Ça arrive chaque année, juste avant l’été. Que ce soit par courriel, les réseaux sociaux ou les médias traditionnels, les gyms ont tous le même discours.
Préparez votre corps pour l’été! Bientôt la saison du bikini, soyez prête! Vite, viiiite, inscrivez-vous chez nous et perdez des calories! Pour un corps sculpté, venez « spinner »!
Bonjour la pression.
Partout, dans la publicité qui s’adresse aux filles, on envoie le même message. Pour une femme, faire du sport n’a qu’une seule utilité : perdre du poids et avoir un corps esthétiquement « présentable ».
Suer pour l’adrénaline, la camaraderie, le gros fun noir? Non, non, t’as pas compris fille, si tu transpires, c’est pour séduire.
Pour un Centre du Père Sablon qui a compris que le sport était un style de vie pour toute la famille et qui s’adresse aux sportifs, il y a mille et une salles de conditionnement physique qui cultivent le discours de l’esthétique. C’est un brin décourageant.
Il y a quelques semaines, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai répondu à un studio de spinning qui m’invitait par courriel « à venir brûler mes calories » chez eux afin de « préparer mon corps à la saison du maillot de bain ».
Je leur ai écrit, gentiment, que tant qu’ils me parleraient de calories et de bikini body ils n’auraient ni mon intérêt, ni mon argent. Que j’espérais qu’un jour, on s’adresse aux femmes qui font du sport (ou qui manifestent le désir d’en faire) pour ce qu’elles sont : des athlètes.
Mais oui, des athlètes. D’après Antidote, un athlète est une personne qui « s’adonne à un sport ». Nul besoin d’être qualifié aux Olympiques pour avoir droit au titre, donc. Il n’y a qu’à chausser des runnings et à payer son dû en sueur.
Heureuse surprise, le propriétaire m’a répondu. La moins bonne surprise, c’est qu’il semblait tomber des nues. Pour lui, c’était de l’humour.
Mais pour toutes les filles qui se défoncent par goût du défi, parce que leur vie va mieux depuis qu’elles font du sport, parce qu’elles trippent, qu’elles osent, qu’elles sautent les barrières, abandonnent leurs peurs, prennent goût à l’envergure ou tout simplement parce qu’elles aiment ça, c’est… comment dire?
Réducteur.
Qu’une chose soit claire. Tant mieux si le fait d’enfiler un maillot de bain n’est pas une source d’angoisse, de complexes et de gêne. Hey, la vie est plus facile quand on est bien dans son corps (peu importe sa shape d’ailleurs). L’article En chair et en forme de Marie-Hélène Proulx est éloquent à ce sujet.
Une athlète, c’est bien plus qu’un « body en bikini ». C’est une tête, un cœur, des rêves, des aspirations, des efforts, des défaites et des triomphes, en été, comme en hiver.
Et ce corps, merveilleuse machine qui sait pomper des litres de sang quand on est en plein effort, assouplir ces jointures qu’on fait bouger, solidifier les os qui composent notre squelette pour lui éviter l’ostéoporose, réguler notre glycémie, et libérer tant d’enivrantes endorphines, ce corps n’est pas qu’un «présentoir à maillot ».
Il est le meilleur allié de notre esprit.
Et quand les deux dansent ensemble, harmonieux et à l’écoute l’un de l’autre, c’est le tango le plus séduisant du monde…