Vie pratique

Vol d’identité : comment bien s’en protéger

L’usurpation de l’identité en vue de commettre une fraude constitue le crime de l’heure un peu partout dans le monde. Voici 5 bons conseils afin de faire obstacle aux arnaqueurs.

En route vers l’Abitibi, Annie rechargeait sa voiture électrique quand elle a jeté un coup d’œil à son téléphone. Un faux avis de livraison de colis venait d’apparaître dans sa boîte de courriels. Sans réfléchir, elle a cliqué sur le lien annexé au message. Grave erreur. Ce lien a automatiquement installé sur son appareil un logiciel permettant à des fraudeurs d’accéder à toutes ses informations personnelles.

« Rapidement, les malfaiteurs ont pris le contrôle de mes comptes bancaires et commencé à piger dans ma marge de crédit », raconte la Trifluvienne de 50 ans.

Annie – c’est un pseudonyme, car après cette mésaventure, elle tient à rester discrète – ferme immédiatement ses comptes et annule ses cartes de crédit. « J’ai perdu des semaines entières à tout remettre en ordre, à remplir des rapports de police et à aviser les autorités gouvernementales », raconte-t-elle, encore exaspérée. Seule consolation, cette mère de famille n’a pas perdu un sou dans le fâcheux incident, son insti tution bancaire lui ayant remboursé la totalité des milliers de dollars qui lui avaient été dérobés.

De plus en plus de Canadiens sont victimes de fraudes liées à l’usurpation d’identité. Selon les données du Centre anti fraude du Canada, qui recueille les signalements de fraude de tout le pays et fait de la sensibilisation auprès du public, le nombre de victimes de vol d’identité a explosé au cours des trois dernières années, passant de 9 517 en 2019 à 30 849 en 2021. Un bond de 225 % !

C’est la nouvelle réalité du 21e siècle. Les escrocs ne s’emparent plus des sacs à main. Ils dérobent les données personnelles, ce qui est à la fois beaucoup plus payant et moins risqué qu’un vol traditionnel. « Ces informations leur permettent de contracter des prêts ou d’empocher des prestations gouvernementales en votre nom, d’encaisser vos chèques, de s’abonner à un service de téléphonie cellulaire, et bien plus », explique Jeff Horncastle, agent de sensibilisation à la clientèle et de communication au Centre antifraude du Canada.

Être victime d’un vol d’identité peut avoir de graves conséquences, comme celle de voir son dossier de crédit entaché. « Avec une mauvaise cote de crédit, on peut avoir de la difficulté à trouver un logement ou un emploi », illustre Valérie Sauvé, analyste à la direction de l’éducation financière de l’Autorité des marchés f inanciers (AMF). Bref, il ne s’agit pas d’un crime à prendre à la légère.

Comment se protéger des fraudeurs ? Les bonnes pratiques à adopter

Se méfier des requêtes urgentes

On reçoit un appel téléphonique automatisé. Sa facture de téléphone serait en défaut de paiement, prétend la voix au bout du fil, et le remboursement doit être fait sur le champ. Attention, danger ! « C’est le modus operandi des fraudeurs : créer un sentiment d’urgence de façon à provoquer une réaction. On prend conscience de leur manière d’agir en vue de ne pas tomber dans leur piège », dit Valérie Sauvé, de l’AMF.

Détecter les signaux d’alarme

Jusqu’à tout récemment, les tentatives de fraude se déroulaient presque exclusivement en anglais ou dans un français ponctué d’erreurs grossières. Or, ce n’est plus le cas. « Dans les courriels d’hameçonnage, les fautes se raréfient et les présentations visuelles s’améliorent. On doit être plus vigilant », met en garde Valérie Sauvé. Le message semble provenir d’une source légitime, comme Hydro-Québec ou Bell, mais l’adresse de l’expéditeur se termine par gmail.com ou live.com ? Hop, dans la corbeille ! Autre drapeau rouge : le site web vers lequel on est dirigé n’est pas sécurisé, c’est-à-dire que l’adresse URL ne contient pas de « s » dans https://. En cas de doute, on peut toujours contacter l’institution d’où le message est censé provenir pour vérifier son authenticité.

Consulter son dossier de crédit

Un dossier de crédit, c’est quoi ? À l’heure des fraudes massives (pensons à la fuite de données chez Desjardins en 2019), on ne peut plus l’ignorer. « On doit consulter son dossier fréquemment afin de détecter s’il ne s’y trouve pas des irrégularités, signes d’une possible fraude », dit Valérie Sauvé. Il suffit d’ouvrir un compte auprès d’Equifax et de TransUnion, les agences de crédit présentes au Québec. Il est également possible d’adhérer gratuitement au système d’alerte de surveillance de ces agences, qui oblige « toute personne qui reçoit votre dossier de crédit à s’assurer qu’elle fait bien affaire avec vous », dixit l’AMF.

Verrouiller la porte

On protège ordinateur de bureau, ordinateur portable, téléphone et tablette avec un mot de passe à l’ouverture. Idéalement différent pour chacun de ses appareils. « Sinon, des personnes mal intentionnées pourraient s’y introduire à distance et avoir accès à vos renseignements personnels », avertit Éric Parent, expert en cybersécurité et PDG d’Eva-Technologies.

Garder ses infos pour soi

Pourquoi donner son adresse, sa date de naissance, son numéro d’assurance sociale à n’importe qui ? « Beaucoup d’entreprises demandent à leurs clients une mine de renseignements personnels sous toutes sortes de prétextes. Dites non ! Les Québécois veulent être de bons citoyens et plient trop facilement à ce genre de demandes », soutient Éric Parent. Et sa date de naissance sur Facebook, on la garde confidentielle. « Sinon, c’est laisser la porte ouverte aux fraudeurs », lance-t-il.

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