Société

7 bonnes raisons d’emboîter le pas à Greta Thunberg

Avec ses tresses, son regard perçant et ses phrases choc, Greta Thunberg, une Suédoise de 16 ans, est devenue l’incarnation mondiale de la lutte contre les changements climatiques. Voici pourquoi on devrait la prendre au sérieux et la suivre dans ses revendications.

Photo: Instagram @gretathunberg

Parce que son propos est basé sur des faits

Pourquoi écouter Greta Thunberg? D’abord, parce qu’elle a raison, selon Diego Creimer, porte-parole de la Fondation David Suzuki. «Son discours, c’est celui des scientifiques. Elle se base entièrement sur les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et les vulgarise de façon claire et efficace», dit-il. En effet, les experts s’entendent. Il faut renverser le réchauffement de la planète et, pour y arriver, nous n’avons d’autre choix que de réduire les émissions de carbone.

Un constat inquiétant mais réaliste, selon Dominic Champagne, metteur en scène et instigateur du Pacte pour la transition – un manifest dont les signataires se sont engagés à réduire leurs propres émissions de carbone afin d’inciter les décideurs à agir, eux aussi. «Il y a lieu de s’inquiéter, d’angoisser. Ce que la science nous dit, c’est que, si on ne fait rien, les scénarios envisageables sont horribles. Et on n’a pas dix ans pour passer à l’action. C’est le Titanic qu’on est en train d’essayer de faire tourner avant de heurter l’iceberg », plaide-t-il.

Parce que son regard est différent

Greta Thunberg est autiste. Si ce handicap a servi de prétexte à plusieurs personnes cherchant à la discréditer, elle a plutôt décidé d’en faire un superpouvoir. «Son originalité psychologique – on peut la décrire ainsi – lui a permis d’entrevoir et de dire les choses avec beaucoup de clarté», indique Dominic Champagne. Le pragmatisme lié à sa condition l’empêcherait selon lui de se bercer de faux espoirs et l’aiderait à voir plus clairement la menace qui nous guette. La chroniqueuse et autrice féministe Judith Lussier est du même avis. «Alors que la majorité d’entre nous avons tendance à se dire qu’il ne faut pas paniquer, Greta, elle, a pris au sérieux les avertissements des scientifiques», dit-elle.

Pour l’appuyer face aux attaques

Parce qu’elle est jeune, autiste – et possiblement aussi parce qu’elle est une jeune femme – Greta Thunberg est victime de nombreuses attaques, et pas seulement venant de trolls ou de quidams qui déversent leur fiel anonymement sur le web. Des chroniqueurs, des hommes d’affaires connus, même des politiciens ont ouvertement critiqué le physique juvénile ou la santé mentale de la militante. «C’est tellement misogyne! Typique de ceux qui se sentent bousculés, souligne Judith Lussier. Je crois que c’est lié au fait qu’elle dérange, qu’elle nous dit nos quatre vérités en pleine face. J’espère seulement qu’elle est protégée par son entourage, car c’est très difficile de vivre avec ça.»

Pour le moment, la jeune Greta ne semble pas trop perturbée par ses détracteurs et leur répond du tac au tac. Dans un tweet, elle écrivait récemment «lorsque tes intimidateurs s’attaquent à ton apparence ou à tes différences, ça veut dire qu’ils n’ont plus d’arguments… Et tu sais alors que tu as gagné!». La suivre est un beau moyen de lui démontrer un appui fort, de lui dire qu’elle n’agit pas en vain.

Parce que la mobilisation fonctionne

«Est-ce qu’une marche peut régler la crise du climat? Non. Peut-elle avoir un effet sur nos décideurs? Oui!», soutient Diego Creimer. Plus la population s’exprimera haut et fort au sujet du réchauffement climatique, plus les entreprises et les gouvernements seront enclins à l’écouter. Et nul besoin que tous prennent la rue d’assaut pour qu’un virage se fasse, selon Laure Waridel. L’écosociologue et cofondatrice d’Équiterre cite les travaux d’une politologue de Harvard, Erica Chenoweth, qui a démontré que l’engagement de 3,5% de la population est suffisant pour provoquer des changements de société. «Au Québec, cela représente 294 000 personnes, soit pas très loin du nombre de signataires du Pacte pour la transition. On est à un moment historique. L’humanité n’est jamais passée aussi près d’un point de bascule pour sa survie. Par la mobilisation, on peut encore faire pencher la balance», plaide-t-elle.

Photo: Instagram @gretathunberg

Parce que les jeunes ont besoin de nous

Les élèves et les étudiants sont les premiers à la suivre, à répondre à son appel en descendant dans les rues. Normal, estime Diego Creimer. «C’est pour leur avenir qu’ils se battent. Eux vivront directement avec les conséquences des changements climatiques. Mais il faut une alliance large et intergénérationnelle, car cet enjeu concerne tout le monde.» Heureusement, parents et grands-parents sont de plus en plus conscientisés. «J’ai trois fils. Ils sont la première raison qui me pousse à m’investir autant pour le climat. J’estime que je leur dois ça», fait valoir Dominic Champagne.

Parce que passer à l’action fait du bien

Pas facile de changer ses habitudes. Acheter peu de vêtements, se priver de voiture, aller moins souvent dans le Sud… Tout ça peut sembler bien déprimant. Mais tout dépend du point de vue, croit Laure Waridel. «Réduire ses dépenses peut enlever beaucoup de stress de sur nos épaules. Faire du vélo plutôt que d’utiliser la voiture est bon pour notre santé. Verdir les quartiers les rend plus agréables. On voit trop ces changements comme des privations, alors qu’on devrait plutôt considérer de quoi ils nous libèrent», dit-elle.

Parce que ce n’est que le début…

On n’a pas fini d’entendre parler de changements climatiques. Plus le temps passe, plus l’enjeu est pressant. Et Greta Thunberg n’en est pas le seul porte-voix. «Il y aura d’autres Greta. On les voit déjà», avance Diego Creimer. On peut penser à Sarah Montpetit, qui a mené la grève des élèves de l’école Robert-Gravel, à Montréal, ou bien aux porte-paroles du mouvement La planète s’invite à l’université. En Inde, en Thaïlande et aux États-Unis aussi, de nombreux jeunes suivent l’exemple de Greta et passent à l’action, invitant leurs gouvernements à défendre l’environnement aussi passionnément qu’eux le font.

À lire aussi: S’attaquer au gaspillage ou aux déchets? Une réflexion écolo de Florence-Léa Siry

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