Entrevues

France Beaudoin nous dit tout

Avec Dis-moi tout, qu’elle produit et anime cet hiver à Télé-Québec, elle va au bout d’un vieux rêve : plonger dans l’univers des enfants, là où on parle des « vraies affaires ».

Photo: Nathalie Rioux

Photo: Nathalie Rioux

En 20 ans de carrière, France Beaudoin s’est toujours tenue loin des chemins tracés d’avance. Avec Dis-moi tout, qu’elle produit et anime cet hiver à Télé-Québec, elle va au bout d’un vieux rêve : plonger dans l’univers des enfants, là où on parle des « vraies affaires ».

Dis-moi tout, c’est votre idée ?
Le premier flash a surgi à l’époque où j’animais Deux filles le matin, il y a près de 10 ans. Des enfants posaient des questions au général Roméo Dallaire sur son expérience au Rwanda. La discussion avait été riche.

Alors j’ai trouvé le concept de Dis-moi tout, qui rassemble 150 jeunes de 5 à 11 ans autour d’une personnalité. Ils demandent par exemple à Julie Payette : « Est-ce que c’est doux, un nuage ? » Et à Luc Langevin : « Les objets que les magiciens font disparaître s’en vont-ils tous au même endroit ? » On aime ça !

Vous êtes maman. Est-ce que ça aide à mener une émission jeunesse ?
Mes enfants ont 6 et 8 ans, ils sont en plein dans le public cible ! Je peux tester des idées auprès d’eux.

Et puis, ils me suggèrent aussi de curieuses questions pour les gens que je reçois à mes émissions. Mais, oh boy, moi, je n’oserais pas… C’est sûr que je vais avoir du fun à regarder l’émission avec eux.

Votre pari sera réussi si… ?
Si on fait naître des étincelles chez les enfants ! L’émission passe le message suivant : « C’est quoi ton talent, c’est quoi ta passion ? Même si on te dit que tes rêves n’ont pas de sens, essaie quelque chose quand même. Et ça commence par prendre le risque de poser une question à la télévision, même si tu la poses tout croche ! » On initie aussi les enfants aux métiers de la télé en les jumelant aux professionnels sur le plateau – réalisateur, caméramans, maquilleuse, meneur de foules. Qui sait !

Selon le proverbe, la vérité sort de la bouche des enfants. Que vous ont-ils appris ?
Entre adultes, on pense qu’on se dit « les vraies affaires », mais moi, qui ai fait plusieurs entrevues avec le rockeur Martin Deschamps, je n’ai jamais osé lui demander : « Trouves-tu que ceux qui n’ont pas de handicap sont chanceux ? » Les enfants ont des interrogations de base, tellement pures. L’émission mise sur cette candeur – qu’on contrôle tout de même un peu, en mélangeant des questions spontanées et d’autres recueillies d’avance dans les écoles. On informe aussi les invités de questions délicates. Par exemple, celle-ci, à Julie Payette : « As-tu croisé Jésus en montant dans le ciel ? » La réponse exige un certain doigté…

Vous êtes attachée à Radio-Canada depuis des années. Pourquoi diffuser Dis-moi tout à Télé-Québec ?
Par loyauté, on a d’abord approché Radio-Canada, mais le timing n’était pas bon. Mes patrons ont toutefois vu le potentiel de l’émission et m’ont encouragée à la vendre ailleurs.

En cours de carrière, vous avez pris plusieurs virages jugés dangereux par vos pairs, comme de quitter Bons baisers de France. Dis-moi tout, est-ce aussi un risque ?
Il y a certainement un risque à entreprendre quelque chose mais, dans ce cas-ci, je m’en fous ! Même si l’émission ne marchait pas du tout, j’aurais l’impression d’avoir tenté ma chance dans un projet auquel je crois fondamentalement. Ce qui m’étouffe dans la vie, c’est la routine. J’adore les surprises ; par exemple, inviter des amis chez moi pour leur faire faire un rallye… Ou préparer les valises de mon chum et de mes enfants en cachette et les réveiller à 6 h du matin pour prendre un avion.

Pourquoi une animatrice qui a du succès devient-elle productrice ?
Pour avoir plus de choix. Je peux développer des projets et créer des synergies d’équipe qui durent. Pour En direct de l’univers, je travaille avec les mêmes personnes depuis quatre ans. C’est gagnant, je trouve. J’ai autant de plaisir à m’occuper des budgets, des subventions, de l’embauche de techniciens, des décors… qu’à animer. Mais d’autres haïraient ça à mort, parce que ça veut aussi dire gérer une entreprise.

Vous avez 42 ans. Une femme peut-elle enfin vieillir à l’écran ?
Regardez France Castel : à 68 ans, elle a son émission quotidienne. Elle n’est pas tuable ! C’est sûr que la télévision haute définition finit par nous rattraper ; mais pour l’instant, je ne sens pas cette menace. J’ai un jour perdu un contrat après avoir dit publiquement que j’avais 40 ans. Les personnes se sont finalement ravisées…

Moi, je ne veux pas me priver de dire mon âge ! De toute façon, je ne retournerais ni dans la vingtaine, ni dans la trentaine. Je préfère ma vie aujourd’hui… J’ai réglé bien des bibittes, et je peux enfin me servir de toutes mes expériences.

Qu’est-ce qui vous reste d’important à accomplir ?
Je planche sur un projet télé concernant les Jeux olympiques. C’est un vieux rêve, j’ai toujours aimé le côté rassembleur et émotif de l’événement. Je veux aussi faire du documentaire. Prendre un an pour fouiller un sujet, me promener à travers le monde pour trouver ce que je cherche ou ce que je ne cherche pas… J’ai commencé ma carrière comme journaliste !

France Beaudoin produit Dis-moi tout avec le réalisateur Jean-François Blais et la productrice Nancy Charest au sein de la boîte Pamplemousse média.

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