Mon premier emploi, c’était réceptionniste au cabinet McCarthy Tétrault. J’avais 15-16 ans. Mon père, avocat, y travaillait. C’est lui qui voulait que je me déniche un boulot. Il me disait : « Très bien, tu ne veux plus aller dans des camps de jour, mais tu ne vas pas passer l’été à la maison ! » Et puisque j’aimais beaucoup magasiner, il a pensé que ces rentrées d’argent ne seraient pas de trop. J’ai obtenu une entrevue et j’ai eu le poste. Je l’ai gardé pendant deux étés. Comme je suis un peu mémère (!) et que je me destinais à une carrière en communication, je me plaisais à jaser avec les clients.
Je ne voulais pas entrer au bureau en même temps que mon père, et surtout pas en sortir aussi tard que lui ! J’avais mon horaire : j’arrivais par train à 9 h et je repartais à 17 h.
Travailler dans un cabinet exige qu’on soigne sa tenue. Je me souviendrai toujours de ma collègue Janet avec ses longs ongles manucurés ! J’étais également très impressionnée par le personnel, des avocats de renom. Je voyais passer des gens connus. Mon expression trahissait sans doute ma surprise. J’ai dû apprendre à me composer une poker face…
Toute ma jeunesse, j’ai vu mon père s’asseoir une fois par mois à la table de la cuisine pour faire les comptes. Rapidement, j’ai eu la notion de l’argent. Je m’étais ouvert un compte d’épargne que j’ai encore aujourd’hui.
Mais, au début, j’étais bien trop énervée pour économiser ! Je me sentais comme l’ostentatoire rappeur Puff Daddy. Au milieu de l’été, je me suis calmée. J’ai pu m’acheter une « minoune » avec l’aide de mon papa. Et j’ai appris à la dure qu’il fallait mettre de l’huile dans le moteur…
Isabelle Racicot participe aux Échangistes à Radio-Canada cet été et animera Je suis chef cet automne à V.
J’ai grandi à Saint-Ours, un petit village en Montérégie. À 12-13 ans, j’ai commencé à travailler à la ferme familiale. Je trayais les vaches, je faisais les foins, j’allais dérocher les champs – trouver des roches, les soulever et les mettre dans une remorque. Le pire boulot au monde ! [Rires]
Mon père nous payait à l’heure, mes cousins et moi. C’étaient des grosses journées. Il faisait chaud, on était à six pouces du toit en tôle pour engranger le foin. On les méritait, nos cinq dollars de l’heure ! Des fois, on conduisait le tracteur. C’était toute une expérience.
Comme ma mère travaillait à la caisse populaire, on a appris jeunes l’importance de l’épargne. C’est elle qui mettait mon livret à jour. J’étais fasciné de voir l’argent s’accumuler dans mon compte ! Je n’étais pas très dépensier. De temps en temps, je m’achetais des disques, des jeux vidéo, des livres. Mais j’en gardais de côté en me disant qu’un jour je partirais en appartement. Et je voulais aussi me payer une moto ou une auto. Quand t’habites en région, dans un rang, c’est synonyme de liberté !
Mon père a vite compris que je n’allais pas prendre la relève – je n’avais pas l’ADN du cultivateur. C’est de l’ouvrage, tenir une ferme. Les conditions sont rudes. Mais je m’estime chanceux d’avoir pu l’aider et passer du temps avec lui.
Dominic Arpin est en ondes tous les matins à Rouge fm.
À l’hiver de mes 13 ans, j’ai distribué les journaux dans Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, avec ma meilleure amie. On s’était fixé un but : passer une partie de l’été chez mes grands-parents en Guadeloupe.
On se levait à 5 h. C’était lourd ! Surtout La Presse du mercredi. Celle du samedi aussi était volumineuse, mais on était moins pressées. Et puis le soir, une fois par semaine, il fallait percevoir l’argent. C’était pénible ! Tu déranges les gens en plein souper, ils n’ont pas trop envie de te voir… On méritait notre salaire – environ 40 dollars par semaine, des pinottes, mais à l’époque, c’était correct.
Je me souviens d’un matin, il faisait moins 30 degrés avec le facteur vent. Ma mère a eu pitié de moi, tellement qu’elle s’était levée pour m’accompagner en voiture, elle la Guadeloupéenne ! Cet élan d’amour m’a touchée.
Au printemps, j’avais réussi à ramasser 400 dollars, presque assez pour payer mon billet d’avion. Mes parents ont comblé le reste. J’étais vraiment fière. Je prenais toute la mesure de cet argent durement gagné.
J’ai dû attendre à l’été de mes 16 ans pour mettre des sous de côté. Je préparais des sandwichs dans un café. Puis j’ai travaillé comme serveuse sur le boulevard Saint-Laurent. Je faisais beaucoup de pourboire, mais l’argent me coulait entre les doigts ! Une chance que mon salaire était versé dans mon compte.
Je me suis souvenue de ces jeunes années en voyant ma fille porter le tablier pour son premier boulot dans une épicerie. À 20 ans, elle était placière au Théâtre du Rideau Vert. Mon fils, à 11 ans, lui, vendait des articles sur eBay. Il a la bosse des affaires ! [Rires]
On a pu voir Geneviève Rochette dans District 31 la saison dernière ainsi que dans Fugueuse.
Mes parents possédaient une épicerie à Disraeli (dans Chaudière-Appalaches). Très jeunes, ils nous ont inculqué la valeur du travail. On ne se tuait pas à l’ouvrage, mais ça faisait partie de la vie.
J’ai commencé à 13 ans au bas de l’échelle – placer des biscuits dans l’entrepôt, faire l’inventaire de tout ce qu’il y avait sur les tablettes. L’année d’après, j’ai monté d’un échelon : j’emballais les aliments en vrac de pellicule plastique. La troisième, j’étais attitrée aux pizzas – une vraie promotion ! Ensuite, je suis sortie du back-store pour investir les allées. J’étiquetais les produits, je les mettais sur les étagères et je servais les clients. Étape suprême, quand j’ai eu 16-17 ans, j’ai été caissière.
Ç’a été une école formidable. J’avais hâte à la pause pour écouter les employés raconter leurs partys de la veille.
Mon père ne me traitait pas comme la fille du patron. Sa philosophie : « Si tu te bottes le derrière, je vais reconnaître l’effort et te le rendre en double. »
L’été, je travaillais 40 heures par semaine. Le reste de l’année, durant les fêtes et les fins de semaine. Avec mon petit salaire, je payais toutes mes affaires, mes vêtements, mes sorties… Je refusais qu’on m’aide, au grand désespoir de ma mère ! Je voulais être autonome et faire ma vie.
En 1986, j’avais accumulé assez de sous pour aller à l’Exposition internationale à Vancouver. J’avais 15 ans. Ma mère n’en croyait pas ses yeux. Un peu plus tôt, je m’étais acheté un clavier électronique – mon père avait tenu à allonger quelques dollars. Avec tout ça, il ne me restait plus beaucoup d’économies !
Mes enfants ont 11 et 9 ans. Je sens chez mon aînée cette même envie de travailler. Elle adore m’accompagner au studio quand l’occasion se présente et me suivre partout. Mon conseil : « Arrange-toi pour que le boulot t’ouvre des portes. » Visiblement, elle a compris.
France Beaudoin animera une dixième saison d’En direct de l’univers à ICI Radio-Canada Télé à l’automne.
Mon premier vrai travail, ce n’était pas « flipper » des boulettes ou emballer les emplettes. Non, moi c’était lifeguard !
Au secondaire, je n’étais pas très bon dans les sports, sauf en natation. J’ai donc pensé suivre un cours de sauveteur national et de moniteur de la Croix-Rouge. De peine et de misère, j’ai obtenu mes brevets. Heureusement, un prof d’éducation physique m’a poussé dans le dos ! Ça m’a servi : à 16 ans, j’ai été engagé à la Ville de Pointe-aux-Trembles.
L’emploi de rêve ! Moi qui avais toujours envié les lifeguards avec leur costume de bain rouge sur leur chaise haute, je me retrouvais à faire partie de cette communauté de gens tripants et tripeux de plein air. J’y ai rencontré ma première blonde et j’ai commencé à faire du canot-camping.
En quatre ans, j’ai connu un seul incident – un jeune tombé en bas du gros tremplin sur le ciment. Vrai que ça peut être long de rester assis sur une chaise à siffler les morons qui courent autour de la piscine. Mais je préférais mille fois ça à plier des barres d’acier dans une shop ! (Ce que j’avais fait le même été… Après deux semaines, j’étais parti en plein milieu de mon shift sans réclamer mon dû.)
À la piscine, l’équipe était bien rodée. Les postes de sauveteur étaient convoités. Je me souviens avoir été embauché sur la foi de mon entrevue – je savais me vendre même si j’étais gros comme un pou !
Je gagnais 12,75 $ l’heure, à raison de 30 heures par semaine. Un bon salaire pour un gars de mon âge ! Je me suis offert une mobylette, un permis de conduire, une voiture. Je ne me refusais rien. J’ai quand même réussi à mettre de l’argent de côté pour mon futur appartement. À cette époque, j’étais raisonnable !
Il anime Y’a du monde à messe à Télé-Québec cet été pour une deuxième année. Curieux Bégin reviendra pour une onzième saison à l’automne.
J’ai travaillé dans un camp de jour pendant deux étés au Patro Le Prevost, à Montréal. Je fréquentais ce centre depuis toute petite. À 15 ans, j’y faisais aussi du théâtre, l’hiver. C’est là qu’on m’a demandé si je souhaitais devenir monitrice. J’ai suivi un cours et, à l’été de mes 16 ans, on m’a offert l’emploi.
Je m’y sentais à ma place. Dans ce temps-là, le centre prônait les valeurs chrétiennes – les filles étaient séparées des garçons. On m’avait confié les petites de 7-8 ans. Parmi elles, mes deux jeunes sœurs.
Je n’avais pas l’impression de travailler. Surtout durant la période libre. S’il faisait beau, on la passait au parc. Sinon, dans un local à jouer à des jeux de société… ou je me laissais tresser les (longs) cheveux par une ribambelle de filles !
Je leur racontais des histoires que j’inventais au fur et à mesure et qui se poursuivaient le lendemain. Des histoires un peu épeurantes. Un matin, une mère m’a demandé d’arrêter parce que sa fille faisait des cauchemars. La petite est venue me voir en disant : « C’est pas grave, racontes-en encore ! » J’ai poursuivi avec des histoires drôles. J’étais déjà un peu actrice !
Avec ma première paye, je me suis acheté une paire de lunettes. Avec ma deuxième, un vélo. J’en mettais aussi de côté en prévision de l’année scolaire. Et j’en donnais à mes parents, qui n’étaient pas riches.
Le deuxième été, j’habitais déjà en appartement. Mon salaire passait dans le loyer et la nourriture. J’assumais tout, toute seule. Ce n’était plus juste un boulot pour satisfaire mes envies. C’était mon argent pour vivre. À la même époque, j’ai commencé à donner des cours de judo et à faire des tournages. J’étais tout le temps occupée !
Fanny Mallette est en vedette dans la série Mensonges, le mercredi à 21 h à AddikTV. Elle tient la vedette du film L‘Amour qui devrait sortir plus tard cette année.
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