Taxez-moi, taxez-moi ! Voilà le message que porte haut et fort Claire Trottier, fille d’un homme d’affaires qui a fait fortune dans le secteur de la techno. Parce que, oui, des riches qui souhaitent payer davantage d’impôt, ça existe. « Il y a un mouvement mondial en ce sens », assure-t-elle. À preuve, cette Montréalaise a cosigné en janvier dernier, avec 200 millionnaires et milliardaires du monde entier, dont une héritière de l’empire Disney, un manifeste réclamant une meilleure imposition des grandes fortunes.
Ce groupe n’est certes pas le seul à souhaiter une plus grande contribution fiscale des mieux nantis : le NPD et Québec solidaire, pour ne nommer que ces deux partis, le réclament depuis des années. Mais que cette demande provienne des personnes les plus riches de la planète change la donne. « On obtient une meilleure réponse médiatique et politique », insiste-t-elle.
Elle estime qu’en payant davantage d’impôt, les grandes fortunes contribueraient à réduire les écarts grandissants entre les plus fortunés et les pauvres. « Et ça ne changerait absolument rien à notre train de vie. Malheureusement, l’imposition des plus riches n’occupe pas assez d’espace dans le débat public au Canada. Aux États-Unis, par contre, ça avance », se réjouit la philanthrope.
Cette cause n’est pas la seule qui anime Claire Trottier. La jeune quadragénaire aux grandes lunettes et aux courts cheveux noirs s’implique aussi au sein du Collectif Bienvenue, organisme sans but lucratif qu’elle a cofondé en 2018 et qui se consacre à l’accueil des demandeurs d’asile. Elle siège également au conseil d’administration de la Fondation familiale Trottier, qui finance des projets notamment en éducation et en matière de lutte contre les changements climatiques.
D’où lui vient ce grand appétit de justice sociale ? Elle ne saurait le dire. « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été préoccupée par les inégalités. Mon statut de privilégiée vient avec des responsabilités sociales », plaide-t-elle.
En 2022, Claire Trottier a joint le geste à la parole : elle a fait une croix sur sa carrière de professeure de microbiologie et immunologie à l’Université McGill pour se consacrer entièrement à la philanthropie. Un choix audacieux. Pendant plusieurs années, elle a tenté de concilier vie universitaire et causes sociales. « Mais c’était trop prenant. J’étais rarement à la maison », explique cette mère de deux enfants.
Une décision qui, confie-t-elle, l’aide aussi à mieux gérer son anxiété. « Souvent, je dois me calmer, me dire que je ne peux pas, à moi seule, porter sur mes épaules tous les problèmes de la planète. Mais si je ne fais rien, ça voudrait dire que j’accepte le statu quo. Une chose impensable pour moi. »
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