Entrevues

France Beaudoin: en route vers Sotchi

L’animatrice s’apprête à réaliser un vieux rêve: aller aux Olympiques.

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1986 France Beaudoin étudie en Art et technologie des médias au cégep de Jonquière. Dans un cours, on demande aux étudiants d’écrire ce qu’ils aimeraient accomplir au cours de leur carrière. Sur la feuille de la belle brune, deux souhaits : travailler avec France Castel et couvrir les Jeux olympiques. Le premier s’est concrétisé avec Deux filles le matin, à TVA. Et le deuxième se réalisera avec les Jeux d’hiver, en février. France animera la quotidienne Bons baisers de Sotchi, à Radio-Canada, en compagnie de l’analyste Dany Dubé. Un mandat tout désigné pour cette animatrice vite sur ses patins !

On ne vous attendait pas à la barre d’une quotidienne sur les Jeux olympiques… En effet, les chances que j’aille un jour aux Olympiques animer une émission étaient très minces ! Mon nom a circulé parce que les gens à Radio-Canada connaissaient mon intérêt pour les Jeux et que, en faisant leurs recherches, ils sont tombés sur un article paru dans Châtelaine où je disais que c’était mon rêve d’y assister.

Qu’est-ce qui vous fascine dans les JO ? Je suis une fan finie qui se lève la nuit pour regarder les compétitions. Les événements aussi rassembleurs, où un pays entier se retrouve devant la télé en train de forcer à l’unisson pour ses athlètes, sont rares. Ça donne la chair de poule ! Bien sûr, il y a les performances. Mais les JO sont également un formidable concentré d’histoires humaines.

À quoi s’attendre de Bons baisers de Sotchi ? On veut réunir tous ceux qui auront vécu un moment fort dans la journée : les athlètes, leur famille, les entraîneurs, les analystes. Ce sera une émission de sport, mais qui ira au-delà des simples résultats en abordant le côté humain. Pour chaque athlète, le vécu, les motivations, le parcours, la résilience sont différents. On pourrait, par exemple, réunir les frères Hamelin [François et Charles, des patineurs de vitesse] et leur mère. Ou aborder la question des ligaments synthétiques avec Kaya Turski et Erik Guay, deux skieurs qui en ont reçu à la suite de blessures.

À ce que je vois, votre entraînement est déjà commencé… Oh oui ! J’ai su cet été que j’avais le poste. Et depuis, je lis, je lis, je lis… entre autres, des études sur la psychologie sportive, l’ergothérapie, l’entraînement. Et chaque semaine, on lunche avec d’anciens athlètes, des spécialistes, des psys. Quel univers passionnant !

Avez-vous une liste de noms imprononçables à apprendre ? (Rires) Bien sûr. Je suis vraiment impressionnée par la banque de données de Radio-Canada : on a accès en tout temps à des fiches sur les athlètes et aux statistiques. Je vais arriver à Sotchi archi-préparée et plus encore, parce que je suis un peu névrosée là-dessus !

Vous serez en ondes 15 soirs d’affilée. Avez-vous prévu de prendre des substances (légales, quand même) pour améliorer votre performance ? J’aurai des oméga-3, de la chlorophylle et, je l’espère, une chambre avec des rideaux opaques. Un peu avant de partir et une fois là-bas, je vais éliminer l’alcool et tous les sucres, histoire d’éviter les variations de glycémie. Oui, les horaires seront difficiles : à cause du décalage, pour être en direct à 19 h, on va devoir enregistrer entre 23 h et 2 h 30. Mais l’adrénaline et toute cette énergie olympique compenseront le manque de sommeil !

Partir sans votre famille, c’est aussi une épreuve olympique ? On peut me faire apprendre quatre pages de mots russes par cœur, pas de problème ! Mais m’en aller 20 jours loin de mes enfants et de mon chum… je n’ai encore jamais fait ça. Je vais le dire, au risque de paraître un peu dérangée : j’ai commencé à enregistrer des histoires pour Juliette et Théo, une pour chaque soir où je ne serai pas là. Quand j’ai annoncé à ma fille que je partais pour 20 dodos, elle m’a répondu : « Je vais te donner une photo de moi, une de Théo et une de papa, et tu vas être correcte. » Bref, c’est clairement moi qui vais m’ennuyer !

Vous n’êtes pas sur Facebook, ça veut donc dire qu’on ne verra pas d’autoportrait de vous portant des mitaines olympiques rouges ? (Rires) En direct de l’univers a sa page Facebook, mais donner des nouvelles de moi, personnellement, je ne serais tellement pas à l’aise… Je ne voulais pas me marier parce que je ne voulais pas sentir tous les regards sur moi quand je remonterais la grande allée, c’est vous dire ! Mais puisque je consulte les médias sociaux pour le travail et parce que ce sont les Olympiques, je me suis inscrite sur Twitter – avec l’aide de mon chum [Vincent Graton]. Je pensais avoir une dizaine d’abonnés, mais, le lendemain matin, j’étais rendue à 1 200. Mon courriel en a même paralysé ! Vincent m’a trouvée vraiment naïve… (Rires) [son compte : @france_beaudoin]

Entre les enregistrements de vos émissions ici et votre départ pour Sotchi, arriverez-vous à Noël en même temps que tout le monde ? Oh oui ! J’ai trois semaines libres pendant les fêtes. On ira au chalet en famille, on patinera, on glissera, on fera des feux de camp… L’été dernier, je me remettais d’un accident d’auto. On a donc passé les vacances chez nous et je me sentais un peu coupable de ne pas « stimuler » les enfants. Mais Juliette nous a dit : « C’est les plus belles vacances de ma vie. C’est loooooooooong. » Ça m’a rappelé quand j’étais petite : les étés me semblaient ne vouloir jamais finir. Alors, on a décidé de répéter l’expérience pour les fêtes.

J’ai entendu dire que vous pourriez recevoir une médaille d’or pour votre esprit des fêtes… Oui, j’aime Noël au point que c’en est un peu gênant. Ce n’est pas que ma maison soit si illuminée à l’extérieur, mais j’ai ben de la gugusse : une échelle qui monte sur le toit, un père Noël gonflable, un petit bonhomme qui chante, un train qui tourne autour du sapin… Chaque année, mon chum espère que je vais me débarrasser d’un truc ou deux. Au jour de l’An, on est 80, 85 au chalet et ça chante, ça danse. C’est certain : avant d’arriver à Sotchi, je me serai reposée et j’aurai fait le plein d’énergie.

À surveiller

  • L’édition spéciale du jour de l’An d’En direct de l’univers, le 31 décembre à 20 h, à Radio-Canada.
  • L’édition spéciale de Noël de Dis-moi tout, le 16 décembre à 20 h et le 21 décembre à 10 h 30, à Télé-Québec.
  • Bons baisers de Sotchi, du 8 au 22 février, en semaine de 19 h à 21 h, le samedi de 18 h 30 à 21 h et le dimanche de 18 h 30 à 20 h, à Radio-Canada.

Une semaine type dans la vie de France Beaudoin

Gérer les rôles de productrice, d’animatrice et de maman tient parfois de la discipline olympique ! « Je me lève vers 6 h 30. Si c’est mon chum qui va conduire les enfants, je sors pour mon heure de marche quotidienne. Sinon, j’apporte mes runnings aux bureaux de la boîte de production où je travaille, LP8 Média, et je marche avant de commencer ma journée. Il faudrait un méchant tremblement de terre pour m’en empêcher. Ça participe à mon équilibre mental. Et, en semaine, je rentre chez moi à 17 h 30, c’est non négociable. J’y arrive parce que je délègue à des gens en qui j’ai une confiance absolue, parce que je fais équipe avec mon chum… et que j’ai une mère formidable qui fait des massages et de l’acupuncture pour évacuer le stress.

Le mardi est consacré à En direct de l’univers. On voit ce qu’il reste à régler pour l’enregistrement du samedi et aussi pour les shows suivants. Il faut s’y prendre deux mois à l’avance pour avoir 12 artistes par semaine qui ne sont pas en spectacle ce soir-là et qui font partie de l’univers de l’invité. Et il faut que les tonalités fonctionnent, les choix de chansons, les découpages…

Le mercredi matin, c’est le brainstorming d’équipe pour Dis-moi tout. L’après-midi, c’est exclusivement Sotchi : réunions, visionnements, etc. Mais comme j’ai environ 50 alertes Google pour me tenir au courant, j’ai le nez dans les JO un peu toute la semaine aussi.

Le jeudi matin, je rencontre toute l’équipe pour l’enregistrement d’En direct de l’univers du samedi. On passe le déroulement point par point. En après-midi, je fais mon boulot de productrice – bien des appels, du jonglage d’idées, des solutions à trouver, des crises à gérer, des segments d’émission à approuver.

Le vendredi, c’est la répétition d’En direct de l’univers. Je travaille les présentations avec ma sœur Josée, je me concentre sur mon animation.

Le samedi, on répète toute la journée, puis on entre en direct à 19 h. Après l’émission, je “ferme la place” avec ma productrice déléguée si précieuse, Nathalie Breton.

Dimanche et lundi, ouf, c’est congé ! »

Voyez les coulisses de notre séance photo avec France Beaudoin.

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