Entrevues

Patrick Huard s’expose

Il croit au couple, à l’amour romantique, aux rituels quotidiens. Oubliez son air fendant… Et écoutez-le parler franchement.

Patrick Huard s'expose


 
Patrick Huard s’expose

Macho, baveux, irrévérencieux, Patrick Huard? Sans doute. Mais pas seulement. L’homme prône le retour du romantisme et de la galanterie, et – visiblement amoureux de sa copine, la chanteuse Anik Jean – il protège jalousement sa bulle familiale. Grand contraste avec Funkytown, le film de Daniel Roby qui prend l’affiche le 28 janvier. Patrick Huard y tient la vedette avec le personnage de Bastien, un animateur télé de la période disco de la fin des années 1970, à Montréal, qui plonge dans la déchéance après avoir connu la gloire. Avec lui, nous avons eu envie de parler des relations entre les hommes et les femmes, du couple, de l’engagement, de la fidélité.

Il a dit oui…

Pour toi, quel serait le couple mythique?
Ken et Barbie. Je trouve qu’ils ont réussi à garder une relation durable en respectant leur personnalité respective. Tous les gars rêvent d’être comme Ken : dans un coffre à jouets, il y en a un seul et toujours six ou sept Barbie! Sinon, ce sont souvent des personnages de cinéma qui m’inspirent. J’ai adoré Sur la route de Madison. Chaque fois que je vois ce film, je braille. Il y a aussi le couple de Quand Harry rencontre Sally : c’est une relation basée sur l’amitié et la complicité.

Ce sont des films romantiques, ça… Les Québécois n’ont pas la réputation d’être des maîtres de la séduction…
Ils ne sont pas très bons. Mais soyons honnêtes, accepteriez-vous qu’ils se comportent comme les Européens? Je ne pense pas qu’une Québécoise aimerait que quatre gars la suivent dans la rue en sifflant et en parlant de cul. En vacances, c’est exotique ; au quotidien, c’est une autre affaire.


Patrick Huard : la séance photo


 
Patrick Huard : la séance photo

Patrick Huard : la séance photo
S’il sait se faire galant, Patrick Huard a aussi l’âme d’un dur à cuire avec ses bijoux métalliques et ses tatouages (dont son premier, un cadeau de sa mère).

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Il y a quand même une différence entre le macho et le séducteur…
Je pense qu’on a perdu le sens du romantisme, et c’est dommage. Et je crois que c’est le rôle des hommes d’enseigner aux garçons l’art d’être galant. Lors de mon premier rendez-vous, je suis allé voir E.T. avec une fille de ma classe. J’étais en sixième année. Mon père m’avait bien expliqué qu’après le film je devais aller la reconduire chez elle et saluer ses parents. C’était un méchant détour en autobus! J’ouvre toujours la portière de l’auto à ma blonde. Au début, elle ne voulait pas. Je lui ai dit : « Là, tu vas me laisser faire ma job de gars, et tu vas t’occuper de la tienne. Tu vas sourire et attendre que je te fasse monter. » Je fais ça avec ma mère, ma fille, ma sœur, bref avec toutes les femmes. Ça fait partie d’un rituel de séduction.

Quel est le meilleur conseil à donner aux célibataires masculins?
Écouter! Il n’y a rien qui intéresse moins une fille qu’un gars qui parle de lui. Et puis, les hommes sont paresseux. Si un célibataire s’en va quelque part où il y aura des femmes, qu’il se force un peu : qu’il prenne une douche, s’habille comme du monde et s’assure de sentir bon. Il faudrait que les gars comprennent que dans 95 % des cas les filles peuvent avoir celui qu’elles veulent. Et que pour eux, c’est l’inverse : ils ont accès à 5 % de celles qui les intéressent. Le pouvoir de séduction, c’est la femme qui l’a. Si tu vas dans un bar de rencontre, les filles sont des snipers, et les gars, des trappeurs. Pour arriver au même résultat, ils posent 41 collets. Elles, elles arrêtent leur choix sur un mâle, le visent, et hop, elles partent avec lui. C’est elles qui décident. C’est comme ça et c’est tout. Ça ne sert à rien de se fâcher.
Alors, ta définition d’un couple harmonieux, c’est une fille qui mène et un gars qui écoute?
Un couple qui fonctionne, pour moi, c’est deux personnes qui trouvent une méthode qui marche pour elles et qui se fichent complètement de ce que les autres pensent. Ça me fatigue, les gens qui ont des théories sur la façon d’y arriver alors qu’eux sont seuls ou en train de divorcer.


Patrick Huard : la séance photo


 
Patrick Huard : la séance photo

Patrick Huard : la séance photo
S’il sait se faire galant, Patrick Huard a aussi l’âme d’un dur à cuire avec ses bijoux métalliques et ses tatouages (dont son premier, un cadeau de sa mère).

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Tu te sens parfois jugé par rapport à tes relations?
Oui. J’ai souvent eu des commentaires sur ma vie personnelle. Je trouve que s’il y a un peuple, présentement, qui devrait fermer sa gueule sur ce genre de question, c’est bien les Québécois. Il y a 2,5 millions de personnes à Montréal dont un million de célibataires. On est si individualistes, c’est hallucinant. Je ne pense pas qu’on puisse affirmer être des spécialistes du couple durable. En commençant la relation, on a un pied dehors, la sortie facile…

Peut-on avoir plusieurs relations amoureuses en même temps?
J’ai déjà pensé ça ; j’ai déjà dit ça. Mais je crois maintenant que, quand tu es amoureux et que tu veux bâtir quelque chose de solide avec quelqu’un, c’est important de s’engager. Je crois que dès le début il faut s’investir. Pour ça, on doit trouver la bonne personne, celle avec qui on se voit vieillir. Après, ta job, c’est de la garder et d’accepter les hauts et les bas.

Faut-il tout dire à l’être aimé?
Je ne fais de cachotteries à personne, mais je suis quelqu’un de secret. C’est comme ça avec tout le monde. Parfois, je ne partage pas quelque chose parce que je veux conserver ce moment intact. Si je vais manger avec ma mère et qu’on discute, qu’on passe un bon moment, je ne parlerai pas de ça. Ça nous appartient.


Patrick Huard : la séance photo


 
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S’il sait se faire galant, Patrick Huard a aussi l’âme d’un dur à cuire avec ses bijoux métalliques et ses tatouages (dont son premier, un cadeau de sa mère).

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Qu’est-ce que tu attends d’une partenaire?
Qu’on ait une belle complicité, qu’on soit solides, en symbiose. J’ai besoin de sentir qu’on est inébranlables. Après, c’est sûr, tu veux avoir du fun avec ta blonde, rire et avoir des activités en commun avec elle, la trouver séduisante. Tu veux qu’elle soit à ton écoute, généreuse, que l’échange soit mutuel.

Qu’est-ce que les femmes attendent des gars aujourd’hui?
En général, je les trouve très peu amoureuses des hommes… Depuis près de 20 ans, dans les médias, il s’est dit et écrit des choses pas très gentilles sur eux : le hockey, c’est niaiseux, et les joueurs sont des nonos qui font des millions à pousser une puck ; les policiers sont des « mongols » armés qu’il faudrait faire enfermer ; les soldats sont stupides et ne devraient même pas exister… On a attaqué tous les modèles masculins et on les a réduits en poussière. J’ai la prétention d’être resté un vrai gars. Ça ne m’empêche pas d’être gentil, galant, romantique, mais je suis un homme : je pisse debout, j’aime faire cuire des steaks sur le barbecue, rouler dans mon pick-up, aller à la pêche à la mouche, jouer avec mes outils, parler de hockey avec mes amis, jouer au poker et sacrer en buvant des martinis. Barbie et Ken ne changent pas : elle, c’est elle, et lui, c’est lui. Ils s’arrangent ensemble. Pourquoi veut-on transformer l’autre? Pour quelle raison les femmes désireraient-elles modifier l’essence même de ce que sont les hommes? Et pourquoi les gars souhaiteraient-ils que les filles soient différentes? On n’est pas pareils et c’est ce qui fait la beauté de l’affaire.

D’où te vient cette façon de voir les choses?
Toute ma famille vient d’un petit village gaspésien qui s’appelle Paspébiac. Celle de ma blonde habitait dans une localité nommée Bonaventure. On a passé beaucoup de temps là l’été dernier. Et ça m’a frappé : là-bas, les gars ont le droit d’être des gars. Ils ont leurs jouets à eux et les femmes du coin aiment ça. Les hommes ont leur quatre-roues, leur garage, leur canne à pêche, leur hache, leur scie, leur perceuse, et c’est correct.


Patrick Huard : la séance photo


 
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S’il sait se faire galant, Patrick Huard a aussi l’âme d’un dur à cuire avec ses bijoux métalliques et ses tatouages (dont son premier, un cadeau de sa mère).

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C’est le côté métrosexuel qui t’agace?
Je n’ai rien contre. Moi-même, je l’ai un peu! Mais là, la crème de nuit et tout le reste… Peut-on passer à autre chose, s’il vous plaît? Ça ne nous intéresse pas. Il y a la petite coche de trop à un moment donné.

Le féminisme existe encore, selon toi?
Oui! Je l’espère parce que c’est très important. Il ne faut pas lâcher ce combat. La lutte est planétaire, et on s’entend qu’à certains endroits, elle est en retard…

La perspective de coucher avec la même fille pour le reste de ta vie, c’est réconfortant ou angoissant?
Réconfortant! Je suis un gars de quotidien, j’adore la vie familiale. Chez nous, on se lève en même temps tous les matins et on soupe tous ensemble le soir. J’ai aussi réinstauré la tradition du souper le dimanche avec ma mère et ma sœur. Ça me tient à cœur.

Complète cette phrase : Dans 30 ans, j’aurai réussi ma vie personnelle si…
… si je suis heureux. Si je trouve un équilibre. Pendant des années, j’ai consacré beaucoup d’efforts à réaliser mes rêves de carrière. Je mets maintenant la même énergie à défendre mes moments avec ma gang, ma famille, mon monde. Pour moi, c’est ça, l’équilibre.


Patrick Huard : la séance photo


 
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S’il sait se faire galant, Patrick Huard a aussi l’âme d’un dur à cuire avec ses bijoux métalliques et ses tatouages (dont son premier, un cadeau de sa mère).

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