Noël 2022

Cadeaux de Noël : les livres à offrir à ceux et celles qu’on aime

Les livres sont des cadeaux qui durent longtemps. Voici dix livres pour ceux et celles qui apprécient la lecture sous forme de romans, de bandes dessinées, d’essais, de biographies…

La douceur d’un souvenir

Dans Les ombres blanches (Alto, 2022), Dominique Fortier plongeait dans le recueil posthume de la poète Emily Dickinson pour réfléchir au vide que crée la mort, et à ce qui résiste à l’absence. Autrement plus intime, Quand viendra l’aube poursuit cette méditation introspective sur le deuil, la création et ce qui en subsiste au fil du temps. Ce carnet bouleversant, rédigé à la suite du décès de son père, témoigne d’une connaissance intime de la littérature, mise au service de l’éternité du présent et de la beauté des petites choses. Un livre qui a la délicatesse du muguet et la douceur d’un souvenir.

Quand viendra l’aube, de Dominique Fortier, Alto, 104 pages, 18,95 $.

Estomper les barrières

Au cours de sa longue carrière, Claudie Hunzinger s’est intéressée à ceux et celles qui s’inscrivent volontairement dans la marge, qui fuient la cadence insensée du monde pour trouver refuge près des arbres et des mots. Ce douzième roman, lauréat du prix Femina 2022, met en scène un couple de résistants reclus en plein cœur d’une forêt d’Alsace. Lorsqu’une jeune chienne mal en point surgit à leur porte, les deux vieux amants verront leur vision des choses et leur définition de la liberté bouleversées. S’ouvrira alors la perspective d’un monde où les frontières sont abolies, où les démarcations à la source des plus grandes violences – envers la nature, envers les femmes, envers la différence – s’estompent pour permettre une véritable rencontre. Un roman méditatif et poétique, insufflé d’espoir.

Un chien à ma table, de Claudie Hunzinger, Grasset, 288 pages, 32,95 $.

Marie-Claire Blais, pour la dernière fois

Les amatrices de lectures plus exigeantes seront servies avec ce roman posthume de la grande écrivaine Marie-Claire Blais, qui met un point final au cycle Soifs. On y retrouve le personnage d’Augustino, animé depuis le tout premier tome de la série d’une conscience tragique de l’humanité. Maintenant en Inde, atteint comme plusieurs d’une lèpre de nature inconnue, il se remémore le destin tragique de ses ancêtres qui ont péri dans les camps de la mort. À ses souvenirs s’ajoutent les pensées d’un soldat de retour du Vietnam, et celles du secrétaire de la défense américaine, responsable de l’invasion de l’Irak. Bien qu’inachevé, ce fragment – grande réflexion sur les bégaiements de l’histoire et l’ineptie de la guerre — résume à lui seul tout l’héritage formel et narratif de l’écrivaine : les phrases amples et dénuées de ponctuation, l’alternance des voix, la plongée dans l’horreur, le regard acéré sur le monde. On en ressort secouée par le souffle littéraire et le regard visionnaire d’une si grande dame.

Augustino ou l’illumination, de Marie-Claire Blais, Boréal, 96 pages, 19,95 $.

Attention, femmes artistes !

« Aujourd’hui l’art n’est plus un interdit lorsqu’on naît de sexe féminin, mais ce n’est pas pour autant que les obstacles sont tous levés », écrit Laure Adler en préface de ce sublime livre, qui fait suite à Les Femmes artistes sont dangereuses, paru chez Flammarion en 2018. Ce nouvel opus, toujours écrit en collaboration avec la docteure en histoire de l’art Camille Viéville, met en lumière les destins extraordinaires, l’audace et l’immense talent de femmes qui se sont battues pour avoir le droit de créer, pour coucher leur imaginaire sur la toile, pour être reconnues comme de véritables artistes. En plus de redonner une place historique à certaines des plus grandes oubliées des 19e et du 20e siècles, l’ouvrage brosse le portrait de créatrices contemporaines qui étonnent par la force de leur radicalisme et de leur engagement. Véritable œuvre d’art en soi, le livre fait très joli sur une table à café… Mais il est plus que cela : il donne des ailes.

Les femmes artistes sont de plus en plus dangereuses, de Laure Adler et Camille Viéville, Flammarion, 120 pages, 54,95 $.

Pour les amateurs de polar

Avec Vert comme l’enfer, son troisième roman, Isabelle Grégoire, journaliste et collaboratrice de Châtelaine, s’impose comme une maîtresse indéniable du polar. Racontant en parallèle les destins de deux femmes – l’une fuyant une relation toxique en Guyane en 1980, l’autre déterminée à découvrir la vérité sur son passé dans le Québec contemporain –, ce thriller psychologique haletant se démarque par son atmosphère oppressante et ses personnages inquiétants. En plus de donner littéralement vie à la forêt amazonienne entre ses pages, l’autrice voyage habilement entre les lieux et les époques pour tisser une intrigue bien ficelée. Le tout rappelle que les ténèbres et ses dangers sont souvent des cages construites par soi.

Vert comme l’enfer, d’Isabelle Grégoire, Québec Amérique, 272 pages, 26,95 $.

Loin des clichés

Fusillades, gangs de rue, pauvreté… Il suffit de feuilleter quelques pages d’un quotidien montréalais pour constater que le quartier Montréal-Nord n’a pas bonne presse. Pourtant, l’image qu’en donne Mariana Mazza dans ce premier roman autobiographique est aux antipodes de ces clichés. Elle y dépeint un endroit accueillant et festif, où se mêlent des parfums des quatre coins du monde et les destins d’exilés résilients et travaillants. Hommage à sa mère et aux femmes qui lui ont donné confiance, cette autofiction composée de fragments touchants et désopilants révèle l’humoriste sous un jour plus sensible et plus vulnérable, sans qu’elle en perde une once d’authenticité. De quoi l’aimer encore plus !

Montréal-Nord, de Mariana Mazza, Québec Amérique, 208 pages, 19,95 $.

La danse contemporaine sur papier

Considéré par plusieurs comme le plus grand danseur de tous les temps, V. Nijinski a certainement changé à jamais le visage de la danse contemporaine. Enfant prodige, il apprend dès l’âge de neuf ans auprès des maîtres du ballet impérial de Saint-Pétersbourg, avant de s’exécuter sur les plus grandes scènes du monde, puis, d’être brisé par la schizophrénie. Dans cette bande dessinée, Dominique Osuch retrace le parcours exceptionnel de ce grand artiste à travers des rencontres marquantes et hautement romanesques. Son trait, souple, détaillé et animé transpose à la perfection le mouvement gracieux, aérien et sensuel du danseur. Un régal pour les yeux.

Nijinski, l’ange brûlé, de Dominique Osuch, Futuropolis, 264 pages, 55,95 $.

Une nouvelle voix à découvrir

Comme plusieurs enfants du Faubourg à m’lasse, à Montréal, Francis Ouellet a grandi bercé par le son des voitures qui roulent dans les ruelles tapissées de « garnottes », jouant dans les détritus et la bile ourlée du fleuve, l’imaginaire exalté par des robineux aux airs de clowns tristes et des saxophonistes déchus. Dans Mélasse de fantaisie, une fresque lucide et empreinte de réalisme magique, le romancier donne vie à des personnages de laissés-pour-compte sympathiques et inquiétants, coincés dans le cercle vicieux de la précarité et de l’indifférence. Porté par une plume fleurie et viscérale, le récit laisse poindre une voix prometteuse, de la trempe des plus grands conteurs.

Mélasse de fantaisie, de Francis Ouellet, La Mèche, 216 pages, 23,95 $.

L’histoire inspirante de Farah Alibay

« Nous ne sommes pas définis par nos réussites, mais par notre force de caractère devant l’échec et par notre capacité à nous relever, à apprendre et à avancer », écrit l’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay dans son autobiographie. Elle y raconte ses origines, son parcours, les passions qui l’ont menée à la conquête de l’espace ainsi que les nombreux défis que représente le fait d’être une femme, racisée de surcroît, dans un milieu d’hommes. La Québécoise aux cheveux écarlates, qui a piloté l’astromobile d’exploration martienne Persévérance, évoque les nombreuses épreuves qui ont parsemé son chemin, des doutes aux échecs, en passant par l’isolement et la discrimination. Un récit de persévérance et de passions.

Mon année martienne, de Farah Alibay, Éditions de l’Homme, 244 pages, 29,95 $.

Pour revenir à l’essentiel

Alors qu’on se déconnecte du territoire et des générations antérieures, de plus en plus de connaissances traditionnelles se perdent, faute d’être transmises et appréciées. Pour récupérer un peu de ce savoir-faire, la journaliste Eugénie Émond est allée à la rencontre d’aînés, possibles détenteurs de la clé d’un monde plus sain et plus respectueux de l’environnement. Elle réunit dans ce beau livre 20 portraits inoubliables : des hommes et des femmes du Québec, de l’Ontario et des Maritimes, qui partagent leurs secrets pour aiguiser un couteau, concevoir une courtepointe, corder du bois ou prédire le temps. Sublimé de magnifiques photographies, ce splendide objet fait naître le désir de ralentir, de prendre un instant pour observer les arbres, humer un pain chaud, goûter le fruit d’un travail bien fait. Il souligne, en fait, le don précieux et nécessaire de la transmission.

Savoir-faire – Histoires, outils et sagesse de nos grands-parents, d’Eugénie Émond, Éditions Cardinal et BESIDE, 280 pages, 49,95 $.

 

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