Entrevues

Femmes de l’année : la relève

Elles n’ont pas 30 ans. Elles préparent l’avenir.


 

La gagnante: Maya Azzi
comptable

Bénévole illimitée
Lumineuse. Fière. Émue. Timide. Très chic. Mixez tout ça sur 5 pi 1 po d’ambition et d’énergie, et voilà Maya Azzi recevant il y a quelques mois le prix Hommage bénévolat-Québec 2011 des mains de la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Ce trophée souligne 10 ans d’engagement auprès de plusieurs organismes dont le titre contient le mot jeune?: Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse, Jeunes ambassadeurs de l’Orchestre symphonique de Montréal, Jeunes mécènes de la Place des Arts…

Maya ne carbure pas à la reconnaissance ni aux éloges?: son essence, c’est aider. «Plus je donne, plus je reçois.» Et plus elle rencontre de gens, étirant du même coup les tentacules de son réseau de contacts. «On m’appelle la reine du réseautage.» En s’impliquant ici, là et là aussi, elle veut mobiliser d’autres personnes de son âge (26 ans), faire entendre leur voix. «Et montrer l’humanité du monde des affaires.»

Avec ce tas d’activités non rémunérées, où trouve-t-elle le temps de gagner sa vie?? «Je suis très organisée. Et, quand je travaille, je le fais toujours à 100?% de mes capacités.» Sitôt diplômée de HEC en comptabilité, elle est entrée chez Deloitte, firme d’experts-conseils en finance. Sa tâche?: «Vérifier les états financiers de sociétés cotées en Bourse pour m’assurer qu’ils soient exempts d’erreurs importantes.» Un boulot exigeant rigueur et concentration, et qui lui sied comme un gant. «Je suis analytique et logique, je prends des décisions plus avec ma tête qu’avec mon cœur.» Mais pas toujours. Récemment, un stage de trois mois lui a été proposé dans une grosse boîte de marketing, un domaine où elle excelle déjà pour le compte de plusieurs associations caritatives. Elle a dit oui. Ensuite?? «On verra bien.»

Vingt-trois ans après son arrivée ici et québécoise jusqu’au bout de ses ongles manucurés, Maya est encore très libanaise et respectueuse des traditions. Par exemple, elle vit toujours chez ses parents, car elle n’est pas mariée. «J’ai découché une seule fois. Et c’était à la demande de mon employeur, car je devais passer une nuit à Toronto.» Fille foncièrement positive, Maya voit le bon côté de cette situation, qui lui permet d’économiser. Elle a pu s’acheter un condo… qu’elle n’habitera pas avant d’avoir la bague au doigt.

L’été dernier, avec de grandes plages vides à son agenda, Maya a eu le loisir de souffler un peu. «J’appelais mes amies et je leur disais?: Ça fait cinq jours que je n’ai pas mis de mascara, c’est formidable?!» Avec l’automne, la ronde des rendez-vous est repartie. Dernier projet en vue?: la mise sur pied du Comité de la jeune relève d’affaires de la Croix-Rouge, Division du Québec. «Une première mondiale», tient à préciser la cofondatrice de la Jeune chambre de commerce libanaise.

Le soir, Maya ne s’endort qu’après avoir fait sa prière. «Je ne demande rien à Dieu. Je le remercie.» Elle l’a remercié d’avoir pu aller en Chine il y a six mois, pour une mission commerciale en compagnie d’autres jeunes gens d’affaires québécois (là encore une première). Il n’est pas rare de croiser Maya à l’Oratoire Saint-Joseph. «Quand j’allume un lampion, je fais un vœu, toujours le même?: que la vie soit magique.»

Pour voir le portrait vidéo de Maya Azzi, rendez-vous à ?femmesdelannee.ca/videos?.



 

Frédérique Vallières
Cofondatrice de Reach Out to Humanity (ROTH)

Techno… et efficace?!
Une école en Tanzanie, une maison de jeunes au Pérou, une clinique au Kenya… Frédérique Vallières, 26 ans, a lancé de telles initiatives avec Reach Out to Humanity. L’ONG qu’elle a cofondée il y a cinq ans n’a qu’un bureau virtuel et… aucun employé. «C’est pour que le plus grand nombre de dons soit remis aux projets», dit-elle. Reach Out to Humanity compte sur une centaine de bénévoles qui vont sur le terrain – à leurs frais –, donnent un coup de main à la comptabilité, à l’informatique ou participent à des campagnes de financement. Avec un modeste budget annuel de 100 000 $, l’ONG mène de front une dizaine de programmes de développement, un exploit?! «Ce n’est pas juste une question d’argent… Les gens sur place savent de quoi ils ont besoin. On leur demande donc comment les aider», insiste Frédérique, qui poursuit un doctorat à l’Université de Dublin, en Irlande. Elle y développe une application pour téléphone et tablette électronique en vue d’améliorer les systèmes de santé africains.



 

Carole Mallette
Vice-présidente des Usinages Mallette

La bonne élève devenue v.-p.
Prendre la relève de l’entreprise familiale?? Pfff, facile… Détrompez-vous. Carole Mallette n’a bénéficié d’aucun passe-droit?! Si, à 29 ans, elle dirige l’usine de fabrication de machinerie fondée par son père – un univers composé aux deux tiers d’hommes –, c’est qu’elle en connaît tous les rouages. La fille du président a gravi les échelons. «Au début, je lavais les toilettes. La valeur du travail, je l’ai apprise très tôt?!» D’emplois d’été en stages universitaires, elle s’est hissée au sommet de la PME en 2006. Son père lui a fait confiance?: «Tu es meilleure que moi, tu as plus d’études…» Avec son bac en génie industriel de l’École Polytechnique de Montréal, elle s’est attaquée d’abord à améliorer la production, puis les ventes. «Clients et fournisseurs sont surpris?: la “p’tite fille” sait de quoi elle parle?!» En mai dernier, la jeune v.-p. a décroché le gros lot?: la bourse Émérite Desjardins remise au finissant qui se classe le premier au programme de maîtrise en administration des affaires. «J’ai un devoir envers mes employés. Plus j’en sais, meilleures sont mes décisions.» Comme celle de conserver les emplois, malgré la crise économique. Aujourd’hui, l’entreprise reçoit plus de demandes que jamais de l’extérieur du pays. «Je veux continuer l’œuvre de mes prédécesseurs en y imprimant ma marque.» Ce que j’ai appris?: Ne jamais rien tenir pour acquis, rester ouverte au changement.



 

Laurence Deschamps-Laporte
Récipiendaire de la bourse Rhodes

La chercheuse veut changer le monde
À 23 ans, elle a un avenir prometteur. Et un point commun avec l’ex-président des États-Unis Bill Clinton?: la prestigieuse bourse Rhodes, décernée depuis 1902 à de jeunes chercheurs d’exception. Celle-ci lui permet de faire une maîtrise en développement international à l’Université d’Oxford, la plus ancienne d’Angleterre. La feuille de route de Laurence Deschamps-Laporte est déjà impressionnante. Grâce à une autre bourse (Morehead-Cain), elle a décroché un baccalauréat de l’Université de la Caroline du Nord. Son sujet?: la planification familiale au Mali. Et elle a passé l’été dernier à l’Institut de la Terre de l’Université Columbia (New York) à évaluer les besoins des villes d’Afrique de l’Ouest. Ce qui la fait courir?? «Je veux faire de la coopération internationale dans le respect des populations, affirme-t-elle. Les gens qui changent les choses ne sont pas ceux qui s’affichent avec un enfant au ventre gonflé sur leur profil Facebook, mais ceux qui travaillent avec humilité. Le point de départ, c’est la recherche.» Plus elle creuse ce sillon, plus elle réalise qu’il n’existe pas de solution miracle. «Il faut connaître l’histoire, l’anthropologie des pays, plutôt que leur PIB», dit la grande voyageuse qui parle arabe, allemand et espagnol. À suivre sur son blogue?laurencedl.com?.



 

Marie-Ève Dumulong
Cofondatrice de French Connection Culture Association (Bureau du Canada)

Elle fait aimer le français d’ouest en est
À son arrivée à Vancouver, il y a trois ans, Marie-Ève Dumulong s’est mis en tête de faire aimer sa langue et sa culture. Ainsi est née French Connection, une émission diffusée à la radio communautaire de la Colombie-Britannique et de l’Ontario. «Je voulais faire connaître les francophones de l’extérieur du Québec», dit l’animatrice et réalisatrice de 29 ans. Elle n’en reste pas là. En 2009, avec un ami, elle lance French Connection Culture Association (Bureau du Canada), une boîte de production de capsules radio-télé-Web qui promeut le fait français au pays. «Notre désir de tendre la main aux anglophones a séduit. Le français, pour eux, c’est la langue de l’amour. À nous de le rendre sexy?!» À l’occasion de son 125e anniversaire, Vancouver a choisi cet organisme pour représenter la communauté francophone. Son initiative?: des conférences et des excursions guidées portant sur l’héritage francophone dans l’Ouest canadien. On peut les entendre sur ?fccabc.org?.

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