Couple et sexualité

Josée Blanchette et Maxime Olivier Moutier jasent couple!

Ils parlent du couple comme d’un absolu.

La chroniqueuse Josée Blanchette a trouvé l’amour et dit « mon mari » ; l’auteur et psychanalyste Maxime Olivier Moutier l’a perdu, mais continue d’appeler son  ex « ma femme ».

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Josée Blanchette, auteure (Sans ménagement) et chroniqueuse, et Maxime Olivier Moutier, auteur (Scellé plombé) et psychanalyste.

Châtelaine  Josée (50 ans), tu dis en avoir « tâté des melons » avant de trouver l’homme de ta vie, il y a 5 ans. Et toi, Maxime Olivier (42 ans), tu es redevenu célibataire au bout de 15 ans de vie commune. Le couple a-t-il un prix ?

Maxime Olivier  On veut être en couple, mais on s’organise pour vivre seul. Être libres et ensemble. Ne regarde pas avec qui je parle sur Facebook, j’ai mon code, je fréquente mes ex si ça me tente, je suis autonome financièrement pour ne pas me faire avoir en cas de divorce… Sommes-nous prêts à payer le prix de l’amour ? Je ne crois pas. Même si nous continuons d’idéaliser le modèle de nos grands-parents. On se marie, on divorce, on se remet en couple. La question se pose et se repose continuellement. Dans ma tête, elle était pourtant réglée. J’avais choisi ma femme.

Josée  Moi, je ne voulais plus que l’amour soit au prix d’une relation de pouvoir. Mon homme est bien dans ses bottines, il n’a pas besoin de briller. À 20 ans, ça ne me faisait pas vibrer, un homme bon. Mais j’ai appris de mes erreurs. Un psychiatre m’a déjà dit : « Madame Blanchette, si vous continuez à changer de partenaire comme ça, vous allez devenir folle. » J’étais effectivement en train de perdre mon âme. Un moment donné, tu as besoin de piliers dans ta vie.

M.O.  Dans les nouvelles relations, les gens posent tout de suite leurs conditions : « Je ne veux plus ceci, je veux cela. » Ils sont très pris dans leur ancienne vie. Or, quand tu te lances, tu dois faire table rase du passé. Ne pas dire : « J’ai été trahi, je serai déçu. » Il faut donner une chance à l’autre. On a du mal à faire des compromis. Ça donne l’impression de perdre quelque chose. Alors qu’en amour il faut parfois céder – sur la déco, le resto, la ville ou la campagne… mais on gagne au change.

J.  On fait plein de petits sacrifices au quotidien. Et ça fait plaisir ! Ça aussi, j’ai mis du temps à le comprendre. J’étais en amour avec l’amour. J’attendais tout de l’autre. Une vieille dame m’a dit un jour : « Garde ton homme heureux. »

M.O.  Les féministes capoteraient si elles t’entendaient !

J.  Je suis féministe, et mon mari aussi, et lui aussi me garde heureuse. Par exemple, ce matin, je ne me sentais pas bien. Il m’a accompagnée à mon émission de radio, m’a attendue à la cafétéria, puis m’a ramenée à la maison. C’est pas gentil ça ? Ça n’en prend pas des masses pour faire le bonheur de l’autre.

M.O.  Encore faut-il dire oui à ce que l’autre aime…

J.  Dans un article du Globe and Mail, une chroniqueuse évoquait les raisons « scientifiques » qui font qu’un couple dure – la fille est plus belle que le gars, elle boit moins de vin que lui, ne perd pas son calme dans les chicanes, ils ont un compte conjoint… Puis elle a demandé à un couple d’Indiens mariés depuis 80 ans (!) le secret de leur longévité. La vieille dame a répondu : « Je garde toujours un petit morceau de chapati pour mon mari. » Au fond, on ne sait pas ce qui fonctionne vraiment !

M.O.  Chacun doit se bricoler une solution. Il n’y a plus de modèle partageable. Une expression haïtienne dit que si deux personnes restent ensemble, c’est parce que l’une des deux l’a voulu au moment où elles auraient pu se séparer. Il faut s’aimer, savoir se retenir.

J.  Le romantisme aide beaucoup. Il faut célébrer le couple, créer des rendez-vous, souligner les anniversaires. C’est important de prendre l’initiative. Il me semble aussi que si une relation est fondée sur l’amitié, elle a moins de chances de déraper. Mon mari est tour à tour mon amant, mon ami, mon lecteur, mon frère, mon père… On a tous besoin que quelqu’un prenne notre vie en charge. J’adore le tango. Parce que je ne décide plus.

M.O.  Ce n’est pas féministe, ça non plus !

J.  Je m’en sacre ! Je suis féministe le reste du temps ! Ça ne m’empêche pas d’aduler mon homme, de le faire se sentir mec, de lui dire qu’il est beau… Les gars ont besoin d’être le héros de l’histoire, et ça, les filles l’oublient souvent. Il faut accepter de dire : « J’ai besoin de toi, je suis vulnérable. » Quand on aime, on est dépendant.

M.O.  Être dépendant, c’est remettre les clés de son bonheur à l’autre. Mais on se fait sans cesse répéter qu’il faut être heureux seul d’abord, s’aimer soi-même avant d’aimer l’autre – la maudite dépendance affective, c’est donc niaiseux ! Si tu t’aimes trop toi-même, l’autre va toujours te déranger. « Je n’ai besoin de personne en Harley Davidson. » Je jouis tout seul sur ma moto !

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Châtelaine  Est-ce qu’on s’engage encore ?

M.O.  Du moins, on se donne des portes de sortie.

J.  Je me suis mariée deux fois. Le premier mariage a duré 11 mois – une erreur de jeunesse. J’ai mis 25 ans entre les deux.

M.O.  Le mariage, c’est un échange de paroles, un pacte : « Je t’aime pour la vie, tu me l’as dit aussi. » En Afrique, on respecte sa parole. En Occident, on signe des contrats…

J.  L’engagement, c’est un code d’honneur, qui varie selon la nature de chacun. Chez mon mari, c’est très fort. Quand je l’ai rencontré, il m’a dit : « Je ne te décevrai pas. » Cette phrase m’a fait beaucoup d’effet. Parce que j’ai été très souvent déçue. Il m’avait écrit sur Facebook après avoir lu un article où je disais : « Pour moi, l’amour c’est fini, je n’ai plus de temps à perdre, je suis bien toute seule. »

M.O.  Il voulait te sauver.

J.  C’est un sauveur, exactement.

Châtelaine  Qu’est-ce qui tient le couple aujourd’hui ?

M.O.  Avant, on était en couple pour survivre. L’homme avait besoin de sa femme pour qu’elle élève les enfants, et la femme de son homme pour qu’il travaille sur la ferme. Aujourd’hui, on est des individus autonomes. Je me demande parfois ce que je peux bien apporter dans la vie des filles que je rencontre. Une baise et puis c’est tout ?

J.  Au point de vue économique, c’est plus facile de vivre à deux. Certains n’ont pas les moyens de se séparer. Et il y a celles qui n’osent pas partir de peur qu’un Guy Turcotte sommeille au fond de leur homme…

M.O.  Souvent, le fait d’avoir un enfant va aussi sceller le couple.

J.  Mais, au départ, on ne pense ni à l’économie ni aux enfants, on a les hormones dans le tapis…

M.O.  Ça dure trois semaines…

J.  Trois ans !

M.O.  L’amour fou, le coup de foudre, c’est thrillant, mais ça ne garantit rien.
À lire : tous les articles du dossier spécial Histoires de couples.

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