Vitalité

La maladie de Crohn

« J’ai 25 ans et je suis atteinte du syndrome du côlon irritable. Depuis six semaines, les douleurs abdominales sont beaucoup plus aiguës, des diarrhées sont apparues et j’ai perdu 10 kilos. Pourrais-je être également atteinte de la maladie de Crohn ? »


 

C’est possible, surtout si vos symptômes ont beaucoup changé et si vous avez perdu du poids involontairement. Le syndrome du côlon irritable et la maladie de Crohn, deux affections distinctes, peuvent coexister. Dans le premier cas, l’intestin ne présente pas d’anomalie, mais le fonctionnement normal du système digestif entraîne de la douleur. Dans le second, l’intestin est victime d’inflammation, qui peut toucher seulement le petit intestin (le grêle), seulement le gros intestin (le côlon), et parfois les deux.

La maladie de Crohn évolue la plupart du temps par poussées suivies de rémissions de plusieurs mois ou de plusieurs années. Elle touche surtout les personnes de 15 à 40 ans et est attribuable à trois facteurs : l’hérédité, la présence de maladies auto-immunes (comme l’arthrite rhumatoïde) dans la famille ainsi que des facteurs environnementaux encore mal connus.

Ses symptômes peuvent être très différents et d’intensité variable. Quand la maladie touche l’intestin grêle, les symptômes dominants sont les douleurs abdominales, la diarrhée et la perte de poids. Si c’est le côlon qui est atteint, on observe surtout des diarrhées et du sang dans les selles. Il peut aussi y avoir une combinaison de ces symptômes. C’est pourquoi la maladie est difficile à diagnostiquer et à traiter, ses manifestations variant d’une personne à l’autre.

Forme légère, intermédiaire ou sérieuse
Une poussée de la maladie de Crohn peut s’installer en quelques semaines. Il s’agit d’une forme légère si la personne atteinte a moins de trois selles par jour avec peu de sang, conserve son appétit, a peu de douleur et peut vaquer à ses occupations habituelles. Si les symptômes sont légers lors d’une première poussée, ils le demeurent souvent lors des poussées subséquentes.

Symptômes d’une forme sérieuse de la maladie : plus de sept selles par jour avec parfois du sang abondant, douleurs abdominales importantes, déshydratation et fièvre. La personne doit être hospitalisée. La forme intermédiaire n’entraîne pas nécessairement l’hospitalisation mais la personne doit s’absenter de son travail.

Occasionnellement, la poussée (légère ou grave) est précédée ou s’accompagne de manifestations extra-intestinales, telles que des ulcères dans la bouche, de l’arthrite (articulations douloureuses ou gonflées) ou les deux.

En général, les poussées durent quelques semaines et les médicaments parviennent à y mettre fin. Assez souvent, on est obligé de recourir temporairement à la cortisone, médicament très efficace mais qui a de nombreux effets indésirables : enflure, prise de poids, acné, augmentation de la pilosité, risque accru d’ostéoporose, de diabète et de cataractes. La majorité de ces effets diminuent une fois le traitement terminé. On dispose d’autres médicaments qui agissent sur le système immunitaire et que l’on prescrit dans les cas plus sérieux. La chirurgie est parfois nécessaire.

Bonne nouvelle : souvent, la maladie s’estompe avec le temps, en particulier après 40 ans.

Mélanie Bélanger est gastroentérologue à l’Hôpital Charles-Lemoyne, à Longueuil.

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