Dans son dernier livre, Je t’aime, je te trompe (The State of Affairs: Rethinking Infidélité), l'auteure à succès Esther Perel fait de grandes constatations sur l’infidélité. La thérapeute conjugale belge cherche à comprendre pourquoi, de tout temps, les couples ont enfreint les lois du mariage, et elle se demande si cette tromperie est dans tous les cas néfaste. Elle répond ici à trois questions clés sur le sujet.
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Vous dites que jadis, l’infidélité existait parce qu’on ne se mariait pas par amour ou par passion, et que de nos jours, on est infidèle parce que les unions ne nous comblent pas. Comment en sommes-nous arrivés là?
Autrefois, le mariage représentait une obligation, maintenant, c’est perçu comme un accomplissement. À l’époque, la sexualité était un devoir conjugal pour la femme, alors que maintenant, c’est l’expression de l’intimité du couple. Il y a cent ans, on entretenait des relations significatives avec des personnes de même sexe: membres de la fratrie, parenté ou amis, mais maintenant, au lieu de nous tourner vers nos proches, on canalise notre énergie vers une seule et même personne, qui doit combler à la fois nos besoins affectifs et sociaux.
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Quand notre partenaire ne satisfait pas tous nos besoins, on cherche à les combler ailleurs. Or, vous soulevez l’idée que l’infidélité puisse survenir malgré une relation sans faille.
On a tendance à croire que quand notre couple correspond au modèle qu’on a idéalisé, on est à l’abri de l’infidélité et on ne ressent pas le besoin d’aller voir ailleurs. Si mon conjoint est mon meilleur ami, mon confident, mon partenaire de vie, le parent de mes enfants et mon amant passionné, il n’y a alors aucune raison de commettre des écarts. Alors si ça arrive, c’est sûrement qu’il manque quelque chose. Mais il y a certaines choses que les gens recherchent ailleurs que dans leur couple et dans leur foyer, même s’ils n’ont rien à reprocher à leur partenaire. D’ailleurs, ils ne voudraient pas que ça vienne de leur partenaire.
Quand on s’engage dans une relation, on ne vit que celle-là: on choisit une personne, on choisit une histoire et on s’en tient à cette histoire. Mais de nos jours, on est portée à se demander: à quoi pourraient ressembler les autres histoires? que serais-je devenue si j’étais restée en relation avec celui qui vient de reprendre contact avec moi sur Facebook?
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Avec la technologie, il est tellement facile de se projeter dans une autre vie.
Un matin, je balaie du doigt des centaines de personnes; le lendemain, je rencontre quelqu’un et je suis prête à renoncer à tous les candidats potentiels. Avoir le choix donne de la liberté, mais cela entraîne aussi beaucoup d’incertitudes et de doutes: comment savoir si tu es la bonne personne pour moi? Cela met aussi énormément de pression sur le partenaire, qui doit s’élever au-dessus de la mêlée et affirmer: «C’est moi, le bon!» La quête romantique de l’amoureux idéal existe depuis longtemps. Mais la technologie a profondément changé le contexte dans lequel on le trouve.
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