Chroniques

Miss Univers perdue dans l’espace

C’est le retour des Perséides.

Photo: Maude Chauvin

Photo: Maude Chauvin

Étendre sa couverture sur le bord d’un lac, installer sa chaise longue dans le milieu d’un champ. Et admirer, nez en l’air, le plus beau show gratuit de l’année. La pluie d’étoiles filantes qu’on appelle les Perséides arrive chaque année quand la Terre, dans sa course autour du Soleil, croise la traînée de poussière que laisse une comète (Swift-Tuttle de son petit nom) dans son sillage. Quel bonheur.

Une nuit de Perséides, c’est un moment pour rêver, remplir sa tête d’immensité, se donner le vertige. Pensez. La Lune est à 300 000 km de la Terre, distance que franchit la lumière en une seconde. Une seconde-lumière donc. Le Soleil, lui, est à huit minutes-lumière. L’étoile la plus proche de nous, à quatre années-lumière. L’Univers connu mesure 13 milliards d’années-lumière. C’est impossible à imaginer. Surtout pour des gens qui, comme moi par exemple, peinent à compter jusqu’à mille.

Nous vivons sur un caillou qui tourne autour d’une étoile perdue dans la lointaine banlieue de la Voie lactée. Avec sa centaine de milliards d’étoiles, cette pauvre Voie lactée n’est qu’une galaxie parmi des centaines de milliards d’autres. Bref, on n’est pas grand-chose. Et en plus, on est loin. Ce qui ne risque pas de s’arranger, les galaxies s’éloignant continuellement les unes des autres.

À bien y penser, le titre de Miss Univers est vraiment, mais alors là, vraiment ridicule. Et, vus sous cet angle, les deux kilos pris pendant les vacances, la cliente désagréable ou l’aile de la voiture amochée par le fils aîné ne pèsent pas lourd…

Chaque année, couchée sur le dos, en admiration devant le ciel étoilé, je me rappelle que ma vie, ma petite personne, ce que je pense, tout ça n’a pas tellement d’importance. Nous sommes de brèves lueurs dans l’immensité du temps. Et c’est très bien comme ça. Je me sens insignifiante ? Un peu. C’est déprimant ? J’ai déjà pensé ça.

Toutefois, tranquillement, j’ai changé de point de vue. Oui, l’Univers est immense au-delà de toute imagination. Mais nous, nous ne vivons pas à cette échelle. Nous vivons dans la réalité d’un point précis de l’espace-temps. Sur une planète minuscule en absolu mais immense pour nous. Au tout début de ce qu’on appelle le 21e siècle. Perdus sur notre grain de sable, nous avons réussi à voir l’immensité de l’Univers et l’infinitésimal des particules élémentaires. Compris la dérive des continents et déchiffré le langage des abeilles. Perfectionné l’agriculture et l’art d’exprimer des sentiments complexes.

Notre vie est un improbable miracle. Profitons-en. Pour rire, pour apprécier la beauté, pour aimer, pour apprendre, pour expérimenter. Et pour essayer, à notre mesure, d’avoir un effet sur le monde qui nous entoure.

Le point culminant d’observation des Perséides cette année est du 10 au 14 août. Et, coup de chance, la Lune ne sera qu’à son premier quartier. Reste à prier pour une ou deux nuits sans nuages.

louise.gendron@chatelaine.rogers.com

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