Tendances

Tatouage au féminin

Maintenant que les célébrités les arborent fièrement, les tatouages chez les femmes ne choquent plus personne. Ce serait même le phénomène de l’heure en matière de beauté!


 

Le tatouage au féminin, qui, à d’autres époques, ne se voyait que chez les phénomènes de foire et les jeunes marginales, court aujourd’hui les rues. Bien que le nombre des femmes tatouées ne soit pas officiellement recensé, on ne peut que constater qu’elles sont dorénavant légion! Ainsi, en 2009, des mannequins affichant des ta­touages faisaient leur apparition dans les vitrines de La Baie et, en 2011, une poupée Barbie tatouée voyait le jour! S’il nous est impossible de dénombrer les salons de tatouage au Québec, on sait toutefois qu’au cours des dernières années le Bureau de santé publique de Toronto a rapporté une augmentation spectaculaire du nombre de commerces spécialisés dans cet art (on en compte 94 dans la seule ville de Toronto), et les services d’inspection de Santé publique Ottawa ont dû accroître leurs effectifs pour suivre cette croissance exponentielle. Par ailleurs, en 2009, un juge statuait que les tatouages – visibles – d’une Québécoise étaient acceptables dans son milieu de travail en garderie.

Un sondage récent, quoique non scientifique, confirme que l’intérêt pour cette forme d’art n’est plus lié à l’âge. Nous avons interviewé des jeunes dans la vingtaine au corps entièrement recouvert de dessins et d’autres qui n’en voudraient pour rien au monde. De même, nous avons recueilli des témoignages d’amatrices dans la quarantaine et la cinquantaine ainsi que de baby-boomers qui songent à se lancer pour la première fois dans l’aventure.

Avec quatre amies, Annick Rosay, une psychologue de 34 ans, s’est fait faire un tatouage sur le pied l’été de ses 20 ans. «Nous étions déjà proches, mais ce geste nous a soudées. Nous sommes presque devenues un clan. On est toujours de très bonnes amies et je pense que cette marque n’y est pas étrangère. Elle symbolise l’amitié qui dure, la jeunesse et ses gestes spontanés, ceux que l’on fait sans trop réfléchir et sans penser au lendemain.»

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«Je me fais faire des tatouages depuis 20 ans. Au départ, c’était pour l’esthétisme de la chose. Maintenant, ma démarche est plus personnelle et plus symbolique, explique Stefannie Larichelière, 40 ans. Sur mes bras, c’est lié à ma vie depuis le début de la trentaine, l’amour, l’engagement, le passage du temps, la famille et la vie en ville. Prochaine étape? Les jambes et les pieds. Et parce qu’ils servent aussi à danser, je parie que les motifs seront festifs! Depuis un peu plus de deux ans, j’ai la même tatoueuse. Nous nous comprenons en matière de dessin et sa pratique me convient. Une relation très étroite se crée entre tatoueur et tatoué. C’est important d’avoir une confiance totale en l’artiste qui pose ses aiguilles sur nous.»

Le désir irrépressible de se décorer est vieux comme le monde. Selon Joann Fletcher, égyptologue à l’Université d’York, en Angleterre, seules les femmes étaient tatouées dans l’Égypte ancienne et ces marques semblaient liées à leur fertilité et à leur rôle dans la procréation.

Aujourd’hui encore, outre l’ornementation, les femmes associent souvent leur geste à un événement marquant de leur vie?: naissance d’un enfant, décès de leur mère ou amour disparu…

Pour Angela Cammilleri, 20 ans, le tatouage a été le moyen de traverser une lourde épreuve, soit la mort de sa grand-mère?: «J’étais très proche d’elle. On faisait tout ensemble. Je voulais quelque chose qui me la rappelle chaque jour. Je me suis donc fait tatouer son surnom sur l’avant-bras gauche, au-dessus de la veine qui monte jusqu’au cœur.»


 

En dépit des mœurs changeantes et des photos de célébrités qui nous rappellent constamment leur insatiable appétit pour cette forme d’expression, de nombreuses femmes ne comprennent toujours pas cet engouement. Si la douleur constitue un élément dissuasif important, l’idée de la permanence reste sans doute l’aspect le plus rebutant. Se faire tatouer, c’est comme s’engager à porter le même bracelet ou la même ombre à paupières toute sa vie!

De plus, comme le souligne Terisa Green, archéologue et auteure du livre Ink – The Not-Just-Skin-Deep Guide to Getting a Tattoo, le fait de se faire tatouer expose aux fréquentes questions de purs étrangers, et ce, pour toujours!

Cependant, pour les adeptes telle Tellie Hunt, une Torontoise de 20 ans, les ta­touages rehaussent sans aucun doute la beauté?; il s’agit même d’une façon de s’exprimer qui va bien au-delà de la mode ou du maquillage traditionnel. «Je crois que, lorsque les gens me regardent, ils ne voient pas seulement l’enveloppe extérieure, ils devinent aussi ce qui se cache en dedans, dit-elle. Avec mes tatouages, je me sens davantage moi-même.» Comme le résume si bien Terisa Green, «aucune femme ne se fait tatouer en pensant que ce choix ternira sa beauté».

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