Couple et sexualité

Baisse de libido? En voici (peut-être) la cause

L’alcool, les analgésiques et le dysfonctionnement de la glande thyroïde peuvent diminuer la qualité de notre vie sexuelle à notre insu.

Les relations sexuelles semblent-elles parfois une corvée? Les baisses et les hausses de libido sont normales, mais si on a l’impression que l’appétit sexuel est en berne depuis trop longtemps, «ça vaut le coup de consulter», conseille la Dre Lori Brotto, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé sexuelle chez les femmes et directrice du laboratoire de santé sexuelle à l’Université de la Colombie-Britannique. La sexualité constitue une façon unique pour les partenaires d’entrer en relation, et les études laissent entendre qu’une vie sexuelle épanouie représente un aspect important de notre état de santé physique général.

Plusieurs facteurs peuvent affecter la libido. Certains sont évidents, comme la fatigue et le stress. Mais d’autres sont moins connus, même s’ils sont courants. Voici trois suspects qu’il faut surveiller.

L’alcool

Pris avec modération, l’alcool peut avoir un effet désinhibiteur et aphrodisiaque, d’après la Dre Brotto. Mais en plus grande quantité, il a l’effet contraire. «L’alcool influe sur la dilatation des vaisseaux sanguins, ce qui rend l’irrigation des organes génitaux difficile», précise-t-elle. L’excitation et l’orgasme demandent également une interaction complexe entre le cerveau et le corps, qui implique le système nerveux, divers mécanismes de libération d’hormones, ainsi qu’un processus cognitif. À cause de l’effet de l’alcool sur le cerveau, «il se peut que vous en ayez envie, mais que le cerveau ne soit pas en mesure de capter les signaux du corps qui ressent l’excitation, donc il ne peut transmettre à son tour plus de messages d’excitation au corps», explique la Dre Brotto.

Que considère-t-on comme une trop grande quantité d’alcool? Tout dépend de sa tolérance, de son poids et d’autres facteurs, selon la spécialiste. On se sent ivre? Il est certain que l’alcool nuira à l’excitation plus qu’il ne la favorisera.

Les analgésiques

Les gabapentinoïdes sont une famille de médicaments de plus en plus souvent prescrits pour soulager les douleurs chroniques chez les femmes – d’une part parce que les douleurs chroniques sont en augmentation, et d’autre part parce que les médecins les préfèrent aux opioïdes, qui sont potentiellement dangereux. Or, on sait que les médicaments de cette famille, qui comprennent la gabapentine et la prégabaline, exercent un effet sur le cerveau et peuvent souvent diminuer la libido. La façon précise dont ces substances agissent sur les mécanismes d’excitation dans le cerveau n’est pas encore connue, mais «il est important de savoir que, lorsqu’on prend des médicaments qui ont un effet sur le cerveau, la fonction sexuelle peut s’en trouver diminuée», souligne la Dre Brotto.

Bien sûr, il n’est pas vraiment envisageable de laisser la douleur chronique sans traitement. «La douleur elle-même peut être débilitante et affecter directement le désir», dit la Dre Brotto. Tout en concédant qu’il n’y a pas de «réponse facile» quand il s’agit de peser le pour et le contre d’un médicament, elle recommande d’obtenir l’avis de professionnels de la santé. Ça peut valoir le coup d’essayer des options non pharmaceutiques, comme la physiothérapie, ou de se renseigner auprès de son médecin sur les analgésiques (antidouleurs) qui n’agissent pas sur le cerveau.

Le dysfonctionnement de la thyroïde

Un problème de glande thyroïde non diagnostiqué peut avoir d’importants effets négatifs sur le niveau d’énergie, l’humeur et la vie sexuelle d’une personne, car les hormones que sécrète la glande thyroïde «ont un effet en cascade sur le reste du système endocrinien», explique la Dre Brotto.

Avec l’hyperthyroïdie, «le corps fonctionne constamment à plein régime», ce qui peut entraîner une réaction quasi perpétuelle «de lutte ou de fuite», ajoute-t-elle. L’organisme transforme alors la progestérone en cortisol – l’hormone de stress – plutôt qu’en testostérone, qui joue un rôle clé dans la stimulation du désir, tant chez la femme que chez l’homme. À l’inverse, avec l’hypothyroïdie, ce sont les symptômes de la maladie, comme la fatigue et le manque général d’entrain, qui affectent la libido.

En cas de doute, on doit consulter un médecin afin de faire effectuer des analyses de sang. Si un problème de thyroïde est diagnostiqué, un omnipraticien ou un endocrinologue pourra nous prescrire des hormones afin de le traiter. Mais il peut falloir du temps et certains ajustements avant d’arriver à régulariser la production d’hormones. C’est pourquoi la Dre Brotto conseille aux femmes qui se trouvent dans cette situation de consulter en sexothérapie entre-temps.

 

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