Pétillante comme le champagne : telle est l’image publique et même professionnelle de Sophie Cadieux. Elle le sait, car on le lui a souvent dit, et ne s’en formalise pas. « J’ai une espèce d’énergie vitale forte, je suis celle qui ne dort pas beaucoup, qui rit fort, qui marche vite, ça fait partie de moi, mais ce n’est qu’une partie de moi. J’adore passer une audition, aller à la rencontre d’un personnage et proposer quelque chose de différent. C’est pour moi la plus belle carte de visite. Cela dit, je préfère être étiquetée “pétillante” que “saugrenue” ou “éteinte”. Cet adjectif m’a été attribué à 25 ans, à l’époque de Rumeurs. Je ne sais pas si je pétille de la même façon à 39 ans, mais tant mieux si ça se poursuit jusqu’à 70 ! »
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Comédienne choyée
Sophie éclate de rire, de cette cascade enjouée de petite fille si caractéristique qui, comme elle, n’a pas pris une ride.
En ce début de novembre, elle a toutes les raisons de s’esclaffer et d’être heureuse : elle joue dans le quatrième film de Luc Picard, Les rois mongols, dont le tournage vient de débuter. Le timide à la cour, une pièce du 17e siècle présentée cet automne au Théâtre Denise-Pelletier, a reçu d’excellentes critiques, tout comme sa performance. Et, bien sûr, il y a l’arrivée imminente à ICI Radio-Canada de Lâcher prise, une série très prometteuse. Sophie y brille et pétille comme on peut s’y attendre, mais avec une profondeur dramatique qui ajoute à la richesse de son jeu. Et elle est de presque toutes les scènes.
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Normal, puisque la brunette interprète le rôle principal, Valérie Danault. Superwoman par excellence, celle-ci se retrouve tout à coup, à la mi-trentaine, les deux pieds dans la schnoutte. « C’est une femme à qui tout a réussi, qui ne s’est jamais posé beaucoup de questions et a toujours vécu dans l’action. Le genre qui se lève à 5 h du matin pour aller courir, et qui se vante de ne pas avoir manqué une seule journée de travail pour cause de divorce. Alors, quand les problèmes commencent à se succéder – fatigue, fin de son mariage, garde partagée –, elle essaie de maintenir le même rythme, en considérant ce qui lui tombe dessus comme un combat. Mais Valérie se rend bientôt compte qu’elle a besoin d’aide et qu’un burnout ne se réglera pas en dormant pendant deux jours. » Elle devra revoir l’ensemble de sa vie, réfléchir aux choix qu’elle a faits et à sa relation avec sa mère, elle-même tout un numéro (jouée par Sylvie Léonard).
« Madeleine est une mère particulière, carriériste, qui a fait passer son travail avant sa maternité. C’est une femme accomplie, très libérée et exubérante, reconnue dans sa profession, mais qui a aussi vécu des épisodes de dépression, ce qu’ignore sa fille. Elles sont à la fois opposées et pareilles. »
L’âge de la performance
Ce que traverse Valérie n’est pas jojo : elle perd son emploi, doit vendre sa maison, changer de quartier. Sans oublier que son mari l’a quittée pour un homme, son meilleur ami en plus. Et pourtant… « C’est là toute la force des textes d’Isabelle Langlois : elle nous amène à trouver drôles ces situations difficiles. Je pense que, avec l’auteure, le réalisateur, Stéphane Lapointe, et toute l’équipe, on a essayé de créer une série à la fois légère et sérieuse qui relate une réalité touchant énormément de gens. Surtout les femmes, qui se mettent beaucoup de pression et qui veulent être bonnes partout – au travail, en amour, avec les enfants –, tout en essayant de se garder en forme et de connaître le nom du dernier resto à la mode. Ça va faire du bien d’en rire. »
Dans Lâcher prise, Valérie est la maman d’un petit garçon, qui navigue dans son sillage « avec un horaire de ministre, précise Sophie. Quand tu performes, tu veux que tes enfants performent aussi. » Dans la vraie vie, un sujet sur lequel elle se fait discrète, Sophie est devenue mère l’an dernier. « Oscar avait presque un an quand on a commencé le tournage de la série. Ça s’est bien passé, je suis très entourée et j’ai un bon chum. » Fera-t-elle une Valérie d’elle-même avec Oscar ? « Non, je suis pas mal trop désorganisée pour ça ! » Un mal pour un bien… Lâcher prise, dès le 9 janvier, 19 h 30, à ICI Radio-Canada.
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