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Lâchée lousse

Des yeux neufs

Louise s'est intéressée à Betty Edwards, l'auteure de Dessiner grâce au cerveau droit. Notre journaliste n'exposera peut-être pas ses dessins dans un avenir rapproché, mais en apprend beaucoup sur le fonctionnement du cerveau!
Par Louise Gendron
Des yeux neufs

La maison a un pignon, deux fenêtres à carreaux ornées de petits rideaux, un sentier menant à la porte, un soleil (avec ses rayons) dans le coin supérieur gauche de la feuille. Ou alors, pour faire un gros changement, dans le coin droit.

Des yeux neufs
C’était mon chef-d’œuvre à six ans. À 40 ans aussi. Parce que, entre ces deux moments, je n’ai pas une seule fois touché à un crayon de couleur. Pas assez « bonne en dessin ».

Puis, un jour, l’envie de crayonner est montée de je ne sais trop où... Je suis entrée dans un DeSerres avec la peur que ma simple présence déclenche le système d’alarme. On s’entend : je n’avais tellement pas d’affaire dans cette caverne d’Ali Baba pour artistes seulement.

J’en suis quand même ressortie avec un carnet de croquis, des crayons, une gomme à effacer. Et depuis, je dessine. Mal. Mais de mieux en mieux. Grâce à Drawing on the Right Side of the Brain (Dessiner grâce au cerveau droit, Mardaga), un bouquin publié il y a plus de 40 ans par une professeure d’art du nom de Betty Edwards. Réédité plusieurs fois (la dernière édition française date de quelques mois à peine), traduit en 17 langues et vendu à des millions d’exemplaires, il est encore aujourd’hui le guide le plus utilisé par les apprentis dessinateurs.

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Dans ses classes, Betty Edwards se désespérait de voir des jeunes incapables de reproduire sur papier ce qu’ils avaient sous les yeux. « Pourquoi ? » se demandait-elle, alors que tout le monde, à moins d’un handicap sévère, peut apprendre à écrire. Après tout, une ligne est une ligne, une boucle est une boucle. Pourquoi une tasse serait-elle plus difficile à esquisser qu’une clé de sol ?

Un jour, elle a tenté une expérience. Elle a pris un portrait de Stravinski fait par Picasso et l’a déposé sur un chevalet, mais à l’envers, la tête en bas. Elle a ensuite demandé à ses étudiants de reproduire ce qu’ils voyaient. À son grand étonnement, la majorité d’entre eux y sont arrivés. « Comment est-ce possible ? » leur a-t-elle demandé. La réponse (« Parce qu’on ne savait pas ce qu’on faisait ») l’a jetée par terre.

Elle a commencé à se regarder travailler pour essayer de comprendre ce qui se -passait dans sa tête. S’est aperçue que, par exemple, elle ne pouvait parler et dessiner en même temps.

Betty Edwards est retournée à l’université, a étudié la psychologie, la pédagogie, un peu de neurologie. Elle s’est beaucoup inspirée de la théorie des cerveaux gauche et droit, selon laquelle l’hémisphère droit du cerveau abriterait l’intuition et l’imagination, alors que le gauche se spécialiserait dans le langage, l’analyse rationnelle. (On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas deux cerveaux aux fonctions distinctes ; les deux hémisphères participent à toutes les facettes de l’intelligence. Mais les deux modes de perception existent bel et bien.)

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Des yeux neufs

La dame a fini par faire un doctorat sur la façon dont le cerveau perçoit l’information visuelle dans le geste du dessin. Sa conclusion : le problème n’est pas l’habileté manuelle, mais la façon de regarder. C’est entre les deux oreilles que ça bloque. Un exemple. Mon cerveau sait qu’une chaise a quatre pattes de longueur égale. Mais pour reproduire celle qui est là, devant moi, je dois peut-être n’en dessiner que trois. Et de longueurs différentes. Bref, il faut voir la chaise devant soi, pas celle qu’on a dans la tête. Apprendre à regarder autrement. Et c’est moins facile qu’il n’y paraît.

« Comment apprend-on à se tenir en équilibre sur un vélo ou à flotter sur l’eau ? écrit Betty Edwards. Impossible à expliquer. On essaie 50 fois et, à un moment, ça clique. Une fois qu’on sait, on le sait pour la vie. Dessiner, c’est la même chose. »

Je ne prévois aucune exposition de mes œuvres dans le prochain millénaire. Mais je dessine. Pourquoi ? Pour rien. Pour le plaisir. Et parce que ça ouvre des portes dans ma tête. M’apprend à voir le monde différemment. On ne voit bien que ce que l’on photographie, m’avait dit quelqu’un. Ou ce que l’on trace avec un crayon, j’ajouterais. 

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Pour écrire à Louise Gendron: Louise.Gendron@chatelaine.rogers.com

Pour réagir sur Twitter: @lou_gendron

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