L’originalité
Outre le canard confit, le fait que les pommes de terre soient en quartiers donne une allure différente à cette poutine, un peu cousine du parmentier.

On aime
La saveur intense du confit de canard donne du punch à l’ensemble, et les morceaux de pommes de terre, quand ils sont petits, sont bien croustillants.

Le bémol
La sauce qui enveloppe les frites est malheureusement un peu trop épaisse, ce qui l’empêche de bien en répartir la saveur et de réchauffer pleinement le fromage.

L’expérience
Urba Resto Lounge
est certainement l’endroit le plus branché du très banlieusard quartier du Campanile, à Sainte-Foy. Coffrages en béton apparent, portes de garage et finition métallique créent un décor simple et attrayant, qui devient vite bruyant et animé, à l’heure du lunch comme en soirée.

Le rapport qualité-prix
À 16 $, ce n’est pas une aubaine ou un snack économique, mais l’abondance de canard confit justifie le prix.

La poutine aux gnocchis du Macaroni Bar

 


 

La poutine
Les habituelles frites grasses ont été remplacées par des gnocchis format mini fraîchement préparés et frits par le chef Sergio Mattoscio; la sauce brune fait place à une douce et onctueuse (et riche!) sauce à base de crème. De la recette originale, on n’a conservé que le fromage en grains.

L’originalité
Voilà une appropriation tout italienne du classique québécois!

On aime
Les saveurs qui fondent délicieusement en bouche, la fraîcheur des ingrédients et, par-dessus tout, les petits gnocchis frits! On est séduit par le raffinement de ces pâtes italiennes… et heureux de ne pas perdre le goût du fameux fromage en grains!

Le bémol
Cette douceur culinaire se déguste en petites quantités… cholestérol oblige!

L’expérience 
Situé sur la Main, le Macaroni Bar tient plus de la boîte de nuit que du restaurant… On n’y va donc pas pour un souper en tête-à-tête, mais plutôt pour un repas bien arrosé entre amis.

Le rapport qualité-prix
Une petite portion tout à fait suffisante coûte 13 $.

 

La poutine au Migneron de Charlevoix et à la sauce aux champignons du Orange Bistro

 


 

La poutine
Champignons en tranches et fromage Migneron fondu garnissent le dessus de cette poutine aux frites dorées et croustillantes, rehaussé d’une sauce de style demi-glace goûteuse.

L’originalité
Pour éviter que le fromage râpé ne disparaisse dans la sauce, la poutine est passée au grill, avec le fromage sur le dessus, la sauce étant ajoutée après coup à l’assiette.

On aime
Les frites sont bien croustillantes, la sauce aux champignons est savoureuse à souhait et le Migneron fait du fromage un acteur véritable des saveurs, plutôt qu’une simple texture salée.

Le bémol
Le fromage râpé et fondu, ça ne fait jamais totalement l’affaire dans une poutine, fusse-t-il aussi bon que le Migneron. Du fromage en cubes, à la place?

L’expérience
À la belle saison, la terrasse du Orange Bistro est l’une des plus agréables de Baie-Saint-Paul. À l’intérieur, la salle aux sièges en cuir et aux boiseries foncées est confortable et chaleureuse.

Le rapport qualité-prix
À 9,95 $, vous ne serez pas ruiné et vous serez amplement nourri, avec une sauce et du fromage savoureux sur des frites de bon aloi.

La poutine au foie gras du Pied de cochon

 


 

La poutine
Un morceau de foie gras poêlé trônant sur des frites dorées, accompagnés d’une sauce hyper riche à base de foie gras, de jaunes d’œufs et de crème 35 %.

L’originalité
Le chef Martin Picard a probablement été le premier à lancer le bal des poutines gastronomiques avec cette célèbre version au foie gras! Aucun doute que son plat signature a contribué à faire de lui le digne représentant d’une cuisine du terroir revisitée avec une dose d’humour (et beaucoup de colories)!

On aime
Les amateurs mordront à pleines dents dans le morceau de foie gras poêlé, mais apprécieront particulièrement la décadente sauce aussi crémeuse… que de la crème!

Le bémol
Comme tous les plats de Martin Picard, la poutine au foie gras doit faire grimper radicalement notre taux de cholestérol! À consommer avec modération si l’on veut éviter la crise… de foie.

L’expérience
Les chanceux (ou malchanceux, c’est selon) pourront apercevoir le plus impressionnant plat du Pied de cochon, une tête de cochon entière servie pour la modique somme de 75 $…

Le rapport qualité-prix
Bien que le foie gras justifie la note de 23 $, certains préféreront plutôt la poutine classique à 7 $, qui figure aussi sur le menu… D’autant plus que la portion qui nous a été servie, lors de notre passage, nous a semblé moins gargantuesque que dans nos souvenirs!

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